Exister avec toi ☾ (Diomeo)

Extirpé des rocailleuses entrailles du château, tes côtés agrémentés des arabesques du séduisant Romeo, délicieuse présence invitée de quelques édulcorées et charmantes palabres, tu vagabondais à travers les allées jalonnées de buissons décorés de rougeoyantes roses. Le pulpeux de tes phalanges caressa fébrilement leur feuillu manteau au cours de ton sillage, doucereux effleurements accompagnés de la délicate contemplation de tes iris. Vaste arborescente étendue asphyxiée de cette obscurité estropiée de mille et un luminaires décoratifs. Une flamboyante fleur fut arrachée à son trône végétal et délicatement engouffrée au creux d'une des poches du costard de la fée, un croissant suintant de plénitude rayonnant le long de tes lippes. Tu l'avais entraînée hors de l'épicentre des festivités car la foule n'était guère délectable à ton esprit, ta préférence s'entichant davantage des espaces tantôt naturels, tantôt isolés des effervescences mondaines.

J'espère que je ne mets pas un terme à votre plaisir en vous éloignant du château. J'aime beaucoup me ressourcer à l'abri des regards, dans les bras de Dame Nature.

Ton regard s'agglutina à son faciès immaculé, transpirant de cette surnaturelle perfection qui le muait en intrus parmi les être humains dont la beauté était bien plus ternie. Une seule divagation contemplative te permit de déceler sa véritable nature, celle enrobée de cette fallacieuse apparence pour sans doute le préserver de quelques maux qui t'étaient inconnus. Majestueuse fée aux appendices ailés et kaléidoscopiques dissimulés et au charme affaibli de son ésotérisme magique. Mystérieuse et immortelle entité qui semblait s'être parée de solitude cette soirée-là. Une constatation qui éveilla ton intrigue tant tu savais pertinemment que cette espèce était réservée, peu encline à se mêler à autrui, quand bien même, elles faisaient partie des existences les plus intéressantes.

C'est la première fois que je vous croise à ce genre d'événement. Vous assistez souvent aux soirées mondaines ?

Indolente curiosité à propos de son monde à lui qui ruissela d'entre tes lippes même si tu savais que le royaume au sein duquel il vivait ne serait jamais mentionné au coeur de votre échange. Autre univers bien trop précieux et secret pour être dévoilé aussi nonchalamment à l'inconnu que tu étais. Ton sourire se raviva pourtant chaleureusement et tes narines s'engorgèrent de l'agréable fragrance exsudée des fleurs puis tes esquisses s'échouèrent sur un banc baigné du halo lunaire tandis qu'une nouvelle invitation à te rejoindre fleurit dans les airs, insufflée d'un doux regard à son égard. Une légère brise se pavana subitement à travers les verdoyants tréfonds précédant l'énorme bâtisse, faisant batifoler délicatement quelques mèches de ta chevelure. Elles furent rapidement entravées de quelques unes de tes phalanges qui les restructurèrent aisément d'un revers avant que tes iris ne s'accolèrent une énième fois au visage de ton compagnon. Tu contraignis tes tactiles élans même si l'envie de te galvaniser du bout des doigts de la texture nacrée et veloutée de son épiderme hurlait à l'agonie tant il était resplendissant malgré sa magie destinée à le corroder d'une dissimulante fadeur.

(c) MΛ☾ΛЯON

C'est loin de ces réjouissances tintamarresques que la fée s'empresse de suivre son compagnon de soirée, bien trop heureux de s'extirper des entrailles de la forteresse imposante. Quiétude appréciée, seule la nature possède cette force et cette magie, à même de calmer la fée, piquée à vif par cette foule grandissante à vue d'oeil. Mais rien ne sait le détendre au mieux que cette escorte des plus séduisante, dont il chérit la compagnie. Et c'est une fleur qui vient agrémenter le veston de la fée, qui pourtant ne peut détourner son regard du visage de l'humain qui lui fait face, éclairé de telle manière à accentuer sa beauté nullement surnaturelle. Être parfaitement mortel, mais non dénué d'un certain charme, aux traits angéliques illuminés par les rayons de cet astre inconstant. Je n'en suis aucunement offensé. Les fées n'ont autre que la Nature pour foyer. Loin de l'indolente sauvagerie humaine et de leurs forêts de béton, aux dorures ternies par les aléas du temps. Romeo, lui, n'envie guère ce mode de vie, bien trop barbare à ses yeux. Et puis, votre présence m'est d'autant plus agréable. Sourire angélique au bord des lèvres, ironique pour cette espèce au sang tout autant démoniaque. Et ce même regard, planté dans celui de son interlocuteur, comme fasciné par la fragilité de l'humanité, nullement bénie par les grâces de l'immortalité. Et cette
beauté éphémère, qui viendrait à faner telle la fleur à son veston, une fois la sentence du temps tombée. Je n'assiste que très rarement aux mondanités mortelles, il est vrai. Elles sont dépourvues de cette magie si chère à mon peuple. Festivités qui ne siéent guère aux fées, bien trop heureuses dans leur palais dissimulé de tous. La fée prend place aux côtés du nephilim, dépourvu de ces mêmes runes qui caractérisent son essence, paradant tel l'être humain qu'il n'est pas. Et vous alors ? Vous n'aviez pas l'air dans votre élément au palais. Curieuse par nature, la fée se questionne, bien trop intriguée par l'humain qui l'accompagne. Romeo ne parvient à détacher ses iris de l'homme lui faisant face, baigné de cette aura qu'il ne parvient à déchiffrer. Il ne demeure pourtant pas aveugle aux regards incessants de ce dernier, comme hypnotisé par les gestes de la fée. Le myocarde de Romeo s'emballe, nullement accoutumé à un tel abandon, une telle familiarité pour un mortel. Mais c'est sans doute ce qui rend tout cet échange des plus plaisant, la fée étant des plus sensibles aux paroles du nephilim. Troublé par sa présence, Romeo souhaite plus que tout croiser le chemin de Diaz en dehors des soirées mondaines, dans des lieux propices à plus d'intimités.

Tes prunelles étaient incessamment affriolées de la splendeur du faciès féerique malgré lui qu'arborait Romeo. Un irrésistible si ardent que même le plus fervent des sortilèges était incapable d'étioler avec aigreur et puissance. Elles parvinrent à s'en fébrilement délier pour s'amouracher de cette rose ornementant désormais sa veste satinée. Eclatante fleur dont la teinte t'était pourtant inconnue, muée en un crépitant grisé. Une curieuse truculence qui éveilla ton intrigue tandis qu'une rayonnante esquisse s'avachit le long de tes lippes, réfléchissant avec indolence celle sublimant le visage de la créature obscure.

Ca doit être vraiment merveilleux de constamment vivre dans les bras de Dame Nature. Vous êtes très charmant et étonnamment apaisant, j'apprécie tout autant votre compagnie. La couleur de la rose sied t-elle à votre veste ? Je suis persuadé que n'importe quelle teinte vous irait à ravir mais je suis curieux de votre avis.

Le bellâtre dévoila sa préférence, mentionnant la magie auréolant son espèce. Puissants sortilèges qui agrémentaient leur quotidien à en émoustiller ta curiosité, ton imagination se parant subtilement et silencieusement d'effervescence. D'ineffable et fantasmée visions parsemèrent tes pensées, symbolismes de pittoresques paysages fleuris jalonnés de rustiques demeures derrière lesquelles se dressait fièrement le palais royal où résidaient les fées les plus éclatantes d'opulence. Un petit peuple préservé des contemplations étrangères, se voilant ainsi de cette crépitante mysticité.

Je me demande à quoi peut bien ressembler votre monde. Ce doit certainement être une merveille. Une gemme scrupuleusement protégée de toute interaction externe. Qu'est-ce qui a bien pu cette fois-ci vous faire changer d'avis ? La nostalgie du monde extérieur ou bien la curiosité ? Peut-être même un sentiment plus profond ?

La séduisante fée décora le banc accueillant tes esquisses de sa présence. La distance qui vous séparait désormais légèrement gangrénée de ses soins, la doucereuse brise nocturne qui vous balafra une énième fois affriola au creux de son sillage la suave fragrance accolée à la pulpe de Romeo. Voluptueuses effluves qui galvanisèrent tes narines tandis qu'une de tes paumes vagabonda à la rencontre du buisson embrassant vos côtés pour happer avec délicatesse une des innombrables roses s'épanouissant au clair de Lune. Ses embaumants pétales s'abreuvèrent de la proximité de ton visage et tu t'enivras de leur doucereux parfum lascivement suinté.

La senteur de cette rose est si fade comparée à votre douce fragrance ... La foule ne m'a jamais intéressé, les apartés possédant plus de valeur à mes yeux qu'une multitude de regards me flagellant le corps, d'autant plus à cette mondanité davantage semblable à un bal masqué, n'est-ce pas ?

Subtile aveu qui ruissela d'entre tes lippes et qui exhiba cette âpre vérité de ces mille et une apparences trompeuses déambulant présentement à travers les entrailles du château. Tes iris toujours entichés des fébriles pétales, d'énièmes palabres de ta part déferlèrent.

Votre beauté est si ardente et intemporelle qu'elle pourrait être votre fardeau. Peut-être que finalement, vous ne vous en rendez pas encore compte. Vous êtes terriblement magnifique, le plus bel homme que je n'ai jamais croisé en l'espace de la maigre existence que j'ai déjà quelque peu essoufflée.

Tes prunelles s'enlisèrent finalement au creux des siennes tandis qu'un sourire bourgeonna le long de tes badigoinces.

(c) MΛ☾ΛЯON

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