La tombe de nonna était comme toujours pleine de fleurs, la vieille dame ne manquait pas d’admirateurs en ville et malgré son décès il y a plus de dix ans maintenant, beaucoup étaient ceux qui venaient prendre soin de sa dernière demeure. Il fallait avouer que la grand mère de Rosalina avait été une véritable figure publique de Rome à son époque, première restauratrice à ouvrir son restaurant à toutes les créatures confondues, fervente militante d’une égalité, en somme toute relative, entre les races, femme de poigne et de pouvoir. A sa manière Rose tentait de lui faire honneur même si elle doutait arriver un jour à sa cheville. Ce jour-là ce n’était pourtant pas en quête de conseils qu’elle n’obtiendrait pas que Rosalina était venue se recueillir sur la tombe de sa grand-mère. Elle souhaitait seulement se retrouver au plus près de celle qui l’avait élevée comme si le réconfort pouvait lui être apporté par sa présence en ces lieux. Profondément croyante et ce même si les évènement des dernières années lui donnait maintes preuves que ses croyances n’effleuraient qu’à peine la vérité, la blonde pensait qu’elle pourrait presque sentir l’âme de la femme de sa vie en se recueillant. Ainsi, lorsque la situation devenait hors de contrôle, elle venait puiser un peu de force à ses côtés. Ces derniers temps elle en avait eu plus que besoin, l’attentat à la fête du renouvellement avait laissé des traces en ville et si elle n’avait pas été physiquement blessée, la biche, malgré ce qu’elle voulait laisser entendre, cauchemardait toujours à propos de cette soirée.

Sur la stèle l’épitaphe lui rappelait sans cesse qu’à l’enterrement la biche était seule face au cercueil. Pas de famille, pas de proches, pas de parents pour la soutenir et dans les allées de ce lieu de recueillement deux noms qui manquait définitivement à l’appel. Rosalina n’avait pas l’habitude de penser à ses parents et encore moins à la manière dont ils avaient subitement disparu, elle préférait se dire qu’ils étaient encore quelque part, certainement était-ce un peu naïf.
Après quelques minutes de recueillement et une dernière prière la jeune femme se redressa et reprit le chemin de son foyer. Là-bas, son fils l’attendait et lui permettrait de sortir des méandres de la nostalgie de son passé. Heureusement qu’il était là, heureusement qu’elle l’avait pour la maintenir du bon côté.

Tandis qu’elle parcourrait les allées elle remarqua un homme emmitouflé dans un épais manteau. Il ne lui fallu pas longtemps pour le reconnaitre, elle connaissait cette silhouette par coeur malgré les années qui étaient passées. « Clyde. » Le ton n’a rien de chaleureux tandis que la biche met un nom sur cet homme qui se trouvait non loin d’elle dans l’allée du cimetière. Parcourant les quelques mètres qui les séparaient l’un de l’autre elle se trouva nez à nez avec l’homme : « Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t’elle en passant une main dans ses cheveux blonds que le vent renvoyaient sur son visage. « Tu me suis jusque dans les cimetières maintenant ? » Elle croisa les bras sous sa poitrine un air revêche au fond des pupilles, attitude caractéristique en la présence de l’homme, comme un moyen de se protéger, de se préserver. Elle ne peut néanmoins s’empêcher de scruter les traits de son ancien amant d’un regard attentif trouvant sans cesse des similitudes avec son visage et celui de ton doux Lucca. L’enfant grandissait à vue d’oeil et ressemblait de plus en plus à son père même si la jeune femme réfutait toute question concernant la paternité du gamin. Elle savait qu’un jour la vérité finirait par éclater, Lucca posait des questions auxquelles sa mère refusait encore de répondre, mais elle lui devait bien de savoir elle qui ne savait que trop bien ce que c’était de grandir sans père.