Hibiscus  & Theodora
Shine bright like a diamond

Un pas. Deux pas. Onduler. Musique. Être en rythme avec les notes. Devenir la musique. Saisir la barre. Et s’envoler.  

Je n’avais jamais envisagé de devenir strip teaseuse. Je veux dire, qui envisageait sérieusement cette option ? Mon conseiller d’orientation m’aurait probablement fait interner si je lui avais soumis cette option. De toute manière, ma passion à moi c’était les gâteaux, la cuisine. Mélanger les arômes pour tirer le meilleur de chacun. Mais je ne savais même plus si j’étais capable de ça. Alors pour compenser je dansais. Quotidiennement je laissais mon corps s’enrouler autour de la barre de métal qui trônait sur le devant de la scène, laisser ma peau l’effleurer, la caresser, la heurter parfois au rythme de la musique. Fais l’amour à la barre chérie m’avait dit en riant une de mes collègues. Parce qu’au fond c’était ça que voulait ceux qui se perdaient ici, trouver la sensualité, la dévotion qu’ils ne pouvaient trouver ailleurs. Alors je dansais, je laissais la musique m’emporter, m’exorciser , me dévoiler. A force on finissait presque par oublier la nudité. Les sifflements des clients disparaissaient sous la musique, c’était peut être le but d’ailleurs. Oublier les personnes en face qui se délectait de nos mouvement. Peut être que c’était pour cela que la musique était aussi forte, l’ambiance intime, les lumières sur la scène éblouissantes. Si on ne voyait pas le public alors il n’était pas là. S’il n’était pas la, c’était comme danser pour soi. Il n’y avait plus de questions d’argent, de survie, de voix dans la tête et de guerre inter-espèces. C’était juste l’espace de quelques heures, suivre la musique pour s’accorder à elle.

Je laissais mon corps retomber le long de la barre et glisseur contre sa froideur. Heureusement pour moi, j’avais toujours été sportive, mais le pole dance avait été une nouveauté. Je n’avais jamais envisagé que ça puisse être aussi difficile. Les premiers jours mon corps hurlaient littéralement après les séances et je passais plus de temps à m’en remettre qu’à danser. La bonne nouvelle c’est que mon corps n’avait probablement jamais été aussi en forme que ces derniers temps. Un esprit sain dans un corps sain. Parfois, naïvement peut être, je me prenais à penser que ce job avait été une chance, il m’avait permit de sortir de l’enfer qu’avait été In Vino Veritas, je n’avais plus à servir de sac à sang, de trou ambulant. J’étais capable de penser à nouveau, d’agir, j’avais l’impression pour la première fois depuis longtemps d’avoir le choix. Des possibilités. Je n’étais pas sure que Rosalina veuille à nouveau de moi un jour, mais je n’étais pas certaine de vouloir d’elle non plus. Je comprenais les raisons qui l’avaient poussé à me renvoyer, mais je ne savais pas si j’aurais à nouveau confiance en elle. Je n’étais de toute manière pas prête à passer à autre chose.

Pied à terre je m’épongeais rapidement le front avec une serviette et changeais de musique pour mon dernier exercice. La musique classique avait toujours eu ma préférence, peut être en souvenirs de la gamine qui aurait aimé être l’un de ces petits rats d’opéra, ou peut être qu’il ne s’agissait que de goûts et de couleurs. Toujours est-il que le classique ce n’était pas vraiment le genre de la maison, alors même si je m’entraînais parfois dessus hors de question de monter un show. La musique démarra, douce d’abord puis impétueuse et je laissais mon corps se plier à ses caprices, me courbant, m’étirant contre le métal que j’enlaçais. Décollant comme le cygne que j’incarnais alors. Lorsque finalement le morceau s’acheva je me laissais glisser, sensuellement, le long de la barre, l’esprit encore anesthésiée par la musique.

Un bruit sec, répétitif, me sortir de ma torpeur et je sursautais en direction de la source du bruit. Une silhouette, presque invisible se tenais dans l’ombre, battant des mains, applaudissant. Je plissais les yeux tentant de reconnaître la silhouette qui se tenait contre le mur… Je ne l’avais pas vu arriver. Je ne l’avais pas vu arriver putain. Et au regard de la carrure de l’inconnu ce ne pouvait ni être Onyx ou Hadrian, encore moins Amaryllis. J’avais ma serviette en main, je la tenais devant moi comme un bouclier. Illusoire protection. Cela me donna néanmoins le courage nécessaire pour avancer et affronter l’inconnu face à moi.

- Qui êtes vous ?

BY .SOULMATES