Olympia paresse longuement dans sa longue méridienne, héritée d’une affaire à la fin de la renaissance. Le plafond semble de suite plus intéressant que sa bonne qui s’active autour d’elle afin de ranger les frasques de la fête qu’il y avait eu lieu hier soir. Mais la blonde n’est pas fatiguée pour autant, elle est simplement hantée de souvenir qui avait refait surface depuis plusieurs semaines. La lettre d’Onyx devait encore trainer sur un guéridon et le texto de Nocturne dans son téléphone annonçait que toutes ces personnes seraient dans la même ville qu’elle. Chose qui n’était pas arrivée depuis plus de quatre siècles. Et elle avait peur Olympia, fatiguée de ses tourments, elle n’avait pas trouvé la force de dormir dans son lit, ni même de bouger de l’endroit où elle s’était avachie la veille. À Saint-Germain-En-Laye, elle avait déjà cette mauvaise habitude qui n’était pas partie au fil des ans. Bâillement sonore qui fait sursauter la bonne, elle tend la main afin de capturer une coupe de champagne à moitié vide. Pour ne pas avoir mal au crâne, il ne fallait pas s’arrêter. C’était des conseils d’ivrognes, mais elle avait parfois le droit d’avoir ses faiblesses. La nourriture, le savoir et la boisson étaient les siennes. Alors, elle en profitait, elle qui avait désormais l’éternité pour plonger dans ses déboires et elle comptait bien continuer malgré l’exemple qu’elle devait montrer. Elle sourit finalement en tendant la coupe vide à cette pauvre femme. C’était déjà très courageux de travailler ici au vu du travail qu’Olympia se forçait de lui fournir, sinon cette maison serait impeccablement tenu grâce à sa magie, mais les humains avaient besoin de travail, elle était riche et la payait bien. Helen était fidèle, ça lui facilitait la tâche quand elle recevait diverses personnes. C'était le cas de la petite Bane. Petite Bane qui était tout même déjà relativement âgée, mais Olympia l’avait déjà vu si petite, si jeune que c’était presque un devoir pour elle de reprendre son éducation magique à la disparition de son père. Pas que la blonde soit une fervente amie de la famille, mais via Caius elle avait eu la chance de les rencontrer une ou deux fois. Finalement, elle sourit dans sa méridienne, sincèrement en cherchant les rayons du soleil pour chauffer sa peau. Quelle mauvaise influence elle avait sur Brianna !

Se levant difficilement, il ne lui faut qu’une paire d’heures afin de passer de ses habits de fête à un jeans slim, des talons hauts d’un noir électrisant, ainsi qu’un chemisier lavallière nouée sans grande conviction. Les cheveux dans un chignon haut qui laissait dépasser bien plus que des mèches.

Quand elle retourne dans le salon, une tornade de Monsieur Propre avait dû passer par là, même sa commode où elle rangeait la totalité de ses dossiers en cours était éclatante. Évidemment, elle voit Helen du coin de l’œil avachie sur une chaise de la cuisine à panser ses mains douloureuses. « Rentrez Helen vous en avez assez fait, profitez de vos enfants. » Dit-elle en s’accoudant au bois de porte. La bonne ne pouvait que sourire, Olympia ne se souvenait plus combien elle avait d’enfants, mais Helen était la bonne mama italienne qui devait en avoir au moins cinq pour alourdir les caricatures de ce si beau pays. Une fois partie, elle se retrouve enfin seule avec ses démons, les souvenirs et cette menace d’arrivée qui persiste dans son ombre. Hadrian la croit morte depuis des années, des siècles mêmes. Comment pourrait-il bien réagir en la revoyant en vie, à moins qu’il arrive à la prendre pour une personne tierce, un sosie. Elle mord le bout de ses doigts puis attrape finalement un carnet. Posée quelques minutes, si cela ne s’étend pas en heure sur la table ronde, elle lit la liste des doléances qu’on lui dresse. Que cela soit des sorciers ou encore des loups qui partent, car on les traite mal. La seule alliance viable était celle avec les vampires et elle en remerciait Dieu chaque jour d’avoir au moins cela pour sa famille de substitution. Jusqu’à relever les yeux sur le portail qui vient juste de s’ouvrir dans son salon. Ça aurait pu être n’importe qui, et les yeux de la Grande Sorcière ont déjà repris leurs couleurs varions. L’un vert, l’un améthyste. Olympia voulait croire qu’elle avait un père démoniaque puissant. Mais elle savait fort bien de qui elle était la fille. Et Baal pouvait sans doute être fier de son enfant. Néanmoins, elle se lève, laissant une main sur la table. Lorsque l’enfant apparaît. Elle la sermonne. « Les portails ne sont pas ton point fort petite Bane. » Et elle voulait la taquiner. Étudiante, voilà à quoi elle ressemblait. Brianna était une jeune femme tout aussi belle qu’intelligente. Et bien têtue comme pouvaient l’être ses deux pères. Olympia sourit avant d’émettre un petit rire courtois. « Quel cours tu sèches cette fois ? » Simple question de curiosité. « Promets-moi une nouvelle fois que ton frère ne fera pas la peau qu’il apprend pour tout ça, je refuse de mourir pour former une sorcière. » Finalement, elle se dirige vers elle et l’enlace comme une mère enlacerait sa fille. Si cette petite n’avait pas été la fille d’autres personnes de valeurs, elle l’aurait sans doute adoptée elle-même. « Dis-moi comment tu vas aujourd’hui, et qu’est-ce que tu viens faire par là, il n’y a pas de leçon aujourd’hui ? » Sinon, la blonde l’aurait noté et se serait préparée.

La désinvolture était une qualité, à la fois un défaut, mais l’arrogance était pire que tout. Encore heureux que Brianna fût plus ironique qu’arrogante, sinon voilà longtemps que l’accès à son appartement lui serait refusé à coup de sort de protection divers. « Je suis une personne sérieuse, je ne sèche aucun cours, Olly. » « Tu m’en diras tant. » Répond-elle, attrapant après l’étreinte, la boite de macarons. Un sourire s’étend sur ses lèvres. Finalement, elle pouvait bien sécher pour lui apporter des petites mignardises pareilles. Pas que cela soit ses préférés néanmoins, elle avait un faible pour ce genre de bouché, mais les religieuses restaient sa préférence. Et de loin. « Quelle adorable attention. » Conclut-elle en reposant la boite sur un guéridon, laissant ses mains et la fumée émeraude qui les entouraient dresser une table avec des tasses et des assiettes. Il était relativement tôt, mais rien ne pourrait véritablement l’empêcher de prendre un petit déjeuner digne de ce nom. Du moins, c’est presque ce qu’elle pensait. « J'ai l'éternité pour m'ennuyer à la fac. » Olympia fronce le nez d’un air sévère, s’ennuyer c’était refaire et refaire la même mélodie au piano durant des heures, car votre percepteur pensait que ce n’était pas réussi. C’était sans doute pour cette raison que la Française avait choisi de s’orienter vers la harpe, instrument plus noble, pas moins exigent, mais ça avait le mérite de la détendre plutôt que de voir l’intégralité de ses touches noires et blanches. Le piano, c’était la passion de Nocturne pas la sienne. À moins qu’il s’agisse du clavecin. « L’éternité semble comprise quand des Nephilims en colère chercheront ta tête. » Et cela n’avait rien d’alarmant tant cela était vrai. En tant que Grande Sorcière de Rome, elle n’était à l’abri que chez elle sous ses sorts de protection, les gens qui voulaient sa place ou encore ces gens du Chiavi qui cherchaient à tous les tuer… L’éternité, ça semblait se mériter en deux mille dix-huit. Si Olympia prend place autour de la table dressée et mordiller dans un macaron à la framboise, Brianna s’avachit dans un de ses fauteuils datant d’une éternité justement. « Helen n'est pas là ? C'est dommage, j'adore ses thés. » La blonde sourit gentiment. Helen était un pilier de cette maison, et ça lui valait le respect de son employeur dans le fond.

Elle tend les bras au-dessus de sa tête la sorcière pour s’étirer une nouvelle fois. « Elle a rangé tout ça suite à mes frasques alcoolisées de la veille. Elle méritait d’être avec sa famille. » Famille, elle se perd presque dans ses pensées la sorcière. La famille elle n’en avait plus véritablement, elle se constituait et se brisait encore et encore au fil des ans. Les mortels étaient fragiles et le regret et remords lourd à porter. Mais il faut quelques autres gorgées de thé épicé pour la remettre dans le droit chemin Olympia, un peu perdu dans ses pensées noires. Et Brianna toujours prête à être irréprochablement taquine. « Je n'ai pas le droit de voir ma professeure préférée ? » Tout semblait relatif dans préférée. Elle était premièrement la seule qui avait accepté de la former malgré son attache à la famille Lightwood. Les ressentiments de Nephilim dans la communauté sorcière étaient encore persistants, ça lui faisait pas mal de chagrin de se l’avouer. Deuxièmement, elle faisait ça, car elle admirait grandement Magnus Bane quand il était à Rome et de ce qu’elle en avait entendu à New York. Troisièmement, elle se retrouvait sans famille, comme Olympia l’avait été lorsqu’elle avait fui Onyx et Hadrian à peine enterré pour sa renaissance en enfant de la nuit. Mais elle ne répond simplement rien levant juste les yeux au ciel. Cette petite allé la tuer avec sa bonne humeur à la longue ou bien la changer un peu, qui sait véritablement ce qui pourrait arriver. Une chose était certaine c’est qu’elle réveillait des instincts maternels qu’elle pensait mort depuis longtemps. Jusqu’à apercevoir ce petit sourire diabolique dont elle avait sans aucun doute hérité de son père adoptif. « Qu’est-ce que tu as encore imaginé comme plan cette fois ? » Dit-elle entre deux gorgées de thé, les idées de plus en plus claires ? « Tu crois qu'on pourrait voyager en Europe aujourd'hui ? Peut-être même en France ? J'ai toujours rêvé de voir où tu avais grandi. » La blonde se rendait instantanément en entendant parler de la France. L’endroit où elle a grandi était entre la France, le Duché de Bretagne. C’était un peu compliqué comme histoire. Elle y était née et avait passé les premières années de sa longue vie en France. Rien de plus. « C’est un bien piètre rêve de vouloir connaitre ça. » Fit-elle assez sèchement. Saint Malo était une belle ville, mais elle était certaine que la maison de son père était refaite de partout et qu’elle n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait connu par le passé. Bien qu’elle l’ait confié à des amis sorciers avec qui elle avait vécu durant une centaine d’années. Si bien qu’elle finit sa tasse d’une traite s’en servant une autre. « Très franchement, cela n’avait rien d’un roman à l’eau de rose, si tu souhaites réellement porter des tenues d’époque et te promener dans Versailles, j’irais demander une invitation à Kamel. Voilà tout. » Après tout, tout le monde savait que Kamel Ouali était un enfant de la nuit et cela ne dérangeait personne de faire les bals à Versailles de nos jours. C’était même plutôt huppé. Mais, ce n’était rien à côté du faste grandiose qu’elle avait pu connaître sous François 1er ou bien auprès de la Cour d’Elizabeth 1re. Tout semblait si fade, trop enrobé par la technologie. Finalement, elle soupire repoussant la vaisselle devant elle. « Cette fois tu gagnes… Parce que je suis dans un bon jour seulement. Quelle ville ? Je n’en ai pas fait beaucoup en France. Saint Malo, Saint-Germain-en-Laye, peut-être Paris aux Tuileries. Blois également et Fontainebleau. Chenonceau peut-être, je ne me souviens plus vraiment. » Elle avait tellement voyagé à la cour de France qu’elle avait fait la fête partout et intrigué bien des gens des années durant… Il y avait trop d’endroits… Trop de fantômes.

La vérité s’imposait à elle, comme elle s’imposait à Brianna qui venait de se lever pour sautiller partout en prononçant des mots avec un accent français on ne peut plus horrible. « Chenonceau, je crois que ça se prononce comme ça. » La Grande sorcière n’a même pas envie de relever, préférant finir son thé d’un geste gracieux et de reposer la tasse sur la table basse en la regardant s’agiter. Olympia avait du mal en France, elle y avait un lourd passé, elle avait des souvenirs d’amis, d’ennemis, d’une vie qui aurait pu bien mieux tournée, mais c’était du passé. Alors pourquoi faisait-elle simplement une affaire d’État de quelque chose qui n’était pas actuel ? Simplement, car elle refusait d’avancer et d’accepter ce qu’elle avait laissé derrière elle. Hadrian… Vampire, ça ne sonnait pas vraiment à ses oreilles comme une promesse, mais bien comme une malédiction. La blonde avait bien du mal à croire qu’elle l’avait abandonné, mais désormais, ils auraient, elle croit, l’éternité pour se connaître dans leurs nouvelles conditions. Elle la sorcière, lui le vampire. Ce qu’ils sont désormais, ça n’a plus d’importance. Ce qui y’ en avait c’était de se retrouver. De croire qu’un avenir serait possible, mais elle en tremblait de peur. Jusqu’à ce que l’agitation des volets en persienne la fasse revenir à la réalité. Tout comme le violet des yeux de la petite brune. Même Olympia en montra ses marques de sorcier. Bien agité par tant d’agitation. Cet engouement était communicatif à croire. « Tu crois que je suis assez bien habillé ? C'est vrai que les Français sont toujours bien habillés ? Est-ce que je dois mettre un béret ? Il faut apporter une baguette ? » Olympia sourit, puis soupire en passant une main dans ses cheveux. « Si tu te crois encore dans les années 50, tu peux apporter une baguette et un béret, au reste, tu es parfaitement habillée. » Bien qu’elle tente d’être sèche, la sorcière n’y arrive décidément pas.

Cependant, la musique restait sacrée, et d’un claquement de doigts Olympia la met en sourdine. Piaf, quelle idée de tuer une chanson d’un tel talent ! « Je retire le mode silencieux si tu te calmes. » Autoritaire, elle n’a qu’à attendre quelques minutes pour obtenir le silence après les contestations sourdes et un petit sourire mauvais. C’était amusant d’avoir tant de magie et de pouvoir s’en servir quand bon lui semblait. Quand elle refrappe dans ses mains, Olympia lui remet quelques décibels dans la voix et fait changer sa tenue en une petite robe noir coupe danseuse et des escarpins d’un rouge carmins tout à fait élégant, alors que ses cheveux sont remontés en un chignon bohème désordonné. Et ses lèvres virant d’un nude à un rouge pétant. Ses yeux vairons étant pétillants. « La Française est toujours bien habillée. » Jusqu’à agiter ses bras d’un sens précis, jusqu’à obtenir un portail stable. Ce genre de science était normalement celle d’Onyx. Olympia était dans les potions et les études démonistes. « Allez, je t’en prie, on a pas toutes la journée. » Non, elles avaient l’éternité pour voyager dans le monde. Jusqu’à finalement passer la dernière dans le portail et chercher des yeux Brianna, alors que le soleil la force à froncer le regard. Le portail fermé, elle peut admirer cet endroit. Toujours majestueux malgré les siècles. Chenonceau était un chef-d'œuvre convoité par Catherine de Médicis par jalousie face à Diane de Poitiers. Même la blonde s’arrête pour observer cette France qui lui manquait. Celle des bals, des réceptions de renoms et d’intrigues à la Cour. C’était un sentiment étrange de se revoir ici, de tenter de se revoir ici au bras d’Onyx, alors qu’Elena accompagnait Hadrian et que la nourrice s’occupait d’Alexandre. D’un revers de la main, Olympe essuie les quelques larmes qui avaient commencé à perler. « Brianna ? » Appelle-t-elle finalement avant de reposer le regard sur l’enfant. Elle lui ferait perdre la tête, mais elle ne pourrait définitivement pas la perdre, quitte à un jour perdre sa place au profit de son élève. Quand elle arrive à s’approcher d’elle et de son enthousiasme, elle ajoute. « Contrôle ta magie, c’est un bon exercice pour te canaliser aujourd’hui. Pas de volets qui tremblent ici. » Elle finit par avancer avant elle pour s’appuyer contre une rambarde de pierre, où elle observait le jardin. La France lui manquait, terriblement.