« Je sens toujours la douleur, je la sens toujours avec autant de réalisme. Mon corps s'enflamme, mon cœur saigne et je sens qu'encore une fois, je ne dormirai pas. »

D'une main tremblante, je saisis le journal intime qui se trouve près de mon lit. La lune déjà haute dans le ciel, minuit tapant, carnet en main armée de mon stylo ; je me mets à écrire tout ce qui se passe par la tête. Ce soir-là, j'ai besoin de me confier à moi-même et je me remémorer mes souvenirs, mon passé. Je commence par réfléchir, et beaucoup de choses demeurent encore douloureuses à se souvenir. Mais tant pis. J'ai besoin d'écrire. J'aime écrire. Alors ça ne me fera que du bien ! Depuis que j'ai retrouvé la lumière du jour, depuis longtemps même, je me retrouve à écrire sur ce carnet épais mes journées, mes envies, mes poèmes, tout ce qu'il me passe par la tête. Un besoin d'extérioriser ce que je ressens, ce dont je rêve, ce dont j'ai peur. Ce carnet recense toute ma vie, toutes mes pensées, mais jamais je ne l'ai partagé avec qui que ce soit.

« The angel of the Lovelace »

J'ai vu le jour le 14 décembre 1989 à Dublin, dans le magnifique pays qu'est l'Irlande. C'était dans la soirée de ce jour si heureux ; je faisais le bonheur de mes parents. Deuxième enfant Lovelace, j'étais celle qui venait tout juste après mon aîné/e. Je ne savais pas encore à quel avenir, j'étais destinée et encore moins au chemin que j'allais emprunter. Très jeune, on m'a appris des choses sur les chasseurs d'ombres, les runes, les armes, l'histoire de notre famille : les Lovelace. Nous n'avions pas la plus belle des histoires, mais je dévorais ce que ma mère me racontait comme une enfant curieuse. Je me souviens de lui demander régulièrement qu'elle m'en dise plus sur le monde qui m'entourait. Chaque jour était une réelle découverte. Je prenais plaisir à apprendre, j'adore d'ailleurs quand elle me parlait des runes et leurs formes. Mais... les Lovelace n'ont pas la réputation pour être des chasseurs d'ombres exemplaires, leur souhait de liberté étant beaucoup plus fort que la loyauté envers l'Enclave.

« La nouvelle venue »

J'étais très jeune, je devais avoir environ quoi, 5 ou 7 ans, lorsqu'une fille qui était un peu plus âgée que moi est arrivée à la maison. Mes parents ne m'avaient pas vraiment dit les réelles raisons de sa venue et moi, j'y voyais une amie. On m'a dit que c'était l'aînée de la famille des Herondale. Comme je n'étais pas encore très familière avec tout ce monde, je ne comprenais pas tout, mais je voyais que cette fille nommée Scylla n'était pas bien ; il y avait un problème. Son comportement. Son attitude. Quelque chose clochait, mais je n'arrivais pas vraiment à déterminer le pourquoi. On rappelle que je n'étais qu'une enfant à cette époque-là. Rapidement, je me suis liée d'amitié avec cette fille, elle était mon aînée de quelques années, mais pourtant, une certaine connexion s'était établie encore nous deux. J'étais même heureuse d'avoir une nouvelle amie, elle était même plus que ça, une meilleure amie, une sœur de cœur. Nous nous entendions à merveille et son séjour chez nous m'avait permis de découvrir de nouvelles choses avec elle. Nous avons grandi ensemble durant un long moment, amplifiant nos liens. Lorsque Scylla fut repartie chez elle à Boston après avoir passé quelques années chez nous à Dublin, je venais de temps en temps en vacances chez les Herondale. Nouant un lien encore plus fort encore. J'étais profondément attachée à elle, et lorsque nous nous revoyons, c'était toujours un réel plaisir, j'avais toujours hâte de la retrouver.

« Le monde obscur »

Je n'avais que 9 ans lorsque les Créatures Obscures finirent par se dévoiler au grand jour ; provoquant la chute et la mort de nombreuses familles. J'étais complètement terrifiée à cette idée d'expérimenter la mort. J'étais trop jeune, trop insouciante, trop... petite. Mais je comprenais avec aisance que quelque chose de sombre allait s'abattre sur le monde ; j'avais de mauvais pressentiments et je crois que j'avais eu raison à cette époque-là. Les Lovelace prirent la décision de rejoindre Rome pour aider les autres familles et chasseurs d'ombres à lutter contre les Créatures Obscures. Étant encore jeune, je devais être protégée, c'est pourquoi mes parents m'avaient pris avec eux durant le voyage. Étant encore jeune, je devais être protégée, c'est pourquoi mes parents m'avaient pris avec eux durant le voyage.

« Une amitié brisée »

Pendant le conflit à Rome, j'avais pu également retrouver mon amie d'enfance, la fille Herondale qui était venue chez nous en Irlande pour retrouver un équilibre dans sa vie après une terrible épreuve. En grandissant dans un monde comme celui-ci, j'ai compris que je ne pouvais pas rester passive, je ne pouvais pas me dire que je n'irai pas me battre. C'est pourquoi, j'avais alors défendu, combattu du mieux que je pouvais à mon niveau. Je n'étais pas la meilleure chasseuse d'ombre qui soit, mais je me débrouillais. J'essayais de toujours faire de mon mieux. Les Lovelace ne sont pas connus pour leur âme de guerriers de toute manière, mais moi, j'avais envie de l'être.
C'est à cette époque-là, lorsque j'étais encore adolescente, vers mes 14/15 ans que Scylla et moi-même avons désiré devenir parabataï. Nous avions grandi ensemble, nous étions très proches, nous avons combattu ensemble, plus rien ne semblait nous séparer.
Alors que nous nous préparions à passer les épreuves données pour mettre à l'épreuve notre liaison, ce fut elle qui se dégonfla, ne prenant même pas le soin de se présenter. Ce jour-là, je me suis sentie trahie, délaissée par celle que je considérais être comme une sœur pour moi. Je lui en ai longtemps voulu, car je croyais dur comme fer à notre lien, je la voulais réellement en tant que partenaire, en tant que parabataï ; ce lien unique et beau... m'avait échappé. Aujourd'hui encore, j'éprouve beaucoup de rancune vis-à-vis d'elle, n'ayant jamais réellement compris pourquoi elle avait fait ça.


« La descente aux Enfers »

C'est durant le mois de Juin 2018 que ma vie prit une nouvelle tournure à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Rien que de l'imaginer, je sens mon cœur se serrer et j'ai comme des bouffées de chaleur... Je... Je ne devrai pas en parler, je m'y refuse, mais je pense que cela me fera du bien de l'écrire sur ce journal... Bon aller... Nolwenn tu peux le faire...
Ce 5 juin, j'étais de sortie discrètement pour pouvoir me ressourcer. L'air du QG des nephilims m'étouffait et j'avais besoin de voir un peu la lumière du jour. Il y avait des fois où je pétais un câble d'être enfermée de la sorte... Mais je me suis montrée trop imprudente ce jour-là ; quelque chose m'assomma et des créatures obscures se jetèrent littéralement sur moi sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.

Capturée, ou kidnappée, enfin peu importe le mot, rien ne pourra qualifier tout ce que j'ai pu vivre là-bas. Je savais que ma famille devait s'inquiéter pour moi, et moi aussi, je m'inquiétais pour moi-même. J'étais enfermée dans une cellule froide et sans scrupule mes bourreaux me faisaient subir d'atroces souffrances, tantôt pour me soutirer des informations, tantôt pour me torturer et extraire mon sang pour tenter de trouver une cure à cette maladie qui touchait tout le monde sauf nous, les enfants des anges... Je ne peux vous décrire l'état mental dans lequel j'étais ; dépourvue de lumière et de confort, je me sentais comme un microbe, je ne voulais plus qu'une chose : que ça s'arrête, quitte à mourir. Je n'en pouvais plus... Plus les jours passaient et plus mes troubles du sommeil apparaissaient. Ma peau était comme lacérée de part et d'autre, je n'avais plus que mes yeux pour pleurer et implorer les Anges de nous épargner toutes ces souffrances. Car oui, je n'étais pas la seule nephilim capturée. Je savais que d'autres étaient dans la même situation que moi...

« Le goût de la liberté »

Au cours du mois de Juillet 2018, une attaque à été réalisée par les nephilims libres dans le but de nous délivrer de nos bourreaux. Seuls dix d'entre nous ont pu être libérés. Je ne remercierai jamais les Anges pour m'avoir tirée de là. Mais... je n'étais pas au bout de mes peines, car même si j'avais été libérée par mes semblables, le traumatisme était là ; j'étais devenue paranoïaque, insomniaque... Chaque nuit, je revivais toutes mes souffrances, je ne revoyais hurler la mort de me prendre à chaque fois qu'ils me torturaient de toutes les manières possibles. Comment pourrai-je leur expliquer que nous, enfants des anges, avons été épargnés de cette foutue maladie ?! Je sens une certaine rage en moi monter...

Reprendre une vie "normale" fut très difficile pour moi. Déjà, parce que ma peau avait énormément souffert tout comme mon mental ; j'étais dans un piteux état, je n'étais pas belle à voir. Mes échappatoires furent les médicaments pour dormir et les anxiolytiques afin de me permettre d'être un minimum en forme.

« La vengeance m'anime »

Mais je ne me laissais pas abattre pour autant. Une certaine envie de vengeance et le désir de pouvoir enfin me défendre si jamais cela venait à se reproduire me prirent aux tripes. J'étais affaiblie, amaigrie et malade mentalement, mais je ne disais jamais non à des entraînements, même légers, je devais retrouver la forme et vite. Mais je n'étais pas encore assez bien remise et c'est pourquoi, pour ne pas croiser les bras toutes mes journées, j'ai demandé à rejoindre l'équipe d'armement pour aider les Sœurs de Fer à nous équiper. Moi qui aie toujours admiré ces femmes exceptionnelles, je fus très honorée de faire équipe avec elles pour les aider au mieux que je pouvais. Mon état ne me permettait pas d'être opérationnelle pour la chasse.