« Maman ! » Les sourcils de la demoiselle se lèvent alors qu’elle sent de petits bras s’accrocher à son mollet et un petit être contre ses jambes. Perdu et sans doute apeuré. C’était le dur destin des enfants en promenade avec leurs parents en général. Rome était une grande ville et se perdre avec un petit n’était pas étonnant. Surtout dans le centre historique comme le Capitole. Elle a bien du mal à tourner sur elle-même la sorcière finalement. En fait, elle n’était pas certaine de réussir à se défaire de l’étreinte jusqu’à ce que ce soit le petit garçon qui passe devant elle. Elle tente de sourire et se s’accroupir devant lui, alors qu’il déchante et que des larmes commencent déjà à trouver le chemin de ses iris. « Eh, petit homme, ne pleure pas. » Tente-t-elle de dire maladroitement. Olympia n’avait eu dans sa vie qu’Alexandre et encore elle était sa marraine pas sa mère et cela datait d’un peu plus de quatre cent cinquante ans. Et elle pose une main sur sa petite épaule, sortant d’un sac à main un mouchoir en papier. « Tiens mouche toi et essuie tes larmes de crocodile. Tu as perdu ta maman c’est ça ? » Question qui ne demande pas de réponse, après tout s’il avait demandé sa mère c’est qu’il l’avait perdu. Et qu’elle devait être grande mince et blonde sans l’ombre d’un doute. Le petit bout fait évidemment oui de la tête alors qu’elle tente d’être réconfortante en lui caressant doucement le haut du crâne. C’était amusant d’avoir un enfant, si petit en face d’elle. À ne pas savoir quoi en faire. C’était un peu le problème, ce n’était plus le genre d’enfant qui amusait avec un cerceau ou bien avec des quilles contrairement à Alexandre. Ou bien à jouer la guerre. Tout était si différent de l’époque où Elena était encore en vie, ça lui faisait parfois peur cette différence, mais elle n’avait pas d’autres choix que d’accepter et d’avancer avec le temps, même si elle devenait un peu vieux jeu à voir toute la technologie ou d’autres choses. Mais l’avantage du Capitole, hormis que cela soit une véritable fourmilière à Touriste, c’est que la sorcière avait ses habitudes et ses petites idées de coins plus tranquilles ou veiller sur le petit homme en face d’elle. Et en plus de l’occuper, il sera plus facile de repérer la mère paniquée par la disparition de sa chaire. Elle sourit en lui tendant la main. « C’est quoi ton petit nom ? Moi c’est Olympia. » « Lucca. » Un autre petit sourire. « Ça te dit qu’on aille chercher quelques pokémons Lucca ? » Fit-elle en tendant fièrement son téléphone avec l’application lancée. C’était la dernière mode de cet été 2017 et ça avait le don de captiver les enfants, même la blonde. Elle n’y connaissait rien, mais ça la faisait sortir un peu de son appartement en général. C’était un petit sourire qui s’installe sur le visage du jeune garçon. Après tout, elle pouvait lui laisser le téléphone dans une main et tenir l’autre le temps de se rendre près d’une fontaine où il aurait tout le loisir de trouver des Pokémons aquatiques et une arène pas trop loin, de quoi l’occuper un peu plus long que la normale. Combien de temps cela a-t-il prit de bouger le l’endroit initial jusqu’à cette petite fontaine de quartier ? Une dizaine de minutes où elle avait scruté les gens, comme observé le garçonnet s’amuser sur son téléphone portable. Elle le prit sous les bras pour l’asseoir sur le rebord du trésor d’architecture antique dans leurs dos. « Alors bonne chasse ? » Question sans réponse finalement, il était bien trop absorbé à faire ce qu’il avait à faire de toute façon. Et elle n’avait pas d’autres jeux de téléphones malheureusement. Elle soupire un peu, tout allait bien, elle n’avait rien sur les bras qu’un sac rempli d’herbe médicinale pour ses potions, rien de bien lourd. Sinon, elle ne sortait pas ou encore mandatait un de ses sorciers pour lui en procurer. Jusqu’à ce qu’elle lève les yeux vers une autre blonde qui semblait chercher à gauche et à droite. Paniquée sans aucun doute. Olympia se lève, faisant un grand signe. « Madame ! » Elle ne savait pas vraiment comment l’aborder, mais ça n’avait pas vraiment d’effet, jusqu’à hausser le ton et ajouter un vif. « Maman de Lucca ! » Le résultat était bien meilleur finalement alors que le garçonnet avait également relevé les yeux vers la personne qui arrivait à grands pas. Encore une folle histoire cette aventure…

Il lui avait suffit d’une seconde d’inattention et il avait soudainement disparu. Immédiatement, c’était comme si le monde de la biche s’effondrait. La prunelle de ses yeux, son plus grand amour, disparu, livré à lui-même dans la nature, potentiellement en danger. Son sang ne fit qu'un tour, elle suffoquait et sentait des larmes lui monter aux yeux : si seulement il l’écoutait lorsqu’elle lui disait de rester tranquille. Adieu la souriante et mesurée Rosalina, adieu aussi la calculatrice et autoritaire Bambi, il ne restait plus que la mère à la recherche de son fils. Il n’y avait plus aucune logique dans ses gestes et même ses recherches n’étaient pas plus organisées que celles d’une meute sans leader.  Elle traverse de part en part la place, entre et ressort de trop nombreuses fois du magasin où elle se trouvait quelques minutes auparavant, parcourait les ruelles de long en large dans un désordre rare avant de pénétrer sur la grande place du Capitole, noire de monde comme à l’habituelle. « Lucca, s’il te plait mon ange… Où es-tu bon sang ? » Elle n’avait même plus la force de crier, à quoi bon ? Personne ne l’entendrait et le petit encore moins. Paniquée, elle n’entendit pas immédiatement la voix féminine qui l’interpellait, ce ne fut que lorsque cette dernière prononça le prénom de son fils que la jeune mère se rendit compte que la voix s’adressait à elle. Elle fit volte face en direction de la femme à qui appartenait la voix et son visage s’éclaira soudainement. « Lucca ! » S’exclama-t’elle en reconnaissant la petite tête blonde qui se trouvait près d’une jeune femme blonde au bord d’une fontaine. « Mamma ! » Le bambin se redressa brusquement du muret sur lequel il était installé et vient se précipiter vers sa mère qui arrivait à sa rencontre d’un pas empressé : « Oh mon dieu Lucca tu es là ! » Le gamin se colle à ses jambes et la jeune blonde a grande peine à l’en faire se détacher pour s’accroupir à son niveau : « Par tous les saints, qu’est-ce qu’il t’as pris de partir comme ça, tu imagines à quel point j’ai pu avoir peur ? » Murmure-t’elle la voix légèrement rauque à force d’avoir couru aux quatre coins de quartier, tout en prenant le visage de son angelot entre ses mains comme pour s’assurer qu’il était bien là et qu’il n’était pas blessé de quelconque manière. « Je suis désolé mamma… Y’avait un de mes amis je pouvais pas le laisser partir... » Reprend-il en baissant la tête l’air désolé et conscient de l’inquiétude que sa fuite avait déclenché. Mais ce n’était même plus important et la jeune blonde ne fit même pas attention à la phrase énigmatique du gamin : elle aurait dû mais sa raison était encore vacillante suite à l’évènement. L’étreinte de la mère était aussi forte que son inquiétude l’avait été quelques secondes auparavant. Enfin elle respirait à nouveau. « Ce n’est rien maintenant tu es sain et sauf. » La jeune mère pris le petit dans ses bras et se redressa finalement vers la protectrice de son enfant, elle était aussi blonde et élancée que Rosalina pouvait l’être, peu étonnant que le petit les ait confondues : « Oh pardonnez mon impolitesse, merci infiniment pour l’avoir gardé… » Dans les yeux de la jeune femme brillaient une lueur de reconnaissance qui valait tout l’or du monde : Rosalina n’était pas particulièrement du genre à remercier, elle préférait tout obtenir par elle même et ne rien devoir à personne. Mais lorsqu’il s’agissait de Lucca, c’était une toute autre histoire. Rien n’était plus important pour elle que la sécurité et la bonne santé de son fils. « Je ne sais pas ce qu’il serait arrivé si une bonne âme comme vous ne l’avait pas trouvé. » Le regard de la jeune femme glisse quelque seconde dans des songes cauchemardesques où son enfant était la victime d’un accident quelconque en ayant échappé à sa surveillance mais elle ne met pas longtemps à revenir sur terre, déposant un baiser sur le haut du crâne du petit. Son regard croise à nouveau celui de la blonde : « Puis-je vous remercier d’une quelconque manière ? Je vous en prie. » Demanda-t’elle avec un léger sourire. La bonne samaritaine accepterait surement d’être remerciée, Rosalina n’espérait que cela ne serait-ce que pour compenser d’un millième le geste sans égal qu’elle avait fait.

Voir vivre une mère et son enfant, il y avait là des regrets plus profonds en elle, mais la blonde a tout de même cette pointe d’envie et cette autre de jalousie qui se réveille au creux de son ventre. Elle n’était pas faite pour ce travail elle, elle ne pourrait jamais avoir son petit être à elle, car elle était loin d’être féconde, elle n’avait pas ce privilège, alors voir les autres avec des enfants avaient deux issues : elle jalousait ou bien elle était émerveillée. Aujourd’hui, elle était les deux à la fois. L’étreinte, la joie de se retrouver l’un et l’autre, c’était émouvant, mais ça pouvait aussi la faire vomir si ça durait, elle aurait tellement voulu le connaitre plus avec Alexandre, mais elle était partie alors qu’il avait sept ans, elle n’était même pas certaine que son filleul s’était souvenu d’elle. Jusqu’à ce que finalement les mots du petit Lucca viennent heurter son oreille. Des amis imaginaires, qui n’en avaient pas finalement ? Pour Olympia, même les ombres étaient des amis tant elle était une âme solitaire depuis des siècles. Mais elle se contente de sourire quand la blonde, aussi élancée qu’elle se redresse avec le petit dans les bras. « Oh pardonnez mon impolitesse, merci infiniment pour l’avoir gardé… » La Grande sorcière relève sa main, le téléphone dans sa paume. « Ce n’est rien, vous savez avec ça, il est tout de suite plus facile de les maintenir calmes, enfin je crois. » C’était simple, les concepts d’éducation de la sorcière remontaient au moyen-âge français, ce qui était on ne peut plus différent de l’époque dans laquelle elle se trouve, les enfants rois étant bien plus nombreux en Italie que dans les autres pays d’Europe, les mi amor qui fusaient ici et là. Alors quand il s’agissait d’un garçon, ça semblait encore plus délirant. « Je ne sais pas ce qu’il serait arrivé si une bonne âme comme vous ne l’avait pas trouvé. » Elle a un petit regard en coin sur le garçonnet dans les bras de sa mère. « Sans doute rien, son imagination semble le protéger n’est-ce pas ? » Elle était curieuse, mais s’il suivait des amis imaginaires, soit ce petit avait la double vue et il était utile pour l’avenir, soit il était un génie créatif. Ce qui dans un cas comme dans l’autre était intéressant pour la blonde, l’art et le Consul étant des priorités dans sa vie de Grande Sorcière. Mais elle est attendrie par les moments d’affection, elle qui n’avait trouvé une affection paternelle que dans les mots du père d’Onyx, quelques minutes avant son trépas. Être aimée, c’était un concept qui la dépassait on ne peut plus souvent. Mais elle faisait mine de comprendre, la comédie étant travaillée depuis des siècles. « Puis-je vous remercier d’une quelconque manière ? Je vous en prie. » Olympia a un petit sourire également. Être remercié. « Présentement, il n’y a rien. » Elle se tait un instant. « Mais une aide dans le futur peut toujours être utile, comme pour garder un caniche lorsque je pars en vacances. » Elle rit. Le ton et le regard employé montrait bien qu’elle parlait d’autre chose, mais qu’est-ce qu’on terrestre pouvait bien y comprendre ? Elle reprend pourtant, doucement. « Cependant, votre prénom sera suffisant pour aujourd’hui, je ne voudrais pas abuser de vous, les enfants peuvent nous faire faire n'importe quoi, je le crains. » Un moment de tendresse alors que les marques de sa main se dévoilent, l’émotion trop présente dans le sang de la sorcière pour dissimuler plus longtemps sa nature alors qu’elle tapote le haut de la tête du garçonnet. « La prochaine fois, fais attendre tes amis hm ? Ta maman ne devrait pas s’inquiéter pour toi comme ça, ce n’est pas gentil, tu comprends ? » Elle n’était pas une mère, ni une figure d’autorité pour lui, mais elle voulait faire avec les autres petits ce qu’elle n’avait jamais fait avec Alexandre et ça lui brisait le cœur.