I. Efflorescence.
Ta génitrice s'était réfugiée parmi les parois murales ayant bordé son enfance, ornementées de mille et une fleurs, albâtre squelette érigeant la maisonnette de ses parents, désireuse d'accoucher au creux de son ténébreux royaume. Un moyen pour la rassurer du déroulement de son labeur maternel à travers la proximité des existences lui ayant offerte la vie. Ton père décorait éphémèrement ses côtés, influente humanité dans le domaine de l'astrophysique qui, douée de ce privilège de pénétrer à l'intérieur du monde féerique de la cour des ténèbres, tergiversait régulièrement entre cet univers et le sien, conciliant adroitement son travail et le soutien de sa dulcinée.
Lorsque tu agrémentas finalement ce monde de ta présence, tes hurlements déflagrèrent, lénifiés d'un affectueux étau maternel. Une tendresse qui fut ensuite insufflée de ton père au moment où il te lova à son tour contre son torse, le faciès tout aussi rayonnant de plénitude que celui de sa femme tant tu étais d'emblée le trésor si adulé de leur palpitant. Précieux et unique joyaux qu'ils élevèrent, émoulus de patience et de cet onirisme sans doute exsudé de ton enfantine indolence durant trois ans au sein de la cour des ténèbres, logés et ensevelis de la bonté des parents de ta mère, leurs prunelles également flamboyantes d'émerveillement face à cette poupée de porcelaine que tu étais.
Tes journées étaient auréolées d'une féerique magie suintée des phalanges des adultes, en particulier de ceux de tes grands-parents retraités qui jouissaient de davantage de temps à tes côtés, ton père écroué de ses responsabilités professionnelles et ta mère contrainte de regagner les rangs de son travail lorsque son congé de maternité se sertit d'une finalité. Des absences comblées des doucereuses attentions de la paire d'anciens, forgeuse de tes truculentes brisures rieuses qui emplissaient quotidiennement les pièces de la demeure jusqu'à ce que le firmament revêtait un obscur manteau constellé de noctulescentes orbes. Paisibles nuits toujours sublimées de ces mystiques histoires contées du bout des lippes de ta mère et ton père jalonnant ton chevet.
II. Bons baisers de mamie et papi.
Etiolé d'à peine deux années d'existence, il était désormais temps de délaisser tes féeriques racines et retourner vivre dans le monde de ton père, leur véritable avenir y ayant demeuré. Des adieux réalisés en douceur grâce à leur éternité sur deux longues années par le soin de tes géniteurs, éclipsant l'âpre bousculement désireux de t'accabler. Ils auraient pu t'extirper dès la naissance du royaume féerique mais ta mère voulait t'offrir cette béatitude de t'affrioler de la découverte de son monde dès ta plus tendre enfance, persuadée que tu y reviendrais vagabonder lorsque les temporelles affres ne parviendraient plus à effriter ta pulpe.
Tes pommettes furent chacune maculées d'un affectueux baiser, la droite recueillant celui de mamie et l'autre celui de papi. Des adieux qui se mueraient bien plus tard en retrouvailles, ils en étaient parfaitement conscient, déjà submergés de cette hâte de te contempler en fée accomplie.
Foulant pour la première fois le sol romain, tes iris batifolèrent, leur curiosité attisée de ces nouveaux panoramas s'exhibant à ta vue. La nouvelle demeure qui serait la tienne ne ressemblait en rien à celle de tes grands-parents, bien plus imposante et sombre. Tes journées se parèrent de nouvelles activités avec ton entrée à l'école et ton apprentissage de ta magie féerique et de ces quelques talons d’Achille aliénés à cette essence de fée cavalant au creux de tes rutilantes racines veineuses au fil des années une fois de retour le soir au sein de votre manoir familial. Savoirs que tu accumulas durant de longues années, ceux-ci se distordant sous plusieurs apparences, de la petite école à l'université où tu t'enlisas au creux d'études en gemmologie. Une décision certainement influencée de ta nature, ton affinité avec Dame Nature bien plus fervente que celle qu'arboraient les autres espèces ainsi que ta passion des gemmes, raffinés et magnifiques amas de minéraux dont s'enjolivait la nature.
III. Perfide épidémie.
Tu regrettas ces 21 années bien trop maigres de souvenirs délectés aux côtés de ton paternel qui succomba à ses 52 ans, épuisé de cet immondice qu'était le choléra qui accompagnait cette ardente épidémie d'affections pestilentielles qui traumatisa le XIX ième siècle de ce sillage de cadavres trônant à ses pieds. Il ne put échapper à sa funeste destinée, malgré les innombrables efforts médicinaux, malgré tes effervescentes tentatives magiques pour lui apporter le salut, quand bien même ta mère t'avait informé que c'était inutile, votre puissance incapable de faire faces aux fléaux infligés de Dame Nature, les perles nacrées engorgeant ses prunelles. Une lypémanie qui s'éprit à son tour de ton être, tes arabesques s'écroulant la première fois sur le chevet de ton père ayant expié son dernier soupir puis une deuxième fois sur son cercueil s'apprêtant à être engouffré au ceux de sa terreuse caverne, les ultimes bénédictions des proches s'achevant.
Jamais sa tombe ne fut négligée de ton esprit, tes esquisses l'agrémentant régulièrement, parfois ornementées de celles de ta mères, parfois étincelantes de solitude pour y déposer quelques bouquets de rougeoyantes roses et lui souhaiter cet emblématique repos éternel qu'il méritait tant.
Et tu revins au royaume de la cour des ténèbres, abandonnant le monde des humains, la seule racine vous y ayant retenus ta mère et toi n'étant plus. Des retrouvailles avec tes grand-parents qui les inonda d'admiration à ton égard tant le temps t'avait forgé en une délicate fée. Une plénitude qui se fana bien subitement avec l'annonce de la terrible nouvelle. Ils s'empressèrent de vous étreindre et de vous galvaniser de leur réconfort. Ta mère décida de demeurer chez eux pour le restant de ses jours, plus encline à tenter de retrouver l'amour, bien trop dévastée et traumatisée de la perte de son bien-aimé de toute une vie et préférant se concentrer sur son travail ainsi que ton bonheur. Désormais adulte à présent, tes désirs s'entichèrent de l'obtention d'une maisonnette au coeur d'un quartier huppé, élégant du royaume féerique des ténèbres.
IV. Étendards.
Et les années s'écoulèrent, l'immortalité héritée de ta mère affluant éternellement parmi tes entrailles, fiévreuse barrière intimidant la puissance temporelle incapable de t'effriter davantage de vieillesse, jouissant trop souvent d'une jeunesse semblable à celle d'un jeune homme d'une vingtaine d'années. Une éternité qui s'enlaidit peu à peu de monotonie, de cette banalité quelques fois balafrées de ces étendards de la guerre. Tu avais assisté à tellement d'événements historiques de Rome, rythmés des avancées technologiques, industrielles et médicinales, des prémices de ce conflit opposant les créatures obscures aux chasseurs d'ombres, à la révélation du monde magique à l'humanité qui secoua les tréfonds tout entiers de Rome. L'année 2000 demeura néanmoins l'une des plus révolutionnaires, les créatures obscures profitant des ébullitions pour manipuler les êtres humains et reprendre les rennes de la guerre les écartelant avec les chasseurs d'ombres, préambule des années plus tard, en 2011, de l'étendard de cette rébellion qui crépita à travers tout Rome. Divertissements auxquels tu ne pris part que pour combler tes propres intérêts, exterminer le peuple féerique de la cour des lumières. Ton retour au royaume t'ayant fait découvrir l'envers de ce décor que tu n'étais autrefois jamais parvenu à déceler. Une réalisation longtemps entravée de cette indolence enfantine qui vivifiait autrefois ton existence. Les lumineuses fées, dont la suprématie semblait asphyxier celle de leurs comparses obscures et auréolées de cette gentillesse qui n'avait lieu d'être n'éveillèrent que de la fervente fureur et de sombres desseins de ta part, décidé depuis l'apparition de ce déclic à tout oeuvrer en ton pouvoir pour les flageller d'une définitive extermination, l'étendard de la guerre ravageant Rome qui avait redonné un peu de saveur à ta vie si monotone se muant également en outil de prédilection pour assouvir tes noirâtres idéaux.
Et tu te fondis jusqu'à présent dans la masse, fallacieuse et charmante humanité dont tu te plaisais et te plait toujours à t'enrober pour briser les moindres soupçons et manipuler les êtres avec aisance avant de sanguinairement les poignarder dans le dos, pathétiques et amusants pantins de ton géant échiquier mis en place ...