Louise n'arrivait plus à penser. Habituellement, les dimanche matin, elle s'entrainait avec Nathanaël, toujours. Cela faisait déjà plusieurs mois que ça ne se produisait plus et pourtant, le jeune nephilim n'arrivait toujours pas à s'y habituer. Son cerveau refusait d'accepter la séparation. Tout ce qu'elle avait envie, c'était d'entendre ses idées stupides, de voir son petit sourire narquois et de l'entendre blaguer à longueur de journée. La vie était devenue soudainement moins excitante depuis qu'il était parti. Puis, elle ne pouvait pas dire que c'était lui qui avait fui, puisque c'était elle qui avait refusé de devenir parabataï. Nathanaël n'avait jamais cherché à obtenir des explications, si bien que Louise avait fini par se sentir rejeter elle aussi. Le lendemain, il était déjà aux bras d'une autre fille. Goujat. Pas qu'il avait déjà été dans les siens de bras mais elle pensait que leur amitié avait eu un peu plus d'importance qu'une nuit d'oubli aux yeux du jeune homme. Elle soupirait en enfilant sa combinaison de combat noir, Louise. Tout ce qu'elle savait, c'est que cette tenue avait appartenu à sa mère plus jeune et qu'elle mettait ses formes en valeur ; les armes étaient facilement accessible et les mouvements pouvaient élastiques. Louise remonta la fermeture éclair jusqu'à son cou, puis elle attacha ses cheveux avec deux tresses. Cela faisait des mois qu'elle n'était pas allée s'entraîner un dimanche matin. Diaz répétait depuis une heure que c'était le signe qu'elle allait mieux, qu'elle passait à autre chose, et ça lui formait une boule terrible dans le ventre. Louise, elle voulait pas passer à autre chose. C'est le cœur lourd qu'elle quitta le dortoir, se dirigeant vers la salle d'entraînement, déterminée. Pour sortir de sa zone de confort, elle attrapa une longue lance avec des lames aiguisées à chaque extrémités. Ce n'était pas vraiment son genre, elle qui s'entrainait généralement à lancer de mini poignards. Aujourd'hui, Louise avait envie de pratiquer le combat corps à corps et elle avait envie de faire ça, seule. Pourtant, malgré sa concentration, son esprit ne pouvait pas s'empêcher de vagabonder. Elle se demandait où se trouvait Nathanaël actuellement, s'il allait bien... Elle s'inquiétait aussi. Comme la fois où il avait voulu provoquer sa propre capture pour retrouver les autres néphilims. Louise, elle avait eu si peur de le perdre, elle s'était mis tellement en colère. Ce fut certainement la première fois que la jeune Lovelace avait hurler aussi fort. Une boule se forma dans sa gorge rien que de penser qu'il ne lui reparlerait probablement plus de toute sa vie. Elle eut l'impression de tomber, Louise. Ça faisait mal. Il y avait maintenant entre eux toutes ces choses non dites, ces malentendus, ces obstacles insurmontables. Louise, elle donnait des coups de plus en plus forts dans l'air de la salle d'entraînement, elle poussait des cris de fatigues parfois, elle s'acharnait avec ses poings sur le sac de boxe. Après une pause de quelques minutes pour s'abreuver, elle récupéra sa lance puis continua à frapper l'air de toute la colère qui surgissait dans son petit corps. C'est lorsqu'elle se retourna qu'elle fut brusquement arrêter par l'épée d'une autre personne. Son souffle se coupa soudainement, ses yeux s'ouvrirent ronds de surprise alors qu'elle n'osait plus bouger. Louise, elle n'arrivait pas à réaliser. Il se trouvait en face d'elle, le visage fermé, les yeux sérieux, la posture tendue. « Nate ! » Souffla-t-elle alors que celui ci renvoya un coup qu'elle bloqua de justesse. Ils restèrent de nouveau dans cette position, s'observant en silence. Son cœur allait s'arrêter.

Louise ne réussit pas éviter le coup de Nathanaël. Il y avait mit toute la haine dont il était capable envers elle. Sa gorge se ressera, retenant les larmes qu'elle n'avait pas le droit de laisser couler sur ses joues face à lui. Pas déjà. Louise observa la lame s'arrêter tout près de son front. A croire que l'homme en face d'elle pourrait la posséder en tout point, son coeur comme son corps, sa vie. Elle avala sa salive avec difficulté, Louise. Les jointures de ses mains commençaient à la faire souffrir, devant de plus en plus à mesure qu'elle serrait le milieu de sa lance, une lame à chaque extrémité. Louise, elle ne regardait que son arme et ses pieds, se refusant de lever les yeux vers son visage. Elle trouvait trop dur de plonger son regard dans le sien, elle craignait par dessus tout de ne pas réussir à contenir ses émotions si elle regardait Nathanaël dans les yeux. Louise savait que Nate la fixait avec un sentiment d'animosité ardent, autant qu'il avait pu souffrir lui même depuis des mois. Maintenant, elle ne savait plus quoi dire Louise. Les mots ne sortaient pas de sa bouche aussi facilement qu'elle ne l'aurait voulu. Après tous ces mois à regretter de ne pas avoir le courage d'aller le voir et de tout lui avouer, même encore aujourd'hui Louise n'y arrivait pas. Bordel. Elle se releva, quittant sa position de combat pour tourner sur elle-même, mettant une main dans ses cheveux. Ce fut lorsqu'elle se remit face à lui, croisant son regard par mégarde, qu'il lui adressa la parole. « Combien de fois t’ai-je dit de ne pas te laisser surprendre par ton opposant? Une créature démoniaque ne te laissera jamais de chance. » Louise, elle ne pouvait plus quitter ses yeux maintenant qu'elle y avait plongé son regard. Nathanaël la regarda avec mépris, un amusement mesquin sur le visage. Elle se sentait mal, Louise, parce qu'elle savait à quoi ressemblerait la suite de leur conversation. Ce serait un amas de cris, de larmes, d'incompréhensibles révélations. De sentiments non avoués. Parce qu'elle savait, Louise, qu'elle ne serait pas capable de lui dire toute la vérité. Elle savait, qu'elle ne serait pas capable de lui avouer ce qu'il représentait pour elle. La jeune chasseuse d'ombres répondit au nouveau coup qu'il lui lançait, semblant ne pas du tout prendre en compte le fait qu'elle pourrait se blesser, ne maîtrisant pas l'arme avance laquelle elle s'entraînait. Bien sur qu'il n'en avait rien à faire. Pourquoi ferait-il attention à elle, alors qu'elle l'a abandonné il y a plusieurs mois déjà. Louise l'observa un instant, reprenant son souffle. « Sauf que tu n'es pas une créature démoniaque. Puis toi, tu me prends par surprise sachant que je m'entraîne avec une arme que je ne maîtrise pas. Comme si j'allais aller en mission avec une lance... » Répondit-elle aussi sèchement qu'il lui avait adresser la parole. Elle se flagella intérieurement pour prendre ce ton. Louise avait conscience qu'elle avait fait beaucoup de tord mais parfois, c'est lui qu'elle aimait blâmer pour ne pas avoir chercher plus loin. Pour ne pas avoir essayer de la retenir. Plus fort. C'était un étrange sentiment que de se retrouver en face de l'être aimé, sachant pertinemment ne pas encore avoir la force d'engager une conversation cordiale sans laisser un flot de sentiments s'épancher. Peut-être était-ce ce dont ils avaient besoin, ces cris et ces larmes, pour enfin pourvoir débloquer cette situation insoutenable. Elle reprit la position de combat, attaquant Nathanaël avec autant de hargne qu'il le faisait depuis le début, des bruits sortant de sa gorge. Tous deux, ils s'engageait vers le début d'explications compliquées, tous deux ils avaient quelque chose à prouver. Tout deux, ils s'aimaient alors qu'ils ne le pouvaient pas, aveuglés par cette vie trop compliquée pour leurs jeunes âges. Louise, elle observait le jeune homme en face d'elle, malade d'amour. Son regard changea devenant de plus en plus énervé, elle pouvait voir la haine au fond de ses pupilles, elle pouvait voir à quel point elle l'avait blessé en l'humiliant devant toute sa famille. « Alors, t’arrives à la prouver ta valeur maintenant que tu m’as rayé de ton existence? » Cracha-t-il presque à son visage, continua le combat jusqu'à que Louise le bloque et le repoussa violemment avec sa lance dans un cri de rage. Un bout de l'épée de Nathanaël avait écorché la peau de bras. Il se fichait donc d'elle à ce point, il détestait donc Louise au point de ne plus porter attention à ne pas la blesser. Elle l'avait tant fait souffrir. Putain. Elle l'avait changé, même. Au fond d'elle, Louise elle n'y croyait pas trop, elle ne pouvait pas penser qu'il était si en colère. La jeune fille s'éloigna de lui, le regard noir, comme si tout était de la faute de Nathanaël de ne pas avoir chercher plus à régler la situation avant que tout empire. Comme si c'était sa faute à lui, à force de fermer les yeux, d'aller voir toutes ses filles, de ne pas comprendre... Comme s'il avait pas fait d'efforts. Goujat. Alors que Louise, aussi, elle, elle l'avait abandonné lâchement. Elle avait fuit. Sa respiration se faisait plus rapide, elle commençait à panique, Louise. Ses larmes avaient envie de couler mais elle retenait et à la place, ses son sale caractère qu'elle laissait sortir, c'est sa colère. Sa frustration. C'était plus facile. « Que je t'ai rayé de mon existence ? Tu te fous de qui, Nate ? J'ai refusé d'être ta parabataï, je l'ai fait pour nous justement. Je ne t'ai pas rayé de mon existence mais toi, toi t'as jamais chercher à comprendre. Alors, c'est qui, c'est qui vraiment, qui a rayé l'autre de son existence à cause de sa frustration ? VAS-Y, REPOND. » S'énerva-t-elle avant de reprendre le souffle court. « Tu sais quoi, putain t'as raison ! Je m'en sors super bien sans toi, Nate. J'ai plus du tout à m'inquiéter pour toi et tes conneries... Tu crois que je trainais avec toi juste pour paraître plus forte ? Redescend sur terre, j'ai jamais eu besoin de toi comme ça. » Dit-elle en lui donnant un coup avec la lance, se fichant de le blesser, autant que lui s'en fichait.

« MAIS C’EST QUOI QUI VA PAS CHEZ TOI, PUTAIN?! » Louise regarde avec horreur la trace de sang sur la joue de Nathanaël. Sentiment surprenant, elle réalise son geste avec une vitesse hallucinante. Les remords qu'on peut lire dans ses yeux sont si puissants qu'elle a l'impression que des éclats sortent de ses iris. Nathanaël, lui, a l'air tellement en colère, hors de contrôle, qu'il ne s'en rend pas compte. Elle savait que son sang bouillonnant allait bientôt laisser sortir la bête. Les tremblements de rage s'empare de l'homme en face d'elle, Louise, elle se met à avoir peur. Bordel. Elle aurait jamais cru connaître ce sentiment envers son ami. Pas lui. Sa respiration devient saccadée, elle n'arrive plus à penser la jeune Lovelace. Elle attend, dans un silence terrifiant sa condamnation. « Mais t’as rien compris! C’est toi qui m’évite et qui agit comme si j’étais un simple inconnu puis tu m’engueules parce que j’avais trop de respect envers toi pour aller te forcer à endurer ma présence?! J’attendais comme un con que tu viennes t’expliquer et toi, t’as fais quoi?! HEIN?! T’AS FAIS QUOI?! RIEN. RIEN DU TOUT. » Elle recule, Louise. Ses jambes flagelles et tout son corps est pris de soubresauts. Soudainement, elle se sent stupide, Louise. Faible. Parce que sans lui, elle est faible. Sans lui, elle est plus grand chose. Il se rend pas compte de toute la place qu'il a prit dans sa vie. Elle ne sait pas quoi répondre, la jeune Lovelace. Elle voudrait lui crier son amour mais elle n'y arrive pas. Pas maintenant. Pas comme ça. Aujourd'hui, il avouait qu'il avait attendu... Lui, était capable d'avouer ses sentiments profonds et elle, ne pouvait pas sortir un son de sa gorge. Parce qu'elle avait peur. Elle se sentait lâche. Elle ne sentait pas être le genre de fille qu'il allait suivre, elle savait qu'elle l'était pas. Elle les voyait bien, toutes les autres, à quel point elles resplendissaient de beauté. Louise, elle était petite, toute fine, avec un visage carré et diabétique. Ironie du sort. Louise laissa tomber son bâton sur le sol dans un mouvement de colère en écoutant les paroles du De Santi. Ses mains se relevèrent vers sa tête alors qu'elle refusait d'en écouter plus. Elle s'agrippa les cheveux, en tournant doucement pour ne plus faire face à Nathanaël, poussant un juron pour compléter son geste. Elle sentait la tension qui émanait de son ancien ami avec une puissance indescriptible. Ça faisait mal, putain. Jusqu'alors, elle n'avait jamais réalisé à quel point elle avait pu le blesser. Elle n'avait jamais réaliser l'impact de son comportement et elle avait envie de pleurer toutes les larmes de son corps. Louise, elle avait peur d'avoir perdu Nathanaël pour toujours. Lorsqu'elle se tourna de nouveau vers lui, il était imprégnait d'un regard haineux, le corps en position de défense comme pour se protéger d'elle le temps d'attaquer à nouveau. Elle ferma les yeux un instant, se préparant mentalement à la réplique suivante. « T’as pas fait ça pour nous. T’as fait ça parce que t’es juste une sale égoïste! Ça ne pouvait qu’être bénéfique pour nous deux, Louise! Arrête d’essayer de te donner le bon rôle, t’es pas une sainte! Tu peux pas t’en prendre aux gens autour et continuer de t’en foutre des conséquences! Écoute, t’aurais pu me l’apprendre autrement que t’en avais rien à foutre de nous! » Elle déglutit difficilement Louise. Lorsqu'elle voit l'épée arriver dans sa direction, Louise a à peine le temps d'attraper son arme sur le sol, qu'elle vient se planter sur le mur à deux mètres de sa tête. Elle se tourne vers Nathanaël, un nouvel élan de rage parcourant son corps, il aurait pu la tuer. Intérieurement, elle savait aussi qu'il n'aurait jamais rater son coup s'il ne l'avait pas voulu. Non, jamais il ne se pardonnerait de lui avoir fait mal, comme elle ne se le pardonnerait jamais. Ce qu'il voulait c'est lui faire la démonstration de toute la blessure qu'elle lui a infligé. Louise, elle serrait toujours l'arme dans ses mains, le voyant faire demi-tour alors qu'elle était paralysée de douleur, de tristesse. Ainsi, elle l'avait la désagréable impression qu'il s'éloignait à jamais. C'est alors que soudainement il revint sur ses pas en saisissant l'arme qu'elle tenait entre les mains, provoquant chez Louise un élan de panique. Entraînée par la force émanant du bras de son compagnon, elle se fit projeter tout près de son corps, beaucoup trop près. Une de ses mains tenant le bâton face à sa poitrine et elle avait peur, qu'il soit déjà blessé. Ses yeux s'ouvrir grand lorsqu'il prit la parole. « Allez, vas-y. J’sais que t’en meures d’envie. Tu me l’as bien montré tout à l’heure. Un simple coup et tout tes problèmes s’envolent! » Elle secoua la tête, ne pouvant cette fois empêcher ses larmes de couler sur ses joues. Louise, elle pleurait à chaudes larmes alors que Nathanaël refusait de lâcher prise. Prisonnière de cette position qu'elle détestait, elle lâcha le bâton, poussant Nate de toutes ses forces pour l'éloigner le plus possible du danger. Alors qu'elle continuait à pleurer, elle mit ses mains sur ses genoux, à bout de souffle, portant une main à ses reins que le trop de stress venait de malmener. Le stress chamboulait des hormones néfastes au diabète et elle devrait certainement prendre une dose d'insuline en plus aujourd'hui. C'était l'exemple typique d'une des raisons pour lesquelles elle refusait de se laisser aller avec le garçon. Louise se releva, énervée, s'avançant vers lui à grands pas. « Je suis égoïste ? Dis moi, tu ferais quoi Nate si je m'écroule en pleins combat parce que je ne suis pas assez forte pour tout supporter et que toi, tu ressens ça aussi ! HEIN ? C'est sur, que je suis tellement égoïste ! » Lui hurla-t-elle au visage, continuant d'avancer vers lui. Elle prit à peine le temps de reprendre son souffle avant de continuer, ne réfléchissant même plus à ses paroles. « Rien à foutre de nous ? Tu crois que j'ai voulu t'humilier devant tout le monde ? PUTAIN MAIS NATE, ÉCOUTES-TOI. Tu t'es demandé une seule fois ce que moi je ressentais vraiment ? Peut-être que moi c'est pas être ta parabataï que je voulais, peut-être que j'attendais autre chose de toi et que parabataï, ça me convient pas ! TU CROIS VRAIMENT, qu'être parabataï ça représente... » tout l'amour que je peux avoir pour toi. Parce que je t'aime beaucoup plus fort que ça, ne dit-elle pas. La gorge nouée. Elle était trop proche de lui, Louise. Elle pouvait sentir son souffle, pleurant toutes les larmes de son corps. Tout de suite, elle voulait l'embrasser mais elle ne le ferait pas. Tout de suite, elle voulait le prendre dans ses bras, mais elle ne le ferait pas. Louise, elle l'essaie l'électricité de leurs deux corps la torturer. Elle savait, que ce qu'elle venait de dire ne ferait pas de sens et elle savait qu'il ne comprendrait pas. Ça allait juste foutre plus le bordel, parce qu'encore une fois, elle n'avait pas terminée son explication. Elle leva une main vers lui comme pour le prendre dans ses bras, haussant la pointe de ses pieds puis s'arrêta brusquement, reculant d'un pas. Elle avait pas le droit. « Laisse tomber. » murmura-t-elle, d'une voix cassée, d'un son incompréhensible.