A-t-elle participé à la rébellion des créatures obscures ? S’est-elle battue avec elles, ou encore, a-t-elle laissé faire ? Comme d’habitude avec elle, la réponse est oui, non, c'est compliqué. Lorsque la guerre commence, Rachele a 20 ans. Social justice warrior assumée, déjà adepte de stratégie kamikaze hasardeuse et fan incontestée de Brave Heart : on se serait attendu à la retrouver dans l’épicentre de la bataille. Mais en fait non. Rachele ne s’est jamais engagée directement dans tout ce beau foutoir. D’abord, parce qu’elle n’était très égoïstement pas émotionnellement concernée à l’époque (zéro meurtre de poto à déplorer des mains de quelque Nephilim psychopathe). Ensuite, parce que malgré toute l’antipathie que pouvaient lui inspirer les shadowhunters (des petits merdeux pétris de préjugés à 95% c’est clair), cela ne justifiait pas de bousiller les accords alors même que les choses commençaient à bouger. Ni de tous les génocider (oui, Rachele a tendance à utiliser des mots qui n’existent pas encore dans le dictionnaire). Avouons que dans ce genre de délire, ça se termine généralement en génocide, et le génocide, c’est pas son kiff m’voyez ? En somme, pas question de s’impliquer dans tout ce bullshit, et c’est là que ça devient compliqué. Parce qu’entre deux teufs et deux courses de Dhampyrs, la réalité les a tous frappés de plein fouet à un moment ou à un autre. Ceux qui ont cru à la Cause, ceux qui s’en sont lavés les mains, tous.
Les choses ont dégénéré très exactement comme on aurait pu s’y attendre. Feindre le je-m’en-foutisme et prétendre s’épanouir loin de tout ça n’a tenu qu’un temps. Très vite, Rachele s’est retrouvée à soigner des connaissances, des amis, devant sa porte ou dans des arrière-salles de bar glauques. Elle fermait les yeux le lundi pour se retrouver impliquée dans une rixe sordide le mardi ; histoire de sauver ses miches, tes miches ou celle de sa voisine Ginetta. Et dans cette succession de mauvais endroits au mauvais moment, Rachele rencontre finalement la complication de trop : Léonie Dearborn. Sa dernière vraie relation, qui a fini assassinée dans une ruelle sale de Rome. Accessoirement chasseuse d'ombres.

Comment voit-elle les humains et les Néphilims ? Pense-t-elle que c’était mieux avant, ou encore que c’est mieux maintenant ? Rachele ne prétend pas que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, attention. Mais elle ne se reconnait pas non plus dans ce nouveau modèle un brin liberticide (pour une partie de la population, hum).
Les mundanes ? Les mettre dans le jeu a constitué une avancée indéniable, bien que cela se soit fait de façon clairement critiquable (c'est à dire qu'on aurait pu faire plus diplomatique que démarrer une guerre surnaturelle, se faire griller sur snapchat et investir tous les gouvernements terrestres, joyeux Noël tout ça tout ça). Du reste, sa mère alcoolique et les années troubles qu'elle a passé en foyer d'accueil auraient pu la pousser à les déconsidérer totalement : ce ne fut pas le cas. Rachele a très vite réalisé que c'était la faute à personne (cet enfoiré) ou la faute à tout-le-monde (cet enfoiré²) si la vie n'avait pas grand chose à offrir (à part peut-être Benedict Cumberbatch, la confiture de châtaigne et les jeux vidéo). Et que toutes espèces confondues, pour qu'une petite minorité s'en sorte, il fallait toujours que les autres trinquent.
Les shadowhunters, c'est plus compliqué. Il sont généralement dangereux, souvent étroits d'esprit, parfois fanatiques, toujours à prendre avec des pincettes (histoire d'éviter de se prendre un coup de lame séraphine dans l'iléon-jéjunum quoi). Le problème ? Rachele a du mal à prendre des pincettes avec qui/quoi que ce soit. Ce qui explique peut-être qu'elle se retrouve systématiquement dans des situations foireuses. Peut-être. Dans tous les cas, les Néphilims ne sont pas tous des psychopathes lobotomisés passionnés de tatouage et d'escrime (le terme important à retenir étant "pas tous"). Il lui est même arrivé de vendre un petit sortilège sous le manteau une ou deux fois. Certains chasseurs d'ombres sont drôles, fréquentables, quoi que toujours un peu abimés. La chasse aux sorcières qui s'organise contre eux (ultimate jeu de mot, si si) n'est qu'une putain d'atrocité de plus sur la longue liste noire de personne et tout-le-monde. Ce qu'exècre Rachele, plus que les shadowhunters eux-mêmes, ce sont les idéologies binaires, le manque de remise en question et les réflexions trop simplistes. Elle aime Léonie autant qu'elle peut détester les shadowhunters qui l'ont assassinée.

Lors de l’épidémie, as-tu été contaminé ? Si oui, comment gères-tu les symptômes ? Si non, des proches ont-ils été touchés, sont-ils morts ? Comment as-tu vécu cette maladie ? Outre la paranoïa véhémente qui s'est emparée de tout le monde, Rachele a perdu plusieurs connaissances et un ami proche. Elle a tenté de retracer les évènements, de remonter les pistes - les derniers jours de vie des contaminés qu'elle connaissait, de faire le lien. Ce qu'elle a trouvé ? Que dalle. L'arrêt de l'épidémie ne l'a rendue que plus obsessionnelle. Rachele n'abandonne jamais aucune affaire.

Quelles sont ses capacités, ce qu'elle est capable de faire ? Possède-t-elle des traits physiques distincts, des pouvoirs, autre chose ? Sortilèges, potions, invocations, ..., téléportations illégales de pastabox ; Rachele a toute la panoplie du sorcier (y compris le t-shirt serpentard). Sa magie prend généralement la forme d'éclairs verts et sa marque de warlock n'a rien de très original : des yeux de chat, sans rire, c'est pas fun. Pas de sixième petit orteil ou d'aile de chauve-souris pour se la péter en soirée. Si la magie curative, la localisation et les attaques explosives lui viennent plutôt naturellement, c'en est une toute autre histoire avec les portails. Ce qui s'explique très certainement par son sens de l'orientation post-apocalyptique.

Son avenir, elle le voit comment ? A-t-elle peur d’y penser ? A-t-elle des craintes, des angoisses ? : Elle s'esquiverait sans doute par une blague un rien minable et un shot cul-sec si on lui posait la question. Rachele ne chérit aucune illusion quant à son avenir à long terme. L'éternité. Elle n'y pense presque jamais, préfère en rire. Elle vit au jour le jour, feint de ne pas s'investir émotionnellement mais se jette à corps perdu dans les affaires les plus désespérées. Rachele est incapable de se projeter, parce qu'elle reste enfermée dans ce passé qu'elle fuit depuis toujours. Sa mère. Le deuil de Léonie. Tout ce qu'elle n'a jamais affronté. Elle préfère mener les combats des autres plutôt que les siens.