L’heure n’est pas au blâme et pourtant tu ne peux empêcher cette petite voix intérieure de venir te susurrer à l’oreille l’erreur que tu as commise d’abandonner ta partenaire. Piqure de rappel douloureuse de ce soir là où tu as tourné les talons et laissé Jeremiah entre les mains de la Brigade Nocturne … Tu t’efforces à chasser ces pensées intempestives de ton esprit pour reprendre aussitôt la direction de cette salle obscure. En pénétrant les lieux, tu as de nouveau dissimulé ton arme, déambulant entre les corps à toute vitesse pour retrouver la chasseuse. La visibilité est faible, entre l’obscurité environnante, les jeux de lumières, la musique assourdissante et la quantité de personnes au même endroit. Tu as besoin d’un point de vue où tu serais plus élevé pour avoir un visu plus global. Ni une ni deux tu grimpes rejoindre le DJ. Ton regard suit les faisceaux lumineux qui vont et viennent éclairant les visages brièvement. Le mec à tes côtés t’intime à redescendre, blabla incessant et virulent qui ne te perturbe pas plus que de raison. Ouais en fait tu n’en as rien à foutre de lui. Tu ne lui adresses pas l’ombre d’une attention jusqu’à ce moment où il approche sa main de toi. Tu stoppes son mouvement d’une torsion brève du poignet. Prévisible terrestre. Il gigote sous ta poigne, balance quelques insultes auxquelles tu t’astreins à ne répliquer qu’un
« Ta gueule » agacé. Tu ne lui adresses pas même un regard, prunelles qui ont trouvé intérêt à se stopper sur une porte entrebâillée où tu comptes bien aller fouiner malgré le « privé » inscrit en lettres capitales dessus…
Rapidement tu t’engouffres de nouveau dans le foule et rejoins le lieu désiré. Endroit privatisé où tu retrouves la silhouette si reconnaissable de la brunette en proie à quelques difficultés face à trois créatures obscures. Tu profites de ta position, de n'être qu'une ombre soudaine et nouvelle pour attaquer. D’un mouvement rapide et efficace, ta main a rejoint une de tes flèches. Tu la laisses glisser entre tes doigts agiles, lancé puissant dans une courbe parfaite qui fend les airs pour rejoindre l’elfe visé. Tu n’as malheureusement pas le temps de constater si la cible a été atteinte, bien que tu n'en doutes pas une seule seconde, qu’un coup puissant t’est porté dessus et te fait chavirer. Tu amortis ta chute avec tes bras et tes genoux, mouvements réflexes qui t’évitent de frapper la tête directe au sol.
Aussitôt, tu cherches à te relever mais tu n’as pas même le temps de te retourner et contre-attaquer qu’un poids s’abat sur tes épaules. Un grognement s’échappe d’entre tes lèvres, et alors que tu commences ta riposte, le visage d’un homme apparait brièvement dans ton champ de vision et tout bascule… Tu ne sais pas ce qui s’est passé, ni ce qu’il t’a fait mais le monde autour de toi se met à vaciller. Non en fait il semble se ralentir progressivement comme s’il tournait en slow motion… à moins que ce ne soit toi ? Tu ne sais plus trop… Tu es paumé. C’est un vrai bordel dans ta tête et dans ce que tu vois…Tes yeux clignotent, tes pupilles qui continuent de complètement se dilater semblent vouloir te jouer des tours en altérant toutes tes perceptions de la réalité.
« Merde mais c’est quoi ce bordel… » Ta bouche est devenue incroyablement pâteuse et ta langue semble râper contre chaque paroi buccale… Tu as beau murmuré ces quelques mots, ils te semblent amplifiés, résonnant dans ton cerveau comme des sons modulés et incompréhensibles. Shit t’es en plein bad trip… Reflexion de passage qui te frappe comme un TGV… Oh mais tu ne te démontes pas cependant, ce n’est pas dans tes gênes. Tu campes sur une espèce de posture défensive, tentant de chasser ce malaise saisissant deux nouvelles flèches dans ton carquois, te raccrochant à tes armes.
« Je vais tous vous crever espèce de… » Tu fronces les sourcils face à la forme floue et indistincte qui s’approche. Elle semble baigner dans une espèce de lumière qui te nique les rétines… De vrais foutus lampadaires ouais… Mais tu n’en as rien à foutre, on ne va pas te mettre à terre, pas comme ça. Alors tu fonces malgré tes muscles engourdis, malgré cette impression d’être englué dans une espèce de mélasse. Tu fonces sur ce que tu crois être ton ennemi…