Un bâillement sur les lèvres, tu te blottit un peu plus sou ta couette, profitant du calme de la maison pour une fois. Tu n’as aucune idée de si Vaz et les enfants sont ici, tout ce que tu sais c’est que ça ne t’a pas empêché de dormir comme un loir et ce, toute la journée. La clinique exigeait parfois un rythme de vie décalé qui vous forçait, toi et ton patron, à récupérer vos heures de sommeil alors que le soleil était haut dans le ciel. Tes paupières se soulèvent paresseusement pour aviser l’heure. C’est alors que tu percutes. C’est aujourd’hui que tu as ton rendez-vous hebdomadaire à la boutique de Thelma. Tu le sais car tu avais mis un réveil en prévision, mais celui-ci semble avoir décidé de te faire faux-bond. Tes doigts se referment sur ton portable sur la table de nuit dans l’optique d’informer la brune de ton retard. Plus de batterie. Ceci explique cela donc. Bien. Il semble qu’il soit désormais temps de courir.

Lorsque tu te retrouves enfin devant la boutique de Thelma une trentaine de minutes plus tard, toi-même tu as pitié. Il semble que tu aurais mieux fait de rester au lit et d’annuler. Qui aurait pût prévoir l’averse courte mais violente qui t’étais tombée dessus en chemin ? Toi si tu avais eu l’intelligence de regarder la météo mais, tout à ton retard, ce n’était pas vraiment ta priorité. C’est donc les vêtements gorgés d’eau et les cheveux dégoulinants que tu entres dans la boutique de Thelma. Tellement classe et distingué… Heureusement pour toi tu portes les cheveux courts. « -Je suis désolé pour mon retard, j’ai bossé toute la nuit et mon téléphone s’est éteint pendant que je dormais. Mais je t’aurais prévenu si je n’étais pas venu. ». Tu lui adresses un sourire. C’est pour toi la moindre des politesses après tout. Tu retires rapidement ton manteau exposant un chandail plus ou moins sec. C’est déjà ça. Abandonnant ton vêtement gorgé d’eau dans un coin qui ne dérangera pas, tu réponds en suivant ses pas « -Si t’as un truc bien chaud comme du thé, je veux bien une grande tasse s’il te plaît. ». Tu n’essaies pas de masquer le frisson qui te parcourt le dos. De toute façon, la température du magasin d’ésotérisme va rapidement te réchauffer du moins tu l’espères. Tandis que vous pénétrez dans l’arrière boutique un sourire envahi tes lèvres. Tu aimes être ici, tu aimes l’ambiance qui y règne et tu apprécies la gérante. C’est donc avec plaisir que tu reviens toutes les semaines. Néanmoins l’atmosphère légèrement enfumée est inhabituelle et tu t’approches du chaudron d’étain à l’origine de tout cela avec curiosité, te demandant mentalement ce que la jeune femme a bien pu vouloir trafiquer pour produire une telle fumée. Observant attentivement le contenu du chaudron en tentant de dégager un peu de fumée de ta main, tu finis par l’interroger « -Qu’est ce que t’as essayé de faire pour que ça produise un tel résultat ? ». Tu n’y connais pas grand-chose en sorcellerie et ésotérisme (non correction en fait tu n’y connais rien), mais c’est justement ça qui t’as poussé à entrer dans la boutique de Thelma la première fois : ta méconnaissance. Ta curiosité. Ton envie d’en savoir plus sur ce monde que tu découvres encore depuis ton réveil, même si tes rendez-vous réguliers avec Olympe de Briant t’en ont appris un peu plus d’une manière ou d’une autre. Tandis que quelques gouttes d’eau quittent tes mèches pour rejoindre ton cou et tes épaules en une sensation désagréable, tu préfères concentrer ton attention sur la table où Thelma était en train de travailler, découvrant d’un œil curieux les marguerites, le sucre et quelques autres ingrédients. Tes yeux cherchent alors un livre de recettes, curieux de voir où celle que tu considères désormais comme une proche a pu échouer. Encore une fois, tu n’y connais pas grand-chose, mais tu doutes que les connaissances se transmettent uniquement par oral… Ou bien ça doit faire beaucoup de choses à retenir, même pour une personne compétente.