avant la guerre - 1993 - 1999
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« C’est comme si elles étaient tombées amoureuses, elles ne se lâchent plus. »

L’instructeur lance un coup d’œil aux deux jeunes bambins qui courent dans tous les sens, une réserve d’énergie inépuisable. Vega vient de revenir à Rome après quelques mois passés à Monaco. Le rocher attendra : l’instruction, elle, ne peut pas. Daniela vient récupérer sa fille après un nombre incalculable de rendez-vous concernant le retour des Grimaldi sur le sol italien. Elle jette un coup d’œil rapide à la tornade brune qui se déchaîne avec sa nouvelle amie, une inconnue qui n’est pas issue d’une grande famille de Chasseurs d’Ombre et orpheline qui plus est. Néanmoins, Vega semble apprécier sa compagnie et il serait cruel de la séparer du seul élément qui la fait se sentir chez elle sur ses propres terres.

« Comment s’appelle-t-elle ? »
« Sorabella. »

La petite blonde s’élance, gracile, vers son amie. Il est évident que contrairement à Vega, elle saura combattre sans le moindre effort. On peut deviner à ses mouvements et d’un simple coup d’œil qu’elle fera un Shadowhunter d’exception. Peut-être aurait-elle une bonne influence sur Vega.

« Parfait. Je veux qu’elles s'entraînent ensemble. »
« Ça sera fait. »

Les deux jeunes filles sont ensuite ramenées à l’ordre, il est temps de se calmer. Par ce simple échange, la vie de Sorabella aura été changée, au moins autant que celle de Vega. Leur destin était déjà tout tracé : prise sous l’aile des Grimaldi, Sorabella aurait un avenir plus radieux qu’elle aurait pu l’imaginer et avait gagné une sœur de cœur avec qui grandir.

the first strike - 2003
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« Vega, Sorabella, restez en arrière ! Ne sortez sous aucun prétexte ! »

Les gamines sont entraînées dans une pièce reculée, les cris déchirent le silence, les lames qui s’entrechoquent font sursauter et font naître des frissons dans la colonne vertébrale de la petite Grimaldi. Ce n’était pas censé se passer comme ça. Quelque chose ne va pas. Du haut de ses six ans, Vega comprend bien vite que sa survie mais aussi celle de ses parents sont en jeu. Elle et son amie sont cachées, armées d’un poignard séraphique trop grand pour leurs petits poings encore enfantins. Sorabella est moins effrayée que son amie, prête à en découdre si quelqu’un réussit à accéder à cet endroit avant l’évacuation. Tout le monde est bien trop occupé à protéger l’Institut mais de toute évidence, rien n’empêchera leurs ennemis de le faire s’effondrer.

« Ne t’en fais pas, Vega. Si quelqu’un entre, je te protège. Je te protègerai toujours ! »

Leurs mains mêlées tentent faiblement de se rassurer. Par la fente de la porte, la petite voit les créatures obscures envahir les lieux, déchaîner leur colère. Voir des crocs sur un livre est toujours moins effrayant qu’en vrai. Voir du sang éclore sur la poitrine des siens, comme une fleur couleur carmin, est d’autant plus terrible. Ce n’est pas un règlement de comptes : c’est déchaîner sa colère et sa rancœur retenue depuis trop longtemps, se venger des mauvaises personnes et répondre à la haine par la haine.

« Il faut qu’on s’en aille, Bella. Il faut qu’on s’en aille, vite, j'ai peur... j'arriverai jamais à me battre, moi. Je peux protéger personne. »

Impossible de bouger, impossible de se défendre. Face à autant d'impuissance, Bella vient serrer son âme sœur contre elle.

« On va venir nous chercher. On va y arriver. On est toi et moi. »


growing strong - 2003 - 2017
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« Sale gosse… »

Écrasée au sol par la botte de son amie, Vega est contrainte de se rendre. Sorabella sourit, ricane et vient saisir le poignet de la Grimaldi.

« Il faut que tu arrêtes d’essayer de prévoir mes mouvements. Quand quelqu’un est en situation de détresse, il ne va pas perdre son temps à réfléchir, il va juste te sauter à la gorge. »

Vega hausse les épaules et vient faire un croche-pied à Bella, la mettant directement au sol.

« Tu disais ? »
« Je n’en attendais pas moins de toi. » réplique la blonde en tirant la langue.

Avec un demi sourire, la brune aide son amie à se relever à son tour. Elles se fixent un instant, comme pour réaliser. Demain, malgré la guerre, terrés sous le Colisée dans le QG de la Rébellion, elles seront parabatai. Un engagement à vie, une évidence, même. Même Daniela et Emilio n’avaient pas eu l’air surpris de leur choix. Ils avaient entièrement confiance en Sorabella et ils savaient mieux que quiconque qu’elles n’en tireraient que des avantages : elles étaient comme la lune et le soleil. Opposées mais complémentaires. Sorabella était une combattante hors pair qui tentait de mettre Vega à son niveau. De son côté, la brune s’était construit une solide réputation tant sa répartie était acérée et souvent cruellement vraie. Elles avaient toute les deux participé à leur première mission ensemble avec un autre groupe de Shadowhunters et si Bella avait pu enfin prouver ses capacités sur le terrain, rien n’aurait été pareil sans l’esprit de meneuse dont Vega avait fait preuve. C’est elle qui avait concocté le plan : c’est elle qui en avait récupéré tous les écueils.  La cérémonie aurait lieu le lendemain, au coucher du soleil et suite à ça, elle serait un des duo de Chasseur d’Ombre les plus redoutables depuis le début de la guerre.

le décès de sorabella - décembre 2017
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« Je comprends pas pourquoi tu veux nous faire sortir maintenant. Bella, j’ai autre chose à faire. C’est le bordel avec cette nouvelle maladie et je suis pas certaine que ça soit sage de… »
« Shh. » répond Sora avec un geste de la main équivoque.
« Tu viens de me shh, là ? »

Le silence retombe dans la ruelle où elles se trouvent. Des bruits d’agitation. Quelque chose approche.

« Bella, arrête de faire ta gamine, on se casse au QG. J’ai un mauvais pressentiment. »

Les supplications de la Grimaldi s’évanouissent alors qu’une forme s’élance et la percutent en pleine poitrine. Projetée au sol, elle a le souffle coupé un moment et une douleur commence à naître sur sa nuque mais elle reprend rapidement ses esprits. Ses yeux s’habituant à l’obscurité, elle est dominée par un jeune homme dont les crocs acérés la ramènent quelques années en arrière.

« NEPHILIM. » grogne-t-il. Derrière lui, Sorabella a disparu, s’étant probablement lancée à la poursuite de ses complices.

« Bonsoir. Que me vaut ce plaisir ? » répond Vega, le plus calmement du monde. Aussitôt, elle décroche son poing et fait rouler son opposant sur le côté ; elle tente de se saisir de sa lame séraphique tombée un peu plus loin mais c’est inutile. Le vampire la saisit par le poignet, essayant de la clouer au sol pour l’empêcher de récupérer sa stèle.

« Saloperie, c’est vous ! Tout ce qu’il se passe, c’est vous ! »

Evidemment. Elle s’y attendait. Balançant sa jambe pour réduire la distance entre eux, Vega roule sur le côté et saute immédiatement sur ses pieds.

« Si tu savais comme j’aimerais que t’aies raison, sangsue. Si tu savais comme j’aimerais te faire cracher du sang par tous les trous, là. »

Un petit air malin, une pique acérée. Il n’en faut pas plus au vampire pour charger alors que la Grimaldi s’est saisie de sa lame et engage également les hostilités. La lame traverse la poitrine du mort vivant qui tombe en cendres. La jeune femme se redresse et sort sa stèle, avec laquelle elle trace une rune de guérison rapide avant d’essayer de rejoindre Bella.

« Bella ?! »

Soudain, Vega s’effondre, traversée par une violente douleur. Sa rune. Sa rune de parabatai, encrée sous le sein. Elle brûle. Elle est douloureuse. Un cri naît du plus profond de ses entrailles alors qu’elle a l’impression qu’on lui arrache son cœur à pleine main. Et alors que la douleur semblait durer des heures, qu'elle se sent mourir, finalement tout s’arrête. Le monde devient froid, silencieux. Et Vega sait : Bella est partie.


until then, may we meet again -  2018
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Le corps de Sora n’a jamais été retrouvé. Pourtant, la rune de Vega atteste bien de son décès. Elle ne pourra plus jamais la voir. Plus jamais lui parler. Les premiers jours, elle était restée dans un mutisme effrayant, comme si elle était vide. Ses parents, sa famille avaient été incapables de lui tirer quoi que ce soit ; un rapport avait été fait pour la Rébellion et il a été dit que Sorabella était tombée au combat. Des enquêtes avaient été lancées, ne serait-ce que pour soulager Vega de toute ses questions. Que s’était-il passé ? Comment était-elle morte ? Ça avait été si douloureux. Si horrible. Quelque chose s’était brisée en la jeune femme. Une partie d’elle était morte ce jour-là. Plus que jamais, Vega s’est donnée à la Rébellion. C’était tout ce qu’il lui restait de par sa famille mais aussi de Sora ; car c’était elle qui y croyait le plus. Elle avait changé, Vega. Elle n’était plus si enjouée. Pour elle, tout avait le goût de cendres et s’enivrer devenait parfois nécessaire pour calmer la douleur. Elle avait perdu son but. Elle avait perdu son âme sœur.

Quelque part, ça l’avait aidé à se construire son image de redoutable stratège. Peu de gens avaient réussi à transpercer sa carapace pour réaliser qu’elle était en réalité une jeune femme brisée : la plupart la voyait comme une intimidante personnalité. Radicale. Cruelle. Déterminée. Sa haine des Créatures Obscures s’est concentrée sur les vampires, elle qui est persuadée qu’ils sont la cause du décès de Sorabella. Elle n’aura jamais la réponse, alors pour calmer la peine, elle se prépare à la guerre.