Il est passé l’heure, elle l’attend peut-être encore et ses pas le mènent presque à elle. Ce avant qu’il ne se rende compte de la direction qu’il prend et qu’il ne s’arrête brusquement. Elle n’est du genre à attendre plus de dix minutes, elle le connaît que trop bien pour savoir qu’il n’est jamais en retard. Ou du moins rarement de plus de cinq minutes. Ils ont pourtant fait la paix, tous le savent, à croire qu’ils n’ont rien d’autre à faire qu’à l’observer parler à une vampire… Tout ça ne serait pas arrivé si ces saletés de créatures n’avaient pas été aussi cruelles. Il veut tous les voir crever. Elle aussi. Alors même que cette pensée le traverse il ressent comme un pincement au cœur. Non, jamais il ne supporterait de la voir dans cet état. Réduit à n’être qu’un monstre parmi d’autres, une créature obscure, une saleté de vermine. Elle est tout ça aujourd’hui sans jamais l’être. Car elle ne peut pas l’être, pas elle, tous, mais jamais elle. Submergé par la colère, il est tellement impuissant face à ce cruel destin que ça le rend fou de rage. Il n’en est que plus violent lors d’une chasse, plus efficace lors d’une mission. Pourtant il ne fait ni l’un ni l’autre et sa rage ne peut trouver échappatoire.

Il fait demi-tour, lance un regard noir à un Néphilim qui fait un pas sur le côté pour éviter la collision. Il a besoin d’évasion. De se changer les idées avant qu’il ne parte seul à la recherche d’une bestiole ou l’autre à crever. Alors même qu’il se rend vers la salle d’entraînement, le nom de son frère lui parvient entre deux murmures. Et son sang ne fait qu’un tour, car s’il y a une chose qu’il commence à détester c’est ces satanées rumeurs et ceux qui les propagent. « Hé ça va pas, lâche moi Nolan. » Il a dû voir rouge, car il a perdu quelques secondes qui lui ont suffi à plaquer un des deux autres Néphilims au mur. L’autre pose sa main sur son épaule, et franchement, Nolan se demande quelle malédiction leur pèse pour expliquer la survie de deux pareils idiots. Non seulement il maintient sa prise, mais il la resserre également. Et son regard doit en dire long car l’autre n’essaie pas de se débattre plus qu’il ne pourrait le faire. « Qu’est-ce qu’il a, mon frère ? » Une lueur meurtrière traverse le regard du De Santi, Gabriele n’est plus le même, tous le savent. Mais les Anges peuvent en être témoin, il ne laissera personne dire du mal de son aîné, pas après ce qu’il a subit.

Il faut dix minutes aux deux imbéciles pour cracher le morceau. Ils lui en ont dit plus qu’il n’en faut, plus qu’il ne voulait en savoir ou entendre. Bien trop en vérité, son poing et la mâchoire de l’autre gars se sont brièvement rencontrés. Il s’est rapidement éloigné de la salle d’entraînement, il n’a pas envie d’entendre le moindre discours d’un de ses parents quant à cet excès de violence. Si la fumée pouvait lui sortir des oreilles c’est ce qu’elle ferait à cet instant. Gabriele ne va pas bien, il le sait. Mais il semble qu’il soit tout aussi doué à être un frère qu’il l’est à être un simple ami. D’ailleurs, ça fait combien de temps qu’il n’a plus parlé seul à seul à son aîné ? Sans la présence de leur famille tout entière, de Val’ surtout, qui a tendance a toujours être là. Et merde, il ne sait même pas se rappeler d’la dernière fois où il a vraiment discuté avec son frère. Oui, il se souvient bien lui avoir parlé quelques fois après son retour mais autrement…

De toute façon avec pareilles rumeurs, il ne peut pas réfléchir plus longtemps et bien se demander quoi dire à son aîné. Si leurs parents entendent de telles sottises… Nolan ne peut pas tous les faire taire à coups de poings, bien que l’idée le tente énormément. Angel l’aiderait et il pourrait même compter sur elle. Il se dirige vers les dortoirs, vers l’aile des chambres réservés aux hauts dirigeants et leurs familles, un des nombreux privilèges dû à leur rang au sein des Néphilims. Plus tôt dans la journée il avait vu Sapphira, sur le moment sa petite mine ne l’avait pas inquiété. Mais si ce qu’on dit sur Gabe est vrai, il n’est pas étonnant que sa parabatai semble mal reposée. Arrivé à la porte menant à la chambre de son frère, Nolan hésite une fraction de secondes seulement. Peut-être vaut-il mieux que Gabe ne soit pas là, il n’a pas réfléchit une seule seconde à ce qu’il pourrait bien dire à son aîné… Il frappe à la porte, attends deux longues secondes, mais est bien trop énervé pour attendre plus que ça.

« Gabriele c’est Nolan. Faut qu’on parle, bordel ! »


Il est à deux doigts de rentrer sans attendre la moindre confirmation que son frère se trouve bien là. Il paraît qu’on peut en dire long sur l’état mental des gens en voyant l’état de leurs chambres, et le cadet De Santi est à deux doigts de tester cette théorie. Sa sœur l’a mieux élevé que ça.. Un bruit, tant pis, de toute façon il doute que son frère soit en plaisante compagnie. Il entre sans demander son reste et pense malgré tout à ne pas fermer brusquement la porte, faire sursauter un chasseur est mauvais pour la santé.

« J'viens d'entendre le summum de la connerie alors va falloir que tu m'expliques. »

Soft, ne pas se lancer dans les accusations ou crier sa mécompréhension, ça n’aide pas et surtout pas maintenant. Mais le plus jeune De Santi se tait en posant son regard sur son aîné. Et il se rend compte à ce moment précis qu'il aurait d'abord aller dû trouver leur soeur.