«Manhattan, viens manger s’il te plait. Le repas va être froid.»

«Oui maman, une minute encore.»

Bien que je sois née dans les pleines et parmi la forêt, on ne pouvait m’arracher à un livre. Souvent, je grimpais dans un arbre et m’y perchais pendant des heures. C’était pour moi ma manière de garder les pieds sur terre et aussi être près de ma nature de louve. J’aimais courir, il ne fallait pas en douter et m’amuser comme une gamine d’âge normal… mais lorsque j’étais jeune, l’école était pour moi une sorte de refuge. Je réussissais bien, très bien même… et je rachetais le mauvais comportements de mes petits frères. Ils n’ont que 2 ans de différence avec moi et ils sont jumeaux, Masson et Cole. Ils sont très mignons, c’est pourquoi ils s’en sortent souvent sans conséquence.

Quoi qu’il en soit, je descendis de mon arbre qui me donnait une vue magnifique sur l’île de skye. En fait, mon père avait construit une maison extraordinaire dans cet arbre que pour moi. Mon repère l’appelait-il. Mon père était menuisier charpentier. Il aimait user de ses mains pour construire des choses. Il avait construit plusieurs maisons dans le village et plusieurs cabanes dans les arbres pour que les jeunes puissent apprendre de la nature. Cette cabane dont je parlais, elle était rapidement devenue mon endroit préféré. J’observais souvent le pont qui séparait l’Écosse de l’île. J’observais également son littoral et ses magnifiques plaines.

Une fois au sol, je courus vers ma maison où le repas était servi à l’extérieur. Nous mangions souvent dehors l’été. Ma mère disait que c’était pour rester connecté à nos racines. La seule chose était que… J’étais végétarienne depuis mon plus jeune âge. Vous imaginez, une louve végétarienne? En fait, cela était venu du fait que moi aussi j’étais une sorte d’animal et qu’en blesser d’autres pour survive n’était pas pour moi. Qui empêchait les humains de tuer des loups pour les manger? Alors avant même mes 12 ans, je savais que je ne voulais pas manger de viande. Je laissais par contre ma famille le faire à ma place. Ce soir-là, ma mère avait préparé du lapin pour tous et pour moi une quiche aux poireaux et épinard. Je reprenais mes protéines ailleurs, comme dans les œufs.

«Alors, on nous a dit aujourd’hui que tu avais eu une mention très bien dans ton dernier examen? Vous devriez prendre exemple sur votre sœur Masson et Cole! Vous pourriez apprendre beaucoup de choses.»

«Oh il n’y a rien à célébrer, le test était facile et j’avais lu beaucoup sur le sujet. Il suffisait de parler de ce que j’avais lu. Et Non Masson, Cole, ne prenez pas exemple sur moi. Continuez de vous amuser comme vous le faites.»

J’étais très mature pour mon âge, mais je n’oubliais jamais que je n’avais que 11 ans et 11 mois et que… c’était OK de faire des erreurs. On apprenait de ses erreurs, plus que de ses succès. Il fallait parfois tomber pour mieux se relever par la suite. D’ailleurs à ce souper, je tombai de haut…

«Les enfants, votre père et moi avons quelque chose à vous annoncer. Dû aux nombreuses conférences que j’ai faites ici au cours des dernières années sur le comportement des gens habitants en campagne… on m’a offert un poste à l’étranger. On m’envoie à Rome pour les prochaines années pour former d’autres personnes au à ce sujet. Je vais donc aider des jeunes universitaires à effectuer leur recherche et les diriger vers la bonne direction. Nous quitterons l’île dans un mois.»

J’avais regardé ma mère avec un air bête. Je ne m’attendais pas à quitter ce qui fut ma ville et mon pays depuis ma naissance. Qu’allais devenir notre famille, nos amis, notre meute ici? Ils acceptaient tout bonnement que l’on quitte?

«Mais l’école? Notre maison? Notre nature?  Ma cabane? Notre meute? On ne peut pas partir ainsi… NON !»

«La vie évolue ma chérie, nous allons soutenir ta mère aussi longtemps que cela prendra. Notre maison ici restera notre maison et nous y reviendrons tous les étés c’est promis. Votre mère et moi avons pesé la décision longuement. Tu apprendras une nouvelle culture, une nouvelle langue et tu auras de nouveaux amis. Une nouvelle meute.»

«Mais notre symbole, notre lune, elle n’aura aucune signification pour eux.. C’est une marque que l’on se fait donnée dès notre 5 années de vie pour montrer notre appartenance… on va me croire folle maintenant avec cela sur l’épaule, alors que personne ne l’aura.»

«Elle fera ta particularité. Je sais que tu t’intégreras vite et que tu n’auras aucun souci, tu es notre petite fille et notre petit génie OK? Peux-tu être contente pour ta mère svp?»

«Oui, je peux l’être. Bravo Maman!»


Les doux jours où l’on devait cacher qui l’on était avaient changé. Maintenant que le monde obscur avait été dévoilé, je n’avais plus à cacher ma nature de louve. Pourtant, une partie de moi souhaitait encore que ce soit le cas. Je ne montrais pas à tout le monde qui j’étais… Je n’étais qu’une adolescente normale qui allait à l’école comme tous les autres. Je m’étais bien intégrée, j’avais beaucoup d’amis humains et aucun d’eux ne savaient mon plus grand secret. Je ne savais pas si… s’ils allaient encore m’aimer s’ils voyaient que j’étais une bête. J’avais 17 ans lorsque la guerre éclata… Mes parents au départ, ne voulaient pas s’impliquer, car ils avaient beaucoup trop à perdre, leur famille. Malheureusement, ils n’ont pu rester loin de l’action bien longtemps. Ce soir-là, mon père et ma mère nous avaient fait un speech sur le fait qu’ils nous aimaient énormément et que pour rien au monde ils ne rateraient une partie de notre vie et que la vie les apportait à se battre au côté des siens et qu’ils devaient défendre nos droits. Mon père me prit à part de mes petits frères : « Écoutes chérie, tu dois protéger tes petits frères à tout prix. Je ne crois pas qu’ils viendront vous attaquer à la maison, mais s’ils le font, bat toi et protège ceux que tu aimes, comme nous vous protégeons. Je te demande d’être forte. Tu m’as compris? » Je fermai les yeux laissant couler une larme sur mes joues, cela sonnait beaucoup trop comme un adieu à mon gout. Il prévoyait ne pas revenir, je le sentais. Qu’allais-je devenir sans mes parents? Je n’avais que 17 ans, j’étais trop jeune pour m’occuper de mes frères. Puis, mon père me ramena à la surface lorsqu’il déposa un baiser sur mon front. À ce moment-là, je n’avais plus le droit à l’erreur, je devais faire passer ma famille en premier. Je demandai à mes frères d’aller se cacher dans la salle de bain de leur chambre et que j’allais les rejoindre sous peu, le temps de rassembler quelques vivres. Je ne voulais pas les laisser dans une pièce où ils seraient exposés. La nuit avançait de bons trains, mes frères s’étaient endormis l’un contre l’autre dans la baignoire et moi je faisais des tours partout dans la maison. Je me refusais de dormir. // BOUM// Un gros bruit me sortit de ma concentration et me projeta au sol. On venait de faire sauter la porte. Les oreilles qui sillaient, ma tête qui me renvoyait mon propre rythme cardiaque, je titubai vers la salle de bain où mes frères se cachaient. À peine rendue à la porte, les néphilims présents m’attaquèrent. L’un d’entre eux me retenait pendant que les deux autres menaçaient mes frères. L’un d’eux avançait vers eux dangereusement avec son épée. Il allait les tuer… Je le savais, je le sentais. Il s’élança vers eux d’un pas vif, alors que moi je me débattis et me transformai. Je l’avais tué au passage. Je me jetai devant mes « cadets » et c’était moi qui avais eu droit au coup de lame. Je m’effondrai au sol reprenant peu à peu ma forme humaine. Après cela tout devint flou… Je ne savais pas ce qui se passait. Je me réveillai quelques heures plus tard, souffrant et inquiète de ma situation. Je ne savais pas où j’étais et qui m’avait sauvé. Je remarquai que mes frères allaient bien et qu’ils me regardaient avec sourire. Leur grande sœur allait s’en sortir. « Tu n’as rien à craindre, tu es en sécurité maintenant. » Je regardai le jeune homme attentivement et remarquai ses runes partout sur son corps. Je reculai d’un bon, car il faisait partie de ceux, ou du moins il était comme ceux qui nous avaient attaqués. «Ne… m’approchez pas.» J’avais peur, j’étais méfiante… Il devait nous avoir sauvés pour une raison… peut-être voulait-il des informations… des informations que je n’avais pas. «Cole m’a dit que tu t’appelais Manhattan. Tu les as sauvés, tu sais?  Moi c’est Timaé.» Elle le regarda un instant avant d’aller prendre ses frères dans ses bras, même si elle ne pouvait bouger que difficilement. «Pourquoi? Qu’est-ce que tu veux?» Le jeune homme répondit gentiment, mais fermement. « Rien du tout… Je ne suis pas comme tu peux l’imaginer… De rien … ça m’a fait plaisir au fait.» Je ne répondis pas et fini par refermer les yeux, épuisée par la guérison qui ne se faisait pas assez rapidement à mon goût.


De retour à la maison, j’avais remarqué que quelque chose avait changé. Mon père se tenait au milieu du salon détruit par l’attaque et maman n’était pas avec lui. Il tenait dans ses mains salies par la terre, la photo de la famille et il pleurait. Je ne pouvais m’empêcher de penser au pire.  Papa se tourna vers nous, soulagé d’enfin nous voir en vie. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé et il s’inquiétait énormément. Un sourire et un air de soulagement s’installèrent sur son visage. Mais je ne pus m’empêcher de remarquer la souffrance qui se lisait dans ses yeux.

«Papa? Où est maman?» lui demandais-je doucement.

«Mes chéris… Maman s’est battue jusqu’au bout pour que vous ayez un avenir. Elle est décédée au combat. Elle ne reviendra pas. J’aurais voulu qu’elle revienne avec nous, mais malheureusement, la vie en a décidé autrement.»

Tout ce que j’avais pu articuler avant de commencer à pleurer était un faible non.  Qui allait continuer de m’apprendre à devenir une femme maintenant? Qui allait me brosser les cheveux le soir avant d’aller dormir. Qui allait me montrer à devenir la louve que je devais devenir? La femme de ma vie venait perdre au combat. Mon cœur se brisa en deux et c’est à ce moment précis que je voulus devenir médecin. Sauver les miens lors d’attaque deviendrait mon mantra.

«Je ne t’oublierai jamais maman!»



Ce soir-là je décidai d'aller dans un bar où les résidents en médecine avait l'habitude d'aller après mon quart de travail comme serveuse. Je savais que nombreux d'entre eux seraient présents et sauraient animer ma soirée. Le restaurant avait été bondé, j’avais eu droit à des clients un peu pervers, aux mains baladeuses...je souhaitais oublier cette soirée. J’entrai dans le bar d'une manière presque féline et de manière naturelle. J’avais tout de même pris le temps d’aller chez moi pour changer mon apparence légèrement. J’arborais un petit jean moulant et un chandail qui dégageait mes épaules. Inutile de mentionner que j’avais replacer une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles… comme à mon habitude lorsque je pénétrais dans une pièce. Je remarquai assez rapidement que les hommes me regardait et que certains d’entre eux me notait… «Je lui donnerais un 9/10» avait-il dit.  Le dédain s’afficha rapidement sur mon visage lorsque je me dirigeai vers le bar. Je reconnaissais l’un d’entre eux… Timaé. Ce lui qui m’avait sauvé la vie il y a 4 ans.  J’adressai  un sourire sincère au barman et demandai une vodka 7up. Mon regard se posa sur le jeune homme nommé Timaé: «encore à chasser à ce que je vois» dis-je simplement avant de prendre mon verre et aller m'asseoir à une table.Le jeune homme ne prit pas de temps à venir me rejoindre à ma table. Il prit une chaise qu’il retourna pour s’y mettre à califourchon avant de me balancer à la figure : - « Je peux savoir ce que tu as ? Est-ce que je t'ai chassé toi ? La moindre des politesses c'est de dire merci?! » Mais je connaissais trop bien les garçons à cette réputation de chasseur de femme. Ils en branchent une, l'attirent dans leur lit, leur mettent une note et la jettent le lendemain sans l'appeler de nouveau. Elles se retrouveraient dans un petit carnet où se trouve une liste de nom et de note que les garçons comparent avec leurs copains. J’étais peut-être jeune, mais la plupart des mecs de ma classe étaient ainsi. Je soupirai et lui répondit du tac au tac en approchant mon visage de Timaé.: «Te remercier de quoi? De m'avoir sauvé la vie, alors que l'un des tiens a assassiné ma mère. C'est vrai, tu nous as gardé en sécurité, vrai que tu m'as soigné, mais je ne dirai pas merci pour ce que les tiens ont fait.» Bien que cela faisait un petit moment, 4 ans à vrai dire ...Je ressentais toujours cette rancoeur avec laquelle mon paternel me nourrissait. Il avait changé de meute depuis la guerre pour haïr les néphilims comme lui. J’avais failli mourir à cause d'eux et je devais remercier l'un d'entre d'avoir ressenti de la pitié pour me sauver moi et mes petits frères? « Avoue-le, si je te laissais faire, tu le ferais, tu me chasserais et je ne serais qu'un nom sur un petit calepin.»Le garçon n’avait pas sa langue dans sa poche. Tout comme moi, il exprimait haut et fort ce qu’il pensait et surtout ce qu’il pensait de mes derniers mots.« Les miens, hein ! Si seulement j'étais un chasseur ! Tu te trompes sur moi ma jolie. Surtout sachant que ce soir, je suis accompagné d'un loup, comme toi et d'un vampire. Tu vois comme quoi des fois les chiens font bien des chats ! » Il se recule et continue : « Et pour ta mère, je suis désolée. Je n'étais pas au courant. » Il prend alors une posture droite et garde son sourire hautain au coin des lèvres pendant que je lui faisais un serment sur sa réputation de coureur de jupons. Puis avant même que je continue à le détruire verbalement, Timaé lui répond, tout sourire : « Tu serais sur la liste, sur mon calepin comme tu dis. Mais tu serais surement le dernier nom d'inscrit. »