Il fallait qu'on bouge et vite, j'aidais au mieux à faire le bandage de cet homme que je ne connaissais pas, mais il était certain que si l'on ne faisait rien, il allait se vider de son sang, et il n'en était pas question. L'odeur de sang était forte et je plissais légèrement le nez, tout en regardant autour de nous, toujours à la recherche de mon père. Je ne savais pas où il se trouvait, ni même s'il allait pouvoir me trouver dans cette cohue, mais j'espérais qu'il allait bien. Enfin, il n'était pas sans ressources non plus et j'étais comme lui donc je saurais me débrouiller. Et le groupe se mit en mouvement, toujours sur mes gardes, être une louve pouvait être pratique dans certains cas. J'avais peur, ne sachant vraiment pas où nous allions. Le Panthéon était en vue et j'allais pousser un soupir de soulagement, quand une voix se fit entendre. Je tournais la tête vers cette personne, mais on nous poussa sans ménagement en nous demandant si nous étions humains ou pas. Une partie de moi voulait répondre que non et assumer pleinement ma part de loup, mais le spectacle un peu plus loin d'un couple qui se faisait molester me fit changer d'avis. Incapable de défaire mon regard de la scène, je fis simplement un non de la tête. Qu'est-ce qui se passait à la fin ? Jamais il n'y avait eu de scènes aussi violentes sur la place publique. Et les histoires de la guerre me revinrent en mémoire, était-ce donc comme ça que ça se passe ? Je reprends le cours de la réalité lorsqu'une main me poussa sans ménagement vers le Panthéon. Je voulais protester, mais rien ne sortait de ma bouche, aucun son, rien. J'étais stupéfaite par ce que je voyais, par ce que je vivais. Je suivis les autres, en priant intérieurement que mon père ne soit pas là, même si pour le coup, j'aurais bien besoin qu'il me rassure. Une fois dans le monument, je continue d'avancer avec le petit groupe avec lequel j'étais, incapable de me retrouver seule dans cette marrée humaine. La première tête que je retrouvais fut celle de Kaled. Et un sentiment de soulagement m'envahit alors que je me jetais presque dans ses bras. " Je suis contente de te voir, si tu savais..."Clairement, j'aurais préféré qu'on se voie dans d'autres circonstances, mais qu'importe. Je m'approche de son oreille et murmure. " Ne leur dit pas que tu es un loup... J'ai vu... Ils te massacreront si tu leur dit. J'ai menti, fais pareil." Je le relâche, mais lui tient toujours la main, comme si j'avais peur qu'on nous sépare pour une raison ou une autre. Et mon regard se pose sur la foule, il faut que je retrouve mon père, mais j'étais persuadé qu'il n'était pas là, je voulais y croire. Sans lâcher mon ami, je m'approche de notre blessé et m'accroupis à sa hauteur. " Il faut qu'on fasse quelque chose pour vous, si on ne fait rien... Il faut trouvé un médecin ! Y'en a forcément un ou deux dans le lot, non ?" Ah si seulement papa était là, il pourrait faire quelque chose. Mais bordel, qu'est-ce qui se passe dans cette ville aujourd'hui ?

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