« Cette rune… Cette saloperie de rune, je ferais des choses horribles et quitte à ne plus être personne, je le ferais enlever, juste pour être avec toi ! CRÉTIN ! » Elle tourne les talons, les points serrés, quittant ainsi la pièce sans lui adresser un dernier regard. Les larmes coulent. Elle marche, sans trop faire attention. Sapphira, elle s'arrête au bout d'une dizaine de minutes. Elle prend le risque et se retrouve à l'extérieur. Elle finit par s’effondrer, laissant les larmes couler. Ce n'est pas dans son habitude de hausser la voix en présence de Gabriele, mais elle n'a pas pu retenir ses paroles. Elle souffre, la belle, elle souffre d'avoir cette rune qui lui empoisonne la vie. Elle souffre de voir sa génitrice qui cherche à tout prix à l'harnacher à un homme. Hira, elle ne s’effondre pas. Jamais. Elle a été élevée ainsi. Son regard se perd, sa vue se trouble à cause des larmes. Rien n'est plus pareil depuis qu'il est revenu. Elle est soulagée, mais les choses sont de plus en plus difficiles à ses yeux. La belle brune, elle entend des bruits derrière elle. Elle reconnait cette voix entre mille. Sa soeur a dû la suivre, en silence. Elle s'installe, l'aînée aux côtés de celle qui n'a que deux années de moins qu'elle. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Elle est douce, la première née, toujours présente. Hira, elle pose son regard dans le sien, essayant tant bien que mal d’essuyer ses larmes. Elle soupire. « On s'est disputés. » Son aînée l'entour de ses bras. Elle se sent protégée, Hira, entre les bras de sa soeur. Celle-ci, elle est l'une des rares personnes au courant des sentiments de la brune pour son parabatai. De nouveau, les larmes coulent. Elle ne se laisse pas souvent aller comme ça, surtout en présence de quelqu'un. Sapphira, elle se redresse, enfin après plusieurs minutes. Elle déteste se disputer avec Gabi. Pourtant, elle se dispute très souvent avec des membres de sa famille. Mais avec lui, c'est jamais pareil. Elle est capable de n'importe quoi pour lui. « Ça va aller, tu vas voir. Tout va s'arranger. » L'aînée des Grimaldi, elle a toujours le mot pour rassurer. C'est la plus sage, la plus mature des gosses. La deuxième née, elle soupire de nouveau. Son regard est fixé sur le sol, droit devant elle. Elle se souvient encore du jour où ils se sont liés. Un jour qu'elle maudit depuis plusieurs années.

novembre deux mille six. Un sourire collé aux lèvres, elle se prépare aux côtés de son aînée. Celle-ci la rassure, elle est passé par là il y a quelques temps déjà. Sapphira, elle appréhende. Elle sait tout ce qu'il faut savoir sur le sujet, mais cette petite rune va changer sa vie. Les minutes passent. Enfin prête, la cérémonie commence. Elle se souvient encore du jour où elle a rencontré les enfants De Santi. Elle a rencontré les triplés en même temps, mais s'est lié d'amitié avec Gabriele et Jenna. Ils ont passés leur enfance à s’entraîner ensemble. Tous les trois. Ils étaient inséparables. La jeune Grimaldi, elle pensait que Gabi allait passer les tests avec sa soeur mais non. Il sont choisit de passer les tests ensemble, qu'ils ont réussi haut la main. Sapphira, elle a quelques remords vis-à-vis de Jenna. Après tout, ça aurait plus logique qu'elle soit le parabatai de son frangin. Mais elle est heureuse, en ce jour de cérémonie. L'heure d'après, elle regarde cette rune sur son avant-bras. Rune qu'elle va regretter d'avoir plusieurs années après.

Elle secoue la tête. Chasse ce souvenir de son esprit. Elle se lève, se tourne pour faire face à sa soeur. « Je suis pas certaine que ça va s'arranger, justement. C'est encore pire. Je lui ai tout dit. Absolument tout. Et je suis certaine que ça va envenimer les choses. » Les larmes lui montent aux yeux. Elle les retient. Hors de question de se laisser aller une seconde fois. Elle s'y refuse. Surtout que l'un de ses géniteurs peut apparaître à tout moment. Ils ont toujours étés durs, trop peut-être avec leurs aînées. Deux filles. Ils n'ont jamais cachés qu'ils auraient voulu un fils. Alors elles se sont entraînées, les soeurs, pour les rende fiers. Mais ça n'a jamais été simple, et c'est encore pire depuis que la jeune femme veut briser les règles. Sapphira, elle regarde l'endroit par lequel elle est arrivé ici. Elle s'empêche de penser à lui. Elle essaye de se convaincre que c'est impossible. Mais elle fera tout pour essayer de trouver un moyen d’effacer cette rune. Elle fait les cents pas. Incapable de tenir en place. Elle a toujours besoin de faire quelque chose. Sa soeur se lève à son tour, posant son regard sur sa petite-soeur. « Mais si ça va s'arranger ! Et tu t'es dit que lui il ressentait peut-être la même chose ? » Question intéressante. Hira, elle s'est pas vraiment posé la question avant. C'était sans doute plus simple à ses yeux. Elle hausse les épaules. La brune, elle a déjà eu dû mal à savoir ce qu'elle ressentait vraiment pour son parabatai. Il lui a fallu du temps pour tout bien comprendre. Mais elle ne s'est jamais demandé ce qu'il pouvait ressentir lui. Elle a peut être jamais voulu le savoir non plus. Leur lien est plus important que tout. Et la loi interdit tout type de relation amoureuse entre parabatai. Elle trouve ça stupide, d'ailleurs, cette loi. « Tu devrais lui poser la question quand tu le peux encore. » De nouveaux, les épaules de la brune se lèvent pour se baisser quelques instants après. L'aînée à peut-être raison. Sapphira, elle a cru mourir lorsqu'il n'était pas là pendant huit mois. Elle ne pouvait rien faire. Elle n'était que l'ombre d'elle même, incapable d'aller sur le terrain. Elle se souvient de ce moment, presque irréel où elle a revu son visage après huit long mois d'attente.

juillet deux mille dix-sept. Au fils des mois, la douleur était plus intense. Sapphira, elle regrette de l'avoir laissé sans rien faire. Elle se dit que tout est de sa faute. Sa soeur l'empêche de participer aux recherches. Elle en est incapable, mentalement et physiquement. Mais la brune, elle sait qu'il est vivant. Elle doit juste le retrouver. C'est la seule chose qui l'anime depuis presque huit mois maintenant. Elle s’entraîne pour ne plus penser, pour essayer d'apaiser sa conscience. Mais rien n'y fait. Elle a déjà eu dû mal à sortir de son lit. Elle est restée dans ce dernier trois mois, incapable de bouger. Elle s'est presque laissée mourir, la jeune femme. En cette matinée de juillet, l'envie de se lever n'est toujours pas présente. Mais sa soeur l'oblige, comme chaque matin. Heureusement qu'elle est présente dans la vie d'Hira. Celle-ci soupire. La journée passe. Les entraînements se succèdent, elle s'empêche de penser. Et puis, elle entends des voix s'élever au loin. Elle s'y approche, avant de se stopper net. Vision irréel. Sapphira, elle hésite un moment avant de retrouver les bras de son parabatai. Elle n'y croit toujours pas, mais il est de nouveau là. Les questions attendrons, elle n'a pas l'intention de le quitter d'une semaine. Pas après cette si longue absence.

Elle a l'impression que sa tête va exploser. Sa soeur a peut être raison, mais même si elle a prit cette habitude d'être très franche, Hira n'osera jamais. Elle n'osera même pas le regarder dans les yeux lorsqu'ils vont se recroiser. Elle contourne son aînée, continuant ses allées et retours sur une centaine de mètres. « Je peux pas. Et puis on a pas le temps ! On doit encore trouver un moyen pour terminer cette guerre et empêcher maman de nous marier. » Ses pensées se mélanges. Elle a beaucoup de choses à faire et à penser. Elle veut que sa famille retrouve sa place, que les créatures de l'ombre payent pour ce qu'ils ont fait. Et puis sa mère s'est de nouveau mise en tête de marier ses deux aînées. La belle brune soupire. Elle ne sait plus quoi faire. Sa colère est partie, comme envolée en si peu de temps. C'est l'effet que sa soeur possède sur elle. L'aînée des Grimaldi à toujours su comment calmer la deuxième née. « Tu penses à trop de choses en même temps. Tu le sais ça ? » Elle marque une pose, un grand sourire aux lèvres. « Cette guerre, on va la gagner avec le temps, donc t'as pas besoin d'y penser pour l'instant. Et pour maman, et bien on va faire comme les autres fois ! C'est-à-dire trouver un moyen pour tout annuler avant le mariage. » Les soeurs Grimaldi, elles ont toujours trouvés un moyen d'annuler leurs mariages respectifs. Elles aiment trop leur liberté pour être enchaînées à un homme que leur mère a choisit. Et Sapphira, elle s'imagine pas avec quelqu'un d'autre que Gabriele. Elle se replonge dans ses pensées avant d'être ramener à la réalité. « On devrait renter. » L'aînée hoche la tête et regarde l'endroit par lequel elles ont réussit à prendre l'air, à l’abri des regards. Sapphira entre la première, s'assure que sa soeur est bien rentrée avant de refermer la porte. Ses talons claquent sur le sol. Elle évite soigneusement la chambre de son parabatai pour retrouver la sienne. Elle a besoin de dormir, de ne plus penser.