Adossé sur le comptoir de ta boutique, tu attendais simplement que le temps passe. Comme toujours, ta vie n'était désormais que trop remplit du cliquetis des horloges. L'éternel tic tac, qui faisait écho à la réalité de ton existence. Parfois tu aurais aimé faire le bilan, de cette vie, bien trop longue et qui parfois avait comme un gout amer dans ta bouche. Tu avais assisté à bien trop de choses pour être resté quelqu'un d'insouciant, bien que ton visage lui, ne semblât pas las d'afficher une jeunesse qui était révolue depuis bien des années. Une ironie que tu te refusais de voir à travers des miroirs que tu cherchais à tout point à fuir. Car la personne qui s'y reflétait était un inconnu, quelqu'un que tu avais égaré dans le passé et qui ne faisait que te rappeler tout ce que tu avais pu perdre.
Ton regard se porte sur la vitrine, la rue semble déserte, comme souvent lorsque le ciel est noir et qu'il gronde et déverse l'eau comme s'il voulait vous voir disparaitre. Un long soupiré s'extirpe de tes lèvres, alors que tu glisses tes mains dans ta chevelure bien trop négligée et que tu tentes en vain de réchapper à tes pensées. Parfois, tu aimerais être incapable de te souvenir. Même si ton passé tait bien souvent un brouillard, dans laquelle tu ne voulais pas pouvoir te repérer. L'homme que tu étais cherché un moyen d'oublier toutes les leçons acquises par sa vie bien trop longue. L'autre, que tu étais également, ne pouvait se permettre d'épargner ta mémoire.
car tu avais appris des choses durant cette longue aventure qu'était ta vie. Des leçons que tu aurais préférées ne pas connaitre, car il était mensonger de dire que tu n'avais jamais préféré avoir une vie éphémère comme les humains ont. Une vie qui t'aurait évité de connaitre l'atroce vérité, celle que la moindre personne qui ç'aurait attiré ton attention, ton affection ou bien ton amour, serait rattrapé par le temps. Comme si tous ceux dont le monde tournait un peu trop autour du tiennent étaient des statuts, que le temps rongeait chaque seconde sous tes yeux, jusqu'à les réduire en cendres et ne laisser que des souvenirs qui finiraient par eux aussi, être dévoré par les années.
Une inspiration te décide à te mouvoir, quitter ton poste derrière le bureau pour prendre la direction de la porte. D'un mouvement de main, tu viens retourner la pancarte de ta boutique, te rendre à l'évidence que personne ne viendrait était d'une certaine manière un soulagement que tu ne saurais décrire. Car si les souvenirs étaient pour toi une chose que tu ne pouvais affronter, tu avais fini par t'exclure du monde pour ne plus avoir à en regretter. La mort, tu l'avais croisé bien trop souvent, et elle t'avait pris beaucoup d'être cher qui te coutait un pincement aux coeurs lorsque ta cruelle mémoire venait te rappeler leurs traits. Tu avais survécu à bien trop de monde, bien trop de choses. Bien trop d'époque sombre qui t'avait rendu tout simplement amère. Si l'homme avait un visage enfantin, l'autre avait le regard bien trop vieux. Marqué par les années, il se refusait aux autres, car c'était plus simple de les tenir à l'écart. Pas pour eux, mais pour ton propre bien. Car la mort, tu ne voulais plus la croiser, même si elle venait chercher de nouvelles âmes chaque jour, la tienne ne serait jamais sur sa liste. Et tu ne voulais pas, être encore témoin de sa venue. Tu ne pouvais plus.

Et pourtant ton regard, il ne put s'empêcher de se porter sur l'horloge qui trônait dans les lieux, un cadeau qu'on avait pu te faire, un nom tombé dans l'oubli et embrassé par la mort, et si tu ne pouvais pas le supporter, tu n'arrivais pas à t'en séparer.
Même si, tu ressentais cette torture, lorsque tes pas étaient soulignés par le tic tac de l'antiquité.