Comme je m’y attendais avant de venir, la soirée n’est pas des plus divertissante. La populace est là pour voir et se faire voir, ce qui franchement ne me passionnes pas. Après avoir passé la soirée à écouter des ragots, j’ai eu envie de faire quelques choses de plus fun. Et ce qui m’a marqué c’est qu’aucun jeu d’argent n’est proposé au menu. Une grosse fiesta, avec plein de gens riches, et personne n’a eu l’idée d’une partie de poker. Bah si moi du coup. Quelques billets dans les poches du personnel, et l’affaire est vite réglée. L’accès à une salle de « jeu » du château – en gros là où la fine fleur de Rome jouait au billard ou autre à l’époque où les lieux n’appartenaient pas à l’Etat – m’est permis, et un serveur vivace se propose même de trouver le matériel et de jouer le croupier. Autant dire que c’est lui a qui s’est le plus mis dans la poche, et s’il continue d’être malin, il va continuer sur cette voie. Quand tout est en place – et il faut dire que le serveur/croupier est efficace – y compris beaucoup d’alcool et d’amuse-bouche, je décide de me mettre en quête de joueurs. Rien de plus simple à mon sens. Je commence par faire un saut au bar, et souffle à qui veut bien l’entendre qu’il y aurait une partie de poker est sur le point de s’organiser. J’évite soigneusement de dire qui l’organise, n’ayant pas demandé l’autorisation des organisateurs de la soirée. Puis rien de mieux pour attirer des gens que de laisser croire que c’est illégal, un peu comme à l’époque de la prohibition aux Etats-Unis. Je suis sûr que je me serais bien amusé si j’avais vécu à cette époque.

Je continue à répondre le message sous couvert de chuchotement parfaitement audible, faisant profiter au passage de mon haleine alcoolisé à mes interlocuteurs – j’aime autant qu’ils croient que je serais un adversaire facile à vaincre. Une fois fait, je retourne dans la salle et m’assoit face à la porte, voyant ainsi quelques têtes, certaines ouvertement curieuses, par la porte entrebâillée. Pas pressé pour un sou, je fais tournoyer mon verre de Brandy plaisantant avec mon serveur préféré. Un à un mes futurs adversaires passent la porte et je les salue : trois autres hommes et une femme viennent me rejoindre. Lorsque les sièges sont tous pris, je leur fais un grand sourire avant de dire : « Premiers arrivés, premiers servis ! Vu qu’on est tous là, je crois qu’on peut commencer, non ? Pas vrai Enzo, mon ami. ». Je regarde le serveur qui hoche la tête avant de rappeler les règles à tout le monde. C’est gentil de sa part je trouve, même si pour ma part je n’en ai pas besoin. J’avale une gorgée du contenu de mon verre, faisant passer pour un accident mon mouvement qui fit tomber des jetons. Un rire m’échappe alors que je m’excuse : « Oups désolé. Quel maladroit je fais ! ». Je me baisse pour les ramasser, prenant plus de temps que nécessaire, avant de me redresser l’air triomphant au moment où le croupier du soir finit ses explications : « Et voilà ! Au fait mes amis, c’est quoi vos petits noms ? Je suis Giacomo pour vous servir. ». J’omets volontairement mon nom de famille : je ne chercher pas à me faire des ennemis, enfin pas avant de les avoir dépouiller bien sûr.