Son entourage l'embêtait tous les jours pour qu'enfin, elle accepte d'acheter une voiture. Ce serait plus sécurisant, disaient-ils. Certes, cependant chercher une place de parking dans Rome n'était pas facile et la voiture semblait lui apporter plus de problèmes que de solutions. Elle y a pensé un temps, Aphrodite, seulement, les transports en commun lui suffisaient. Ce soir-là, elle aurait pu prendre un taxi mais les dernières journées d'été se faisaient sentir et elle avait encore envie de profiter de la brise légère du dehors sans avoir à se couvrir de trois couches de vêtement. C'est vêtu d'une robe, d'un foulard et d'un simple imperméable qu'elle s'aventura à l'extérieur. Il était presque une heure du matin et elle avait décidé de faire des heures supplémentaires au bureau, pour pouvoir prendre un week-end de trois jours, fatiguée. De plus, les horaires chez Vaszjr n'étaient pas des plus normales ; elle s'y était habituée avec le temps. Aphrodite se dirigea vers la gare termini, pour prendre le train qui la mènerait à deux pas de chez elle, peut-être même que sa colocataire serait encore réveillée. Soudainement, alors qu'elle était perdue dans ses pensées, oubliant presque le bruit de ses minuscules talons cliqueter sur le sol, Aphrodite eut un très mauvais pressentiment. Elle tourna légèrement la tête et elle aperçu trois garçons la suivre en la regardant avec intensité. La jeune femme plongea la main dans son sac pour essayer d'attraper son téléphone lorsque l'un deux arriva en courant et bouscula sa mère, brisant son téléphone sur le sol, un peu plus loin. Les deux autres l'encerclèrent, pour qu'elle soit bloquée contre un mur. La peur s'empara d'elle, malgré tous les dangers auxquels elle avait fait face avec sa famille proche des loup-garous et des créatures obscures, ceux qu'elle craignait le plus au final, c'était la perfidie humaine. Aphrodite, elle était face à des hommes bourrés, ne réfléchissant plus à leurs actes et assoiffés d'un désir brûlant. « Tu te promènes toute seule à cette heure... Il faut pas. » Dit un premier, en s’esclaffant. Les deux autres n'attendirent pas bien longtemps avant de suivre le mouvement. « Une belle fille comme toi, avec tes fesses toutes musclées... » Osa avancer le deuxième homme, essayant de mettre une main sur les fesses d'Aphrodite. Ce fut le geste de trop pour elle, il eut à peine le temps de l'effleurer, qu'elle le poussa de toute ses forces. « Tu me touches pas, gros porc. » Dit-elle d'un ton menaçant, essayant de s'échapper en courant lorsque l'un deux rattrapa son bras et la fit tomber à la renverse. Elle se releva rapidement alors que sans comprendre encore ce qu'il se passait, celui qu'elle avait envoyé valser se mit à hurler de douleurs. Par derrière, elle pouvait apercevoir une silhouette, bougeant très rapidement. Aucun doute, elle venait d'être secouru par une créature obscure et l'obscurité lui empêchait encore de voir de qui il s'agissait.  

Weyland était ce genre de personne qu’on pouvait qualifier de « paternelle ». D’autant qu’il était un incapable dans les sentiments, qu’il ait de la difficulté à s’exprimer sans insulter quelqu’un ou dire une connerie, il y avait cette parcelle qui lui restait de son passé. Celle qu’il avait trois ans auparavant, et même encore longtemps dans son adolescence. Il était né pour être un alpha, le loup. Il était le fils d’un couple d’alpha et une bêta, il a passé toute sa vie à se préparer pour cela. Il était perçu comme un leader, comme quelqu’un qui pouvait être le chef et protéger les siens. Et pourtant… Sa meute avait été décimée l’un après l’autre pour le laisser seul survivant (ou le croyait-il.) Ça expliquait sans doute pourquoi, à son arrivée à Rome ou même depuis ces années il n’avait pas voulu détrôner l’alpha en lice. Il était encore trop atteint par la perte de ses proches, il n’avait pas envie de régner et de perdre à nouveau les gens qu’il aimait. Néanmoins, depuis peu il avait commencé à vouloir prendre la place de Bêta de Leila, pour pouvoir se faire davantage connaître dans la ville. Il passait moins de temps avec la meute qu’avec Giacomo ou Rose et Landon. Son premier job étant celui dans la Brigade Nocturne. Le reste du temps il avait à le jongler entre ses deux amoureux. Il y avait également la meute qui comptait à ses yeux, son job comme videur pour le restaurant. Bref, il ne s’ennuyait pas, le loup. D’ailleurs, c’est soit de pleine lune. Il aimait ses nuits particulièrement puisqu’il les passait soit seul, soit avec le reste de la meute. C’était sa soirée où il renouait avec son côté primal, la nuit était déjà pas mal avancée. Il s’était transformé à la tombée de la nuit, parcourant les rues et se rendant jusqu’en bordure de la ville pour courir un peu. Les heures passèrent et il se rapprocha un peu plus de la maison quand une odeur l’attira. Il la connaissait tellement bien. Weyland était forcément proche de ses sens, mais celui qu’il affectionnait étant sans aucun doute l’odorat et il gardait une mémoire phénoménale des gens qu’il rencontrait. C’était Aphrodite. Cette jeune femme qu’il tentait de faire rejoindre la Brigade par sa nature de battante. Elle n’était pas seule, aussitôt alarmée par les effluves de panique qu’elle éprouvait, le loup n’attendit pas plus d’une seconde et s’élança vers sa jeune amie. « Tu me touches pas, gros porc. » On l’attrapa au vol, la faisant tomber et il reprit sa forme humaine; il n’avait pas besoin de garder un avantage supplémentaire devant de simples humains. Ils étaient à peine plus âgés qu’elle, ce qui représentait une facilité déconcertante pour le colosse de blond qui envoya valser le corps de celui qui avait touché sa précieuse. Il se tourna vers les deux autres qui déjà, avaient les mains relevées en signe de paix. C’était trop facile. Il rit, Weyland en empoignant le collet de l’un et en envoyant  son poing dans le visage de l’autre. Le dernier gémissait déjà et il ne lui fallut qu’un coup de pied dans le cul pour les observer déguerpir sans demander leur reste. Elle est encore au sol, la déesse. Il s’est rapproché, dévoilant enfin son visage à la lumière et il se penche pour soulever son corps si léger, il garde d’ailleurs sa main sur l’une de ses hanches. « Si tu m’accompagnais à la brigade, ce genre d’incident ne se produirait pas, babe. » Ces mots doux qu’il affublait quiconque qu’il appréciait, avec son accent indéniablement sud-américain.