Morgan & Luna

We are the same

Il y a des choses que tu préfèrerais ignorer, des jours où tu voudrais être n’importe où ailleurs plutôt qu’à Rome et surtout, où tu ne voudrais pas être qui tu es, ce que tu es. Un nom, c’est pas grand chose, juste une représentation de soi-même qui en aucun cas ne définit qui nous devons être aux yeux de tous. C’est à ça que tu crois, à ça que tu aspires aussi alors que la réalité te rattrape et que tu sais que jamais tu ne pourras te défaire de l’étiquette qui te colle à la peau. Tu es une Lightwood et une Santiago et par conséquent, tu es une alliée des Créatures Obscures, de ce qui dirigent ce monde avec un brio certain. Incapable de prévenir ce qu’il se passe dans l’ombre, tu ne fais aucun effort pour ouvrir les yeux de ceux qui mériterait un coup de bien bien placé, ou un coup d’épée, ça pourrait être la solution aussi. A la place, tu te contentes d’observer le ciel et de soupirer quand un nuage passe devant la Lune. L’astre qui brille et te représente, couvert par une entité brumeuse. Tu composes avec ça bien que ça ne te plaise pas, que a te fasse grimacer car selon toi et tes croyances, ça n’augure rien de bon. Tu n’es pas seule ce soir, tu as Morgan et bien que vous soyez relativement différent, tu sauras t’en contenter. Tu n’arrives même pas à savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose que vous viviez un peu la même chose, chacun de votre côté et avec votre espèce respective. Si ce n’est pas un secret que chez les anges, rien ne va plus depuis longtemps, tu ne savais pas que ça n’était pas au mieux chez les terrestres non plus. Alors oui, tu es surprise et désolée, sincère pour une fois, tu ne te caches pas derrière un masque et te permets juste de dire ce que tu penses réellement, sans filtre. Et tout ça, ça t'amène à réfléchir. Avec des si, on referait le monde, tu l’as bien compris ça mais là, c’est différent. Et si pour une fois, il n’était pas question de ton monde, des Nephilim ou encore des Créatures. Et si pour une fois, le problème était différent pour ne pas dire plus grave. Depuis le temps que vos espèces existent, vous avez toujours su faire avec ces guerres incessantes, que ça soit il y a cent ans ou seulement hier. Mais aujourd’hui vous avez une nouvelle ligne de jeu à prendre en compte. Tu n’es pas une stratège, c’est pas du tout ton domaine et pourtant, tu as l’impression que plus tu réfléchis, plus tu établis un plan de guerre. Il faut savoir où taper pour faire mal, il faut savoir qui est l’ennemi pour se défendre. C’est presque un art, un que tu n’as jamais voulu apprendre parce que l’utilité ne s’y prêtait pas et tu regretterais presque. Mais quand tu les prononces tes mots, tu trouves ça encore plus idiot que lorsque ça sommeillait encore dans ton esprit. Pourquoi les terrestres feraient ça ? Qu’est-ce qu’ils pourraient en tirer ? Peut-être rien ? Peut-être beaucoup ? Toi, ce que tu te contentes de faire, c’est regarder Morgan pour avoir un signe de ce qu’il peut penser. Tu savais que ça n’était pas une bonne idée que de lui dire ça, il pourrait penser que tu le mets dans le lot, que pour toi, il est forcément coupable bien qu’à cette heure-ci, tu n’ai aucune preuve de ce que tu avances. C’est quand il te confit que non, ce n’est pas idiot ce que tu lui dis que tu te vois soulagée. Il y a encore un pas entre pas idiot et te croire mais c’est déjà un grand pas, tu veux y croire et tu as l’espoir suffisant pour ça. Fort probable qu’il ajoute et comme une enfant, tu te retrouves à sautiller, l’air de rien, comme si c’était le plus beau jour de ta vie. Au moins il ne te prend pas pour une dingue, c’est un bon point de départ pour continuer. Le problème, c’est que tout ça prend des dimension qui t’échappe, vous échappe. Parce que c’est bien trop gros pour des personnes comme vous, qu’il y a des dirigeants censés comprendre les choses sans devoir les prendre par la main. « Et si les Créatures et les Anges s’en mêlent, chacun se rejettera la faute et on aura le droit au plus beau merdier jamais vu dans le monde. » Tu as pris le temps de l’écouter et maintenant, voilà ton avis. Réfléchir, tu peux le faire bien qu’il soit difficile encore de trouver réellement une solution quand on est pas sûr de ce qui se trame réellement. « En tuant les Créatures et les Nephilim, les Terrestres chercheraient à ce qu’ils s’accusent les uns et les autres pour ensuite pouvoir reprendre le pouvoir... » Tu ne parles pas fort, tu as appris à te méfier, à avoir toujours peur qu’on t’observe et ce soir ne fait pas exception. Tu ne sais même pas s’il a pu t’entendre et pourtant, tu le fixe, un regard aussi glacial que sérieux rivé dans le sien. « C’est totalement insensé, tu le sais j’espère ? » Insensé et pourtant bien trop crédible pour se permettre de passer à côté, là est le problème.

We are the same

Luna et Morgan

Je ne vais pas mentir, il y a clairement des jours où je me demande si ce que je fais à une réelle importance, chasser les créatures, mettre ma vie en danger à chaque nuit que je passe pour les chasser. Certains pensent que je suis fou, d'autres m'encouragent, les autres me laissent faire parce qu'ils s'en fichent un peu. Je ne sais absolument pas d'où me vient ce besoin de le faire, de faire ce qui me semble juste alors que ma vison de ce qui est juste ou pas est biaisé depuis que je suis tout petit. Et pourtant, je suis là, aux côtés de Luna à déambuler dans les rues de cette ville que nous connaissons par cœur elle et moi. Je sais bien que les choses sont mal engagés, que rien ne va comme il le faudrait. De toute façon, c'est toujours comme ça, quand il y a un problème, tout le monde s'entre-déchire pour grappiller un peu de pouvoir. Je pensais que c'était surtout typique des humains, mais il faut croire que ce n'est pas le cas finalement. Je retiens un sourire à cette pensée et continue de regarder droit devant moi. Pourtant, c'est maintenant plus que jamais que nous devrions être unis. Les créatures obscures sont une menace qu'on ne peut pas se permettre de laisser sur le côté pour l'oublier ou la repousser d'un revers de la main. Non, ils sont bien plus puissants et vicieux que tout ce que j'aurais pu imaginer. Seulement, ce n'est pas vraiment notre problème, ce n'est pas à nous de trouver un moyen de sortir de cette crise, mais pour le moment personne ne semble décider à trouver une issue favorable à cette situation qui devient vraiment pesante. Moi, je veux retrouver mon monde comme avant, débarrassé de toutes ces créatures qui ont crû qu'elles pouvaient prendre leur quartier ici et faire comme si ce monde était désormais le leur. Je ne dis pas qu'ils sont tous pareils, il doit bien y avoir des exceptions, mais elles doivent être rares. Du coup, je rassure Luna, quand je lui réponds que son raisonnement n'était pas idiot. Surtout que bien des humains sont manipulables avec de bons arguments. J'écoute Luna quand elle reprend la parole et enfonce mes mains encore plus dans mes poches, cherchant à lui répondre quelque chose. " Les anges et des démons le font depuis la nuit des temps Luna, c'est pas nouveau..." Je pose les yeux sur elle tandis qu'elle sautillait comme une enfant, mais je savais qu'elle continuait de m'écouter. " Le fait qu'on soit aussi diviser chez les humains ne l'ait pas non plus tu me diras." L'histoire regorge d'exemple de ce genre, bien que la plupart des histoires aient été oubliées. J'avais grandi dans un orphelinat religieux jusqu'à mes quinze ans et je sais très bien qu'on nous parlait des anges, mais aussi des démons pour nous mettre en garde contre le mal et pour moi, ce ne sont pas que les seigneurs des enfers ou même Satan. Les sorciers, loups-garous et vampires sont dans le même panier à mes yeux. " Mais, c'est vraiment la première fois que c'est aussi flagrant et ça me fait peur... Parce qu'on va droit dans le mur si on continue sur la même lancée." Je ricane légèrement sans me moquer pour autant d'elle. Pour une fois que nous arrivions à avoir un semblant de conversation, autant en profiter, non ? " Ce que mon groupe recherche, c'est purement l'éradication des créatures obscures, quelle qu'elles soient. Certains veulent vous détruire et d'autres pensent que les anges et les démons sont à mettre dans le même panier. Donc en admettant qu'on réussisse plus ou moins, la prise de pouvoir sera très disputée ensuite, crois-moi." Et ça sera encore pire si entre humains, nous n'arrivons même pas à nous faire confiance. Puis je croise son regard froid et sérieux et je le soutiens autant que possible. Puis elle me dit que c'est complètement absurde. Je dois bien admettre que ça serait le pire des scénarios envisageables. Ou l'un des pires.  " Je sais... Mais c'est tellement envisageable et possible qu'on ne peut pas s'empêcher de se dire que c'est possible malgré tout." Je porte une nouvelle cigarette à mes lèvres sans la lâcher du regard et pourtant, je souris légèrement. " Ne me dis pas que vous, les néphilims n'avez jamais envisager cette hypothèse. Il s'agit de notre terre, crois-moi, je suis pas le seul à vouloir reprendre ce qui nous reviens de plein droit et qui serait prêt a n'importe quoi ou presque pour y parvenir." Le plus dur, c'est de tuer une créature pour la première fois. Ensuite sans avoir besoin d'y prendre goût ou que ça devient plus facile, on prend des habitudes et on sait comment tuer rapidement et efficacement sans y rester. Je me souviens du premier vampire que j'ai tuer, il m'avait donné du fil à retordre. Aujourd'hui, je ne ferais plus les mêmes erreurs. " La première fois que tu as tué une créature, c'était quoi ?" Je pose la question, étant curieux de savoir la réponse.

Morgan & Luna

We are the same

Est-ce que partir ne serait pas la solution finalement ? Dans une autre province italienne, peut-être même dans un autre pays, continent ? Là où tu pourrais juste être une inconnue et te fondre dans la masse. Cacher tes runes, celle qui prouve que tu es une Nephilim, l’autre qui montre que tu as un parabataï et que ces marques ne sont pas de simples tatouages. Tu pourrais sans doutes faire ça, mais entre pouvoir et vouloir, il y a une grande différence, avec être capable de le faire aussi et tu sais que tu ne le seras jamais. Depuis maintenant plus de dix-huit ans ta vie est à Rome, la belle capitale italienne alors même si tu le voulais, ta conscience t’interdirait de partir. Pour ta vie que tu as ici, ta famille, tes frères et Ezekiel, tout te l’interdit. Tu pousses un soupir, évidemment que tu sais que ça fait des siècles que ton espèces et celle des créatures se vouent une guerre sans merci, vous existez pour cela après tout, incapable de faire autre chose. « Je sais Morgan mais je me dis que pour une fois, ça serait bien que les choses changent, tu ne crois pas ? » C’est ce que tu aimerais croire en tout cas. Il marque un point dans ce qu’il ajoute, chez les terrestres c’est pas mieux, il n’y a qu’à voir la quantité de guerre qu’il y a eu. La différence, eux, ils n’ont jamais eu peur de se battre aux yeux de tous, de laisser des morts pour montrer de quoi ils sont capables quand vous, vous faisiez ça dans la plus grande discrétion. « Le mur, on se l’est déjà pris en l’an deux milles. Quand on a rien trouvé de mieux à faire que de se taper dessus au grand jour, comme si ça allait arranger les choses de révéler notre existence. » Tu étais trop jeune pour te battre mais tu t’en souviens et souvent, tu te demandes à quoi ressemblerait le monde si les Terrestres n’avaient pas connaissance du monde qui les entoure. Aujourd’hui, ils ont pu s’imposer, chacun à leur manière, faire valoir leurs droits en créant eux aussi leur camp, toujours plus divisé. Vous avez déclenché quelque chose de grand, de trop gros pour être géré et maintenant, il y a toutes les conséquences à gérer. « Quoiqu’il se passe, jamais personne ne sera d’accord, c’est une histoire sans fin. » Parce que peu importe qui finit par diriger, il y aura toujours des insatisfaits qui ne se gêneront pas pour le faire savoir. Evidemment que c’est absurde, évidemment que c’est insensé de prononcer de tels mots et pourtant, tu sais qu’ils sont réels, tu sais que c’est simplement normal au vu du climat actuel. Il y a une guerre qui se joue dans l’ombre, une guerre dont l’issu est incertaine. Personne ne peut savoir car retourner sa veste est beaucoup trop facile, même toi tu n’es plus sûre de rien. Tu le regardes sourire quand toi, tu demeures sérieuse, ta lèvre coincée entre tes dents. Un geste que tu n’effectues que lorsque tu es nerveuse ou que tu ne comprends pas quelque chose. Cette situation t’échappes, elle échappe à tout le monde et c’est ça qui te fait peur. Que toi, tu ne saches pas gérer, c’est une chose mais que personne n’en sois capable en est une autre, d’une ampleur bien importante et effrayante. Dans cette rue, cette nuit, tu sais bien que tu ne trouveras qui pourrait prouver que tu as raison ou tort d’une quelconque manière que ce soit. Il te faudra être plus maligne et subtile, passer inaperçu car si te mettre en danger est un de tes passes temps favoris, tu sais que tu ne dois pas faire n’importe quoi. Tu n’oublies pas Ezekiel, tu sais qu’il te faudra sans doute lui parler de cette rencontre avec Morgan, il te faut juste trouver les bons mots pour ça. Leur Terre, la votre, tu ne sais pas si tu es inclu dans ses propos pour si, par ton sang angélique, te voilà exclu de la catégorie des personnes qui méritent tout autant cette Terre et qui pourraient la revendiquer. Les rebelles, tu sais qu’ils ne se gêneraient en tout cas pour asseoir leurs idées et leur domination s’ils venaient avoir l’occasion. Tu sais que quelques obscures, comme ou vous appelle vous les partisans des créatures, ne se prieraient pas non plus pour faire pareil et déclarer que c’est à eux, que tout leur appartient. Bataille d’enfant dans une cours de récréation, c’est mon jouet et pas le tien. Tu es spectatrice parce que toi, dans le fond, tu te fous de qui peut bien diriger tant que te laisse tranquille et faire ce que tu crois juste, juste ce en quoi tu crois. Tu n’es peut-être plus sûre de rien ces derniers temps mais tu as toujours la tête sur les épaules et tu sais encore prendre des décisions, te battre si cela est nécessaire. Tu baisses le regard quand tu l’entends te poser une question. La première créature que tu as tué. Tu as l’impression que ça remonte a une éternité, que ça n’a jamais réellement eu lieu finalement, juste dans un rêve. « C’était un Loup. » Tu perds un peu ta joie de vivre, tu retrouves une démarche normal, à côté de lui et non plus à reculons. Un regard rivé sur le sol, des traits tirés qui montrent que tu réfléchis, comme tu peux en tout cas. « Il venait de se faire griffer et ne gérait rien du tout, son créateur, si on peut appeler ça ainsi, n’est même pas resté pour savoir si sa griffure allait ou non le transformer. J’étais là par hasard mais j’étais jeune et pas assez entraînée pour gérer cette situation. Il souffrait, j’ai fait ce que je pensais être le mieux pour lui comme pour moi. » Tu n’aimes pas repenser à ça mais ça fait partit de ton histoire, c’est aussi cette épreuve qui a fait de toi celle que tu es devenue aujourd’hui. « Et toi ? Tu as déjà dû tuer ? » Tu ne sais plus vraiment si, dans le monde actuel, tuer est un devoir ou une obligation. Juste un moyen de survie, ou celui de vivre tout simplement.

We are the same

Luna et Morgan

Le regard posé autour de moi, je savais que je n'aurais voulu être nul part ailleurs que dans cette ville. Pas seulement parce que j'y suis né et que j'y ai grandi, non parce que c'était le centre de tout, de tout ce qui se passait. Je ne savais pas si c'était autant la merde ailleurs et pour tout dire, j'en avais franchement rien à foutre, mais ici, on était vraiment dans la merde jusqu'au cou. Il faudrait être stupide pour ne pas voir que cette guerre avait vraiment renvervé l'équilibre naturel des choses et qu'il serait compliqué de faire en sorte que ça redevienne comme avant... Une partie de moi l'espérait, parce que les créatures, je ne pouvais tout simplement ne pas les blairer. D'un autre côté, je savais que ce n'était plus possible, il s'était passé trop de choses. La guerre engendre de la haine et de la rancœur. Et les morts. Je tourne la tête vers elle avec un léger sourire. Nous, les humains, pauvres petites choses que nous sommes, devons supporter cette guerre depuis la nuit des temps, sauf qu'aujourd'hui, une partie de l'humanité s'est précipité dans cette guerre. Je fais partie de cette minorité, sans savoir où cela me mènera. Oh, l'humanité n'a pas besoin des anges et des démons pour se déchirer, c'est un truc que nous faisons très bien tout seul. Seulement, on n'est même pas capable de s'unir quand il le faut. Entre les pro-anges, les pro-créatures et ceux qui se proclament neutres, on y perd son latin. " Clairement dévoiler votre existance et par la même occasion celle des créatures n'était pas un choix très judicieux. Mais, si on y réfléchit bien, ça aurait fatalement fini par se faire." Fataliste, il fallait bien le reconnaître. Je secouais légèrement la tête, parce qu'elle avait raison, cette histoire n'aura jamais de fin, pas plus qu'elle n'aura un vainqueur. Il y aura toujours des anges, toujours des démons et nous, nous serons toujours pris entre les deux. C'est comme ça. Je vois son air quand je dis que cette terre est la nôtre. Celle des humains, bien que je puisse aussi compter dans le lot les créatures évangéliques. Ils ne sont pas parfaits, évidemment, personne ne l'est, mais ils n'essayent pas de pervertir l'humanité comme le font les sorciers ou les vampires. Les loups-garous, c'est encore autre chose vu que je vois ça comme une malédiction. Les fées, pour moi sont abstrait dans le sens où je ne suis pas étonné que ça existe finalement, mais j'en ai jamais rencontré. Pour moi le cœur du problème réside dans les deux première races citer. Trop de tentation pour de simples mortels. Je sais qu'on naît sorcier, mais la magie est source de pouvoir et qui dit pouvoir dit responsabilité que tous n'ont pas forcément. Je sais qu'ils ne sont pas tous aussi mauvais que je le pense, il n'y a qu'à prendre le cas de Neiza, mais s'il y avait plus de sorcier comme elle, peut-être que les choses iraient mieux. Puis je décide de changer de sujet et lui demande quel était la première créature qu'elle avait tuée. Elle n'était pas forcée de m'en parler bien sûr, mais ça valait un sujet de conversation comme un autre. Après tout, en dehors de ces rondes que nous faisons ensemble au gré du hasard, on ne se voit pas souvent. Je souris et pose mon regard sur elle, c'est amusant de voir que finalement nous sommes capables, durant un petit moment, d'avoir une conversation normale, comme deux personnes civilisées. Elle m'expliqua que c'était un loup et qu'elle s'était sentie obligée de le faire, malgré son peu d'entraînement et son jeune âge. J'eus un léger sourire, essayant d'imaginer Luna lors de son premier combat sans vraiment y parvenir. À mes yeux elle était une bonne combattante, sinon, je suppose qu'elle n'aurait pas survécu. Il faut aussi une sacré bonne dose de chance également. " Un loup également." J'eus un moment de silence avant de reprendre en grimaçant légèrement. " C'était un voisin, je le connaissais un peu et le tuer n'a pas été facile." On ne s'y habitue pas réellement au final. Je pense que je pars du principe que je dois faire ce que je fais, je n'en retire aucun plaisir particulier. Je ne peux pas en dire autant de certaines personnes. On arrive à un petit croisement et je m'arrête, poussant un léger soupir. " C'est pas que tu sois de mauvaise compagnie, mais il est tard, en plus c'est le calme complet. J'pense qu'on peut se séparer sans crainte." Légère pointe ironique. Je fais quelques pas sur la gauche pour retourner à mon appartement. Demain, la journée allait être longue, il fallait que je dorme un peu quand même. " A la prochaine et... Fais gaffe à toi, ça m'emmerderait de savoir que je ne pourrais plus avoir de joutes verbales avec toi..." Je lui souris une dernière fois et m'enfonce dans la nuit dans la direction opposée à la sienne.

Morgan & Luna

We are the same

Vous inventez, créez des scénarios tous plus surréels les uns que les autres mais quand on connait le monde dans lequel vous vivez, rien n’est étonnant, rien n’est surprenant. Les Terrestre aux côtés des anges qui eux, se battent pour leur survis, qui ont mis le genou à Terre face à des créatures que dans les temps anciens, le monde craignait. Toi, tu es l’esprit entre deux, tu ne sais pas quoi faire et penser en réalité parce que tout t’échappe. Personne ne devrait être laissé de côté mais les trahisons s’enchaînent, les trahisons sont cruels avec les êtres chers et toi, là, tu subis ta propre vie sans pouvoir y faire quoique ce soit. Les gens ne peuvent pas être aussi cruels naturellement, c’est ton monde qui l’est, qui ne fait de pitié à personne. Tu l’observes un bref instant, soupirant parce qu’il a raison. Tu étais jeune quand tout ceci s’est produit. Six ans et quelques, tu arrivais seulement à Rome, tu cherchais encore ta place auprès de ta famille adoptive et là, te voilà propulsée dans un monde sans plus aucun secret ou le jugement était presque dans chaque regard que tu croisais. Pour une enfant, c’était horrible, c’était terrible de savoir qu’à chaque coin de rue, les gens pourraient savoir ce que tu es alors qu’un an plus tôt à peine, l’ignorance leur allait bien. « Vous avez vécu des années dans l’ignorance, préférant ne pas voir ce qui se trouvait juste sous vos yeux alors permet moi de douter. S’il n’y avait pas eu une guerre en pleine rue, je suis certaine que jamais les Terrestres n’auraient cherché plus loin que le bout de leur nez. » Tu ne juges pas, pas vraiment en tout cas mais te contentes juste d’énoncer une vérité. Tu n’aimes pas plus ça que lui et pourtant, tout ce que tu sais, c’est que c’était plus simple quand son espèce n’entrait pas dans l’équation. Avant c’était juste le sang angélique contre le sang démonesque mais là, il y a ce plus qui s’ajoute, ce plus qui fait que vous devez constamment faire attention à ce que vous dites, à ce que vous faites. Tu essayes de garder ton sérieux, de répondre aussi alors que bien souvent, quand une conversation te dérange, tu préfères fuir loin et ignorer. C’est ta méthode de survis bien à toi et on finit par s’y faire mais là, dans cette nuit noire où on perçoit à peine les ombre, tu choisis de jouer franc jeu avec lui. Tu as déjà tué et tu regrettes. Tu étais jeune, tu t’en souviens pourtant comme si c’était hier. Tu revois la souffrance dans ce regard d’implorant d’y mettre fin. Tu ne voulais pas, tu ne pouvais pas d’abord jusqu’à ce qu’il te prenne la main et que tu comprennes que c’était trop tard, qu’il préférait mourir plutôt que de se transformer en un loup. Peu de gens connaissent cette histoire parce qu’aujourd’hui encore, tu as honte de ce que tu as fait, honte du soulagement que tu as ressentis une fois que tu eus finis. Et c’est pour ne pas y repenser que tu lui demandes, lui, s’il a déjà tué. Aujourd’hui, commettre un meurtre c’est presque devenu une banalité, c’est presque normal. tu ne sais pas si tu es rassurée que lui aussi ait tué un loup mais ça te fait sourire, vous n’êtes pas si différent que vous pouvez le prétendre, aussi emmerdant simplement. Tu portes un coup d’oeil à l’heure quand il te parle de ta compagnie, qu’il est tard et tu réalises qu’il a raison et que tu n’as pas vu le temps passer. « Merde je vais être en retard... » En retard, pas vraiment, mais tu essayes d’avoir des heures correctes pour rentrer chez toi et ne pas inquiéter plus que nécessaire Ezekiel qui s’en fait déjà bien trop pour toi. « A bientôt Morgan. Enfin pas trop vite, laisse-moi le temps de me remettre de cette rencontre. » C’est comme ça entre vous, c’est facile et sans prise de tête parce que si vous deviez vous battre vous aussi, tu n’es pas sûre que tu pourrais continuer de supporter ce monde dans lequel vous vivez.