L’absence. Peut-elle nous vriller l’âme de son silence? Peut-elle meurtrir un coeur jusqu’à le rendre amer? Peut-elle devenir une arme qui gratte et lisse l’innocence de l’enfance?
Tezeryn Nichols. Son père était mort. Elle n’avait pas encore un an quand sa mère lâcha le combiné. Un souvenir qui aurait du disparaître mais qui s’était pourtant incrusté dans sa rétine. Un hurlement s’éleva alors si fort qu’elle s’était recroquevillé dans un coin, l’incompréhension faisant place à la peur qui lui tambourinait le ventre. Sa mère avait mal. Elle devint inconsolable. Et c’était elle - gamine qui savait à peine se mouvoir - qui vint la consoler. Qui vint se saisir de son visage entre ses mains, ses prunelles bleutées cherchant refuge dans celles maternelles. Mais en vain. La désolation venait d’élir domicile dans l’âme de Claudia Nichols.
Il n’y a que la vengeance qui la releva. Une vengeance qu’elle chercha à mener, plaçant sa fille auprès d’un internat privé et secret, ayant pour vocation de créer les espions de demain. L’enfant sachant à peine marcher se retrouva privé d’affection. La solitude devenant son sanctuaire, sa maison, tandis qu’autours d’elle tout sembla aller bien trop vite. À l’image de ses pensées, de son intelligence qui ne trouva grâce qu’auprès des ordinateurs. Rapidement, les soeurs qui tenaient cette école remarquèrent ses aptitudes et l’encouragèrent. Mais elle n’était pas là pour devenir un rat de laboratoire. Sa mère avait payé pour que sa fille soit exemplaire, au même titre que les espions que son mari et elle-même avaient toujours été.
Les arts martiaux devinrent ses rituels quotidiens. Les armes tranchantes et à feu arrivant bien plus tard dans son éducation. Tous s’évertuaient à faire d’elle une arme à tuer, mais aussi une arme à se camoufler, à s’infiltrer, à extraire l’information de n’importe quel endroit, de n’importe quelle machine et surtout à n’importe quel prix.
Bien sûr, elle n’était pas seule. Elles étaient plusieurs adolescentes puis jeunes adultes à sortir de cet internat et à obtenir le poste béni “d’employé pour le gouvernement”. Mais ce que son badge disait, en filigrane, c’était “Secret Intelligence Service”.
Ce qui faisait son fort à Rose était sa capacité à être douée physiquement, et à avoir une intelligence hors paire. Ses capacités de hacker notamment lui était très utiles dès qu’il y avait un système de sécurité en place.
D’après son profil psychologique c’était son relationnel qui était affecté. Mère absente durant l’enfance et morte lors d’une lutte avec des Nephilim. Elle avait appris l’existence de ses derniers depuis une affaire où elle s’était bien rendue compte que son adversaire possédait des compétences qui lui échappait. Ce fut à ce même période qu'elle fut amenée malgré elle à passer des test, sans qu'elle ne le sache de la part des anonimato. C'est par eux qu'elle apprit la vérité, avant les années 2000, quand tout fut révéler. Suite à cela, elle n’eu de cesse de chercher un sens à la mort de son père...qui l’avait amené à se retrouver cadenassée à l’intérieur d’elle-même. C’est un miracle si aujourd’hui elle comptait non pas un, mais deux hommes dans sa vie.
Mais pour en arriver là, elle fut d’abord mandaté sur plusieurs missions à travers le monde afin de récolter les informations dont ses supérieurs avaient besoin. Il lui suffisait de peu de renseignements pour mener à bien l’objectif ce qui lui valut rapidement de monter en grade, travaillant en équipe, mais se chargeant toujours des moments les plus à risques. Cette tendance à prendre des risques sembla même redoublé quand l’existence des créatures obscures fut connue de tous. Jusqu’à présent, cela était tu au sein de son organisation, et ses propres recherches lui avait fait mettre la puce à l’oreille quant aux origines de son père. Personne ne semblait vouloir le lui dire avec exactitude mais elle savait qu’il n’avait pas été un simple humain.
Malgré ses recherches incessantes, elles n’obtenait rien de ses supérieurs et ce fut d’abord sur un coup de tête qu’elle s’envola à Rome pour un congé bien mérité. Rose n’était pas habituée au repos. Elle savait qu’elle trouverait à Rome des anciens coéquipiers qui lui parlèrent de la Brigade de la nuit qui était en préparation. Une Brigade qui maintiendrait l'ordre parmi les créatures obscures...voilà qui l'intéressait, même de façon plus personnelle.
Ces anciens collègues avaient eux-même échoués les tests, mais rien que le fait de savoir que rejoindre une telle brigade demandait à prendre d’énormes risques la fit passer à l’action! Elle avait parfois ce côté spontané, limite tête brûlée. Elle cherchait en vérité à rencontrer la mort pour sentir la vie battre dans sa poitrine. Ce calme, cette placidité, qu’elle affichait sans cesse n’était qu’un masque façonnée à travers les années.
Elle prit énormément de plaisir à passer deux ans de sa vie à performer jusqu’à ce qu’on lui accorde une place au sein de la section des informations - son passé oblige - et que très vite en raison de ses capacités d’observation, de raisonnement et de hacker, elle se retrouve bras droit auprès de Giacomo. Malgré leur différence notable, ils réussirent à trouver un équilibre et elle ne s’offusqua jamais de ce surnom qu’il lui offrit à la dérobée: “Falco”. Quelque part cela lui plaisait. Lui correspondait. Elle préférait lui laisser les belles paroles tout en veillant à ce que tout se passe comme prévu. Mais elle savait aussi que celui qui manie l’humour est bien plus dangereux qu’il n’y paraissait. Ainsi, elle avait un certain respect envers cet homme que beaucoup prenait pour un pantin.
C’est dans le même temps, il y a désormais quatre ans, qu’elle rencontra Landon. Une rencontre anodine. Elle savait qu’il était doué de ses mains. Elle connaissait ses origines. Et pendant qu’il dessinait sur son flanc, elle l’observait. Toujours sans un mot. Ils étaient superflus. Elle fut rapidement captivée par la présence du fée mais sans jamais rien lui dire. Elle avait toujours tu ses désirs quand ils avaient un quelque chose d’autre. Cet “autre” auquel elle n’avait jamais goûté de peur de s’étouffer. Cet “autre saveur” qu’elle avait toujours laissé aux princesses, à celles qui n’avaient pas du consoler leur mère avant de partir en enfer. Mais de cela elle ne parla pas. Pas de suite. Il fallut qu’il l’invite à boire un café. Il fallut qu’il patiente pendant des mois avant qu’elle n’ose lui raconter ce qu’elle n’avait jamais dit à personne. Pour lui, elle se révéla douceur, sensualité et rêvasseries. Loin de son regard froid, de ses gestes absents et de ses mots cousus. Il était la clef qui l’avait ouverte à son propre coeur.
Et il resta cette clef. Il resta celui qui lui fit comprendre que Weyland, nouveau bras-droit de Giacomo, ne lui était pas indifférent. Elle était toujours subjuguée par Landon. Par sa capacité à lire en elle. Par sa façon de prendre soin d’elle. Tous les autres ne le comprenaient pas. Ils ne voyaient en elle qu’une femme d’action, impitoyable...et en lui qu’un homme trop naïf, trop amoureux. Mais ils ne savaient pas les fous. Ils ne savaient pas qu’elle l’aimait aussi. D’une profondeur qui lui donnait le vertige.
Mais il y a donc eu Weyland aussi. Weyland qui lui ressemblait tant mais qui était son collègue. Il devait rester son collègue. C’est ce qu’elle croyait. Mais Landon savait. Il avait su depuis le commencement. Et à ce moment-là quand Weyland débarqua, les découvrant enlacés dans leur lit de satin, le temps sembla s’arrêter. Landon l’invita à les rejoindre. Et ce fut comme s’ils étaient enfin complets. Ensemble. Trois âmes qui s’évertuaient à créer une musique enivrante. Trois âmes dont le coeur s’unissait en un unique battement.
Ce fut l’étincelle. Le point de départ d’un amour vibrant. C’était si naturel qu’il lui fallut quelques mois pour se poser et apprécier. Tout avait été si vite. Mais tout s’était posé. Pour le moment. Landon était là. Il veillait. Elle le savait.
Cela faisait maintenant trois mois qu’ils vivaient tous ensemble. Elle n’avait aucun mal à en parler. Aucun mal à les aimer. Rome était assez pudique pour qu’elle ne s’entiche pas de telles considérations.