Il y avait ce rosacé rouge à lèvres qui se pavanait le long de tes lippes, les enrobant de son onctueux et satiné voile. Il avait été accompagné de ce cendré liseré culminant tes paupières supérieures tandis qu'une chemise de soie rosée et un pantalon droit charbonneux embrassaient tes esquisses. Nul besoin de t'enjoliver d'un subterfuge parfumé, ta pulpe naturellement et éternellement suintante de cette unique et féerique fragrance évoquant les fruits rougeâtres parsemant les bois. Tu virevoltas gracieusement, contemplant le reflet de tes courbes soigneusement réfléchi par le miroir en face duquel tu t'exhibais fièrement, toujours flamboyant de satisfaction à l'égard de cette apparence soignée. Tu t'extirpas finalement de ta demeure, attrapant ta veste noirâtre d'un revers de paume.

Délaissant le royaume féerique de la cour des ténèbres, tu déambulas à travers les ruelles romaines, au-delà du Tibre pour rejoindre le truculent quartier Trastevere où la mode y était d'une délectable effervescence. Les lampadaires qui jalonnaient silencieusement les devantures des bâtiments se heurtant à ton sillage, auréolèrent tes arabesques de leur ineffable lueur, éclipsant cette obscurité nocturne écrouant le firmament. Les animations déflagraient chaotiquement, les diverses ambiances musicales audibles de l'extérieur s'entremêlant les unes aux autres tandis qu'une petite foule ornementait la ruelle accueillant ta présence. Parmi tous les lieux destinés à égayer les existences, il y en avait un en particulier qui avait eu l'honneur d'être devenu un endroit de prédilection à ton esprit. Un club de strip-tease qui ne semblait jamais se lasser de tes innombrables entrées en son coeur.

Parvenu à proximité de la lucarne permettant de s'y engouffrer, tu y plongeas fugacement, dénué de la moindre hésitation. Une atmosphère hippique des années 60 submergeait l'intérieur de la bâtisse, quelques danseuses s'adonnant à sublimer leur courbes de lascives ondulations et à les exhiber sournoisement aux prunelles des clients y affluant. Ton regard ne s'enticha point de ces mouvantes esquisses, ta préférence affriolée du bar. Tu sillonnas la pièce, évitant les êtres déjà vivaces de festives ébullitions et tu t'accolas au comptoir, ton fessier se plaisant à trôner sur un des quelques tabourets agrémentant ce dernier. Un cocktail mêlant cassis et vodka fut commandé par tes soins. Lorsqu'il fut prêt à être savouré, tu te galvanisas de quelques lichées, tes iris cascadant voluptueusement sur le barman concentré à combler chacun des clients gravitant autour du bar. Une dévotion qui fut peu à peu craquelée lorsqu'il remarqua finalement l'ardeur de tes prunelles paraissant hypnotisées par chacun de ses gestes. Une intensité presque suintante de suavité qui parvint à le déstabiliser et l'intriguer au fil des minutes épuisées, si bien qu'il se para d'audace et engagea la conversation à ton encontre, incité de ce fallacieux désir à s'informer de ton avis concernant sa boisson. Un acte dissimulant en vérité son désir de rapprochement qui distordit tes lippes d'un radieux croissant de béatitude.

Tu te plus à l'ensevelir de quelques charmants compliments, ornementés de cette subtile sensualité qui embrasa sa curiosité à ton égard. Votre conversation se creusa davantage, gagnant toujours plus de profondeur malgré les quelques clients ayant la décence de patienter au comptoir. Et tu souris intérieurement, amusé d'autant monopoliser l'attention de l'homme, complètement déconcentré désormais.

Tes brisures rieuses s'entremêlaient à celles exsudées par le malheureux désormais complètement hypnotisé par ta présence. La gêne avait engorgé ses entrailles, l'incitant régulièrement à machinalement gratter l'arrière de son crâne. Frêle tentative pour parvenir à la lénifier tandis que tes prunelles s'étaient sournoisement plues à balafrer son faciès de leur ineffable contemplation. Une insistante attention qui avait embrasé son embarras, égayant davantage et silencieusement ton amusement quand bien même était-il bien trop aisé à manipuler au gré de tes désirs. Une petite mascarade qui n'eut point le temps de s'éterniser, le détenteur des lieux se hâtant à faire vriller la légère zizanie insufflée de ta manigance. Une remise à l'ordre qui s'agrémenta d'un avertissement à ton égard. Une autorité qui distordit tes lippes d'un charmant sourire, nullement déstabilisé par l'intervention ainsi que la proximité de l'homme le plus puissant du club.

Je suis navré d'avoir fait la discussion avec le personnel ~ J'espère avoir tout de même pu vous rendre service en vous offrant la possibilité de constater que certains de vos employés sont facilement distraits.

Fallacieuses excuses qui décorèrent ta coquine répartie à l'encontre du bellâtre. Un séduisant sorcier jouissant pleinement des recettes de son château tantôt opulent de clients débauchés, tantôt suintant de vices. Jamais vous n'aviez échangé quelques dires, quand bien même tu l'avais décelé maintes fois à travers les effervescentes foules, une poignante et charismatique aura semblant être ferventement agglutinée à sa pulpe. Tes iris cascadèrent le long de son visage, n'arborant aucune gêne à le délaisser pour vagabonder suavement le long de ses esquisses puis s'attarder finalement l'espace de quelque secondes le long de ses lippes. Bel homme qu'il était, il resplendissait de cet attirail à en fendre les palpitants d'extase et pourtant, ta contenance à son égard ne se craquela point malgré l'ardent intérêt qu'il avait suscité en ton être, bien trop charmant à ton sens pour oser le flageller d'indifférence. Et tes prunelles se délièrent de ses lèvres pour s'enliser au creux des siennes. Une perdition qui s'éclipsa rapidement, tes iris déviant subitement vers le tabouret en cuir gisant silencieusement à tes côtés, subtile invitation de ta part à accompagner tes côtés de sa présence.

On me connaît sous le prénom d'Hibiscus et il est indéniable que vous êtes le fameux Onyx De Malherbe n'est-ce pas ? Il n'y a nulle personne en ces lieux qui ne vous connaisse pas. Vous êtes après tout le grand propriétaire de cette merveille. Dites-moi, la richesse vous sied-elle ?

Une lueur de malice incendia tes prunelles tandis que tes badigoinces se fendirent en un énième sourire paraissant éthéré. Tu extirpas finalement élégamment de ta poche ta rosacée cigarette électronique que tu actionnas du bout d'une phalange. Son embout fut sensuellement porté et embrassé de tes voluptueuses lippes qui l'abandonnèrent momentanément pour expier un voile fumant et enjolivé d'une fragrance mentholée. Le barman fut finalement une dernière fois sollicité du doucereux carillonnement de ta voix pour l'inciter à combler la probable envie de son patron de se délecter d'un quelconque breuvage.

N'hésitez pas à commander ce qui vous ferait plaisir comme boisson. Je vous l'offre ~

Absurdité qui s'ornementa de quelques tendres et discrets éclats rieurs de ta part tant tu savais pertinemment qu'il avait le privilège de se galvaniser gratuitement de tous les délices alcoolisés de cette bâtisse, étant son richissime propriétaire après tout.

J'espère que vous comptez bien me divertir ce soir mon cher puisque je ne peux pas me permettre de faire la conversation à votre barman ~

Une autre bouffée rafraîchie de menthe suinta d'entre tes lèvres, la souriante esquisse les estropiant se ravivant suavement.

Quelle sage idée. Vous avez fort raison de prendre vos dispositions. Il serait malheureux de voir cet éclatant royaume de débauche se ternir d'imperfections qui pourraient entacher sa renommée ~

Le séduisant sorcier était flamboyant de cette détermination à entraver davantage les frivolités de ton espèce de nouvelles règles. Barrières destinées à préserver l'éternel et incessant rouage de son château régi de vices. Indécente propriété égayant les existences pour uniquement engrosser cette richesse dont il était l'unique détenteur. Fameuses clôtures incitant à la contenance et à la rude bienséance que tu te plairais à indolemment et subtilement trépasser, déjà gangréné de cette hâte de le provoquer de son impuissance face à la finesse de ton ingéniosité à parer le moindre de ses contrecoups. Et le bellâtre suinta de cette véhémence émoulue de patience, un énième avertissement à ton égard écumant de ses lippes, telle l'aiguisée lame accablant fugacement la nuque du condamné que tu étais. Une sentence qui s'agrémenta de la puissance de sa magie qui ostracisa ta présence, ton contact avec les autres effervescentes fréquentations de l'imposant édifice. Elle se heurta à ton éphémère silence, le temps que tes lippes expièrent une nuageuse et fébrile bourrasque mentholée, une esquisse teintée d'amusement les parant lascivement. Tes arabesques délaissèrent finalement le coussin en cuir de ton siège et érodèrent la distance vous écartelant. L'une de tes paumes eut l'audace de délicatement agglutiner son plat au pectoral gauche du sorcier tandis que tes lèvres vagabondèrent jusqu'au creux de son oreille.

Je ne vous souhaite jamais de connaître l'amertume de la pauvreté, d'autant plus quand il s'agit de quelqu'un d'aussi opulent que vous mon cher, qui a tant à perdre. C'est douloureux vous savez, de voir son royaume s'écrouler sous ses yeux et de se rendre compte à quel point on est impuissant, incapable d'éviter ses ruines. Continuez à vous méfier de vos clients, en particulier les plus innocents ~

Suaves murmures légèrement estampillés de mystère qui affluèrent tendrement d'entre tes lippes, l'homme étant parvenu à affrioler ton intérêt de sa prestance presque aveuglante. Ton faciès fuit sa proximité avec l'oreille de l'autre existence pour s'exhiber fièrement face au sien, tes iris accablant leurs comparses abyssaux d'obscurité de leur admiration, presque hypnotisés de ce néant à perte de vue s'offrant à eux.

Et bien, et bien, l'expression "Je me noie dans tes yeux" prend tout son sens avec votre regard. Une abîme si sombre qui charme bien plus qu'elle effraie à happer les contemplations qui tentent de la côtoyer.

Ton sourire se raviva, somptueux artifice feignant outrageusement cette once de provocation ayant débordé d'entre tes badigoinces. Tu avais eu cette indécence de lui révéler à quel point cette aura menaçante dont il s'était évertué à se parer était incapable de susciter l'effroi ni même un semblant de contenance de ta part. Onyx était d'un divertissement comme jamais tu n'en avais croisé auparavant. Une gemme sur ton sillage, une entité bien trop truculente de charisme et d'énigmes qui était parvenue à t'écrouer de ses attraits si délectables, si bien que tu le balafras d'un sournois jeu de séduction. Aucune existence ne serait apte à rivaliser avec un tel prestige émanant de sa simple présence en ces lieux pourtant asphyxiés de créatures mêlées à d'innombrables humanités. Ta paume arrimée à sa proéminente musculature cascada suavement le long de son tronc pulpeux, tes prunelles n'abandonnant nullement les siennes, ineffable affrontement de regards qui ne s'atténua que lorsque ta main atteignit l'étendue ventrale de l'homme et les quitta d'un lascif revers. Tu intimas finalement une distance à nouveau respectable entre vos deux esquisses, sa proposition incendiant davantage cette curiosité à son encontre qui te dévastait ardemment les entrailles.

Je vous laisse bien entendu le soin de me guider jusqu'à votre bureau.

Quelle folie que de t'inviter au coeur même de son empire mais peut-être se doutait-il trop bien de cette dangerosité affluant au creux de tes veines, ses desseins davantage assombris que les tiens.