Il est excité, sur les nerfs, un sourire qui s’évertue continuellement sur ses traits. Il a texté Landon, puis Rose de les rejoindre sans faute à la maison ce soir à 20h. Ils avaient des horaires assez particuliers, ce qui ne les permettait pas de passer toutes leurs soirées ensemble comme pouvait le faire un autre couple. Cela faisait six jours qu’ils n’avaient pas profité d’un souper en bonne compagnie et il était romantique, au fond, le loup. Il avait prévu une raclette accompagné d’au moins trois bouteilles de vin. Il espérait sans contredit que la soirée se termine au lit un peu trop rapidement. Bon, d’accord, ça pouvait se faire dans la salle de jeu, dans le salon aussi. Peu l’importait vraiment, au fond. Rose, Weyland et Landon vivaient en union commune depuis maintenant treize mois jour pour jour. Ils avaient fêtés le mois dernier en se rendant à Paris pour un week-end, mais il avait envie de marquer ce nouveau mois à nouveau. D’ailleurs, cela faisait trois mois et quelques jours qu’ils habitaient tous ensemble dans la maison qu’ils avaient achetés à trois. Essayer de faire comprendre au banquier que trois noms figureraient sur l’hypotèque avait été assez ardue. Enfin, jusqu’à ce que ce soit Rose qui le menace littéralement de violence tandis que les deux créatures auraient pu utiliser leur pouvoir pour obtenir ce qu’ils désiraient tant. C’était évidemment Landon qui avait décoré l’entièreté de la maison, car les deux autres auraient fait quelque chose de purement chaotique qui n’aurait pas donné l’impression d’être « chez eux ». Weyland adorait ce que Landon avait fait de l’endroit, surtout la chambre principale où un lit immense fait sur-mesure trônait dans la pièce. Pour qu’ils puissent dormir les trois côtes à côtes. Il arrive à la maison avec les bras rempli des cartons de l’épicerie et manque de tomber face première lorsque le chien-loup de Landon l’accueille avec joie. Il dépose les paquets sur le comptoir de la cuisine où un ilot en fait le centre, avant de ranger les choses à leur place. Il est passées 19h30 et Weyland a déjà commencé à préparer la nourriture, il s’est d’ailleurs muni du tablier rose bonbon qu’il a offert à Landon pour l’agacer. Il portait une chemise blanche dans un de ses jeans noirs favoris, on pouvait noter qu’il avait fait attention à son apparence pour la soirée. Il s’était même couper les cheveux et fait tailler la barbe. Il fallait profiter du moment, car ces cheveux poussaient tellement vite qu’il pouvait très bien ravoir les cheveux assez long pour les attacher d’ici trois semaines. Il a mis une musique de fond sur le google home qu’il s’Est lui-même procuré en cadeau de bienvenue. Cette soirée promettait d’être parfaite, même qu’il avait demandé à Landon d’apporter quelques-unes de ses couleurs ainsi que son matériel pour tatouer. Il avait envie de marquer son corps à nouveau, en l’honneur des deux personnes qui faisaient battre son cœur. Il espérait seulement qu’il aurait la patience d’attendre qu’il le marque, avant de passer à autre chose!

Landon essayait de ne pas montrer à quel point il avait hâte d’être ce soir. Mais, il ne pouvait pas rusher le tatouage de son client pour faire plaisir à Weyland. Il avait une réputation à garder et il aimait le travail bien fait. Il était pointilleux, voir même presque trop. Ce n’était pas un défaut mais, cela lui faisait avaler plus de temps que nécessaire sur certains détails. Heureusement, c’était le dernier rendez-vous de la soirée. Il regarda le visage de son client, analysant le degré de douleur dans lequel se trouvait ce dernier. Au vue de la grimace qui déformait ses traits, il n’allait pas faire long feu et le fée allait pouvoir finir et nettoyer son matériel pour pouvoir l’emporter à la maison. Encore une demander du loup. Landon voyait venir les heures supplémentaires sans honoraires. Enfin, plutôt avec un salaire bien différent de celui qu’il se faisait au salon. Il ne s’y trompait pas. Son client demanda à arrêter la séance et à continuer plus tard. C’était un superbe motif de carpe koï auquel Landon avait ajouter quelques éléments de fantaisie tirer des poissons de la faërie. Il aimait le dessin, depuis toujours. Mais, cela n’avait pas nécessairement plut à ses parents. Ne leur en déplaise, comme d’habitude, il avait fait ce qu’il désirait. De toutes les manières, il n’aurait jamais pus être à la hauteur de leurs espérances. Il s’y était résigné depuis quelques dizaines d’années. Nettoyant son matériel, il se mit à sourire, pensant à ce qui l’attendait en rentrant à la maison. Il se demandait bien ce qu’il trouverait. Sa mallette à la main, il adressa un salue à ses employés avant de s’enfuir un peu lâchement pour les laisser faire la fermeture. Mais, personne ne lui en voudrait. Il lui arrivait très souvent de faire beaucoup des fermetures. Ses amants avaient des horaires très particulières et Landon était du genre souple. Ses employés le savaient et ils ne lui en tenaient pas rigueur. Loin de là. Il sortit dans la nuit, dans le quartier de Monti pour prendre un peu d’air et marcher jusqu’à l’arrière du Vatican. L’air frais était parfait pour se revigorer un peu. Landon était un être de la nature. Il en avait besoin. Mais, sa marche fut finit bien plus rapidement que prévue. Il était arrivé. Il ouvrit la porte et son énorme chien loup, Wolf, se jeta sur lui aboyant pour lui raconter sa journée et lui dire combien il s’était ennuyé. Et oui, son chien s’était nommé lui-même. Sa capacité à communiquer avec les être canins lui permettait d’avoir des relations particulières avec ses animaux. Caressant son pelage, il alla lui ouvrir sur leur jardin pour le laisser tranquillement gambader avant de se mettre à la recherche de ses amoureux. Son bonnet avait quitté ses cheveux qui avaient une apparence très humaine et ses lunettes de soleil, ses yeux. Il n’avait pas encore montré sa véritable apparence à Weyland. Mais, il allait devoir y penser. Il trouva le blond affairé à la cuisine. Souriant il glissa l’un de ses bras autour de sa taille avant de venir déposer un baiser affectueux sur sa joue.

-« Ce tablier était un bon investissement, il te va à ravir. »

Oh, il savait parfaitement que cet achat était supposé être une plaisanterie pour lui mais, il ne pouvait s’empêcher de la taquiner. Trouvant un peu de place sur l’îlot central, il s’y assit pour le regarder faire, ses yeux détaillant ses mouvements, les muscles de ses bras et la concentration de son visage. Ce n’était pas Landon qui avait été attiré en premier par Weyland mais Rose. Inversement pour Weyland, c’était Rose qui l’avait tout d’abord intéressé. Mais, lorsque ce grand gabarit c’était retrouvé face à eux, Landon avait vite compris que son cœur avait de la place pour lui si cela les rendait tous les trois heureux. Piquant un aliment à grignoter, il entama la conversation :

-« Qu’est-ce que tu nous prépares de bon ? Je suis curieux ! »

Il tandis la main pour effleurer ses cheveux dans un geste presque naturel. La proximité physique chez les fées était quelque chose d’essentiel. Il cherchait le contact avec ceux qu’il aimait sans toujours s’en rendre compte.

-« La journée n’était pas trop longue ? »

Il n’avait pas toujours le droit d’être au courant de leur travail. Et c’était sans doute le plus dur pour lui. Cette inquiétude sourde qui le tiraillait. La peur qu’on lui annonce que quelque chose était arrivé à l’un d’eux. Il avait hâte de découvrir ce que le loup avait préparé. Avisant les bouteilles, il se leva pour servir trois verres avant de revenir à sa place et de faire glisser l’un des verres jusqu’à lui. Rose n’était pas encore là, mais sans doute n’allait-elle pas tarder. Et le troisième verre l’attendait.

Un sourire étira discrètement mes lèvres tandis que mes yeux quittaient l’écran de mon téléphone. Je pris soin de rapidement le ranger avant que Giaccomo ne me surprenne et ne me vanne d’une façon ou d’une autre. C’est ainsi que je revenais près de ce dernier afin de continuer de l’aiguiller sur notre prochaine mission où mes compétences informatiques auraient toutes leur importance. Je prenais mon temps afin de lui expliquer toutes les étapes de la manoeuvre, alors même que je savais qu’il ne me restait qu’une heure trente avant le rendez-vous que Weylland venait de nous donner, à Landon et moi-même. La discussion se poursuivit alors, suivit de quelques coups de fil  afin de nous assurer que tout serait prêt dans les temps. Une fois les dernières clauses échangées, je le laissais filer en premier tandis que je checkais mes derniers e-mail. Il s’avéra qu’il n’y avait rien d’urgent, ce qui me permit de me changer avant de rentrer à la maison.

Une part de moi était fébrile face à ce que Weylland avait préparé. Même s’il n’y paraissait pas, j’étais encore intimidée face à tout cet amour que mes deux hommes me communiquaient sans limite. Je m’étais bâtie comme une femme forte, qui n’a besoin de personne et qui ne ressens rien...Alors comment pouvais-je offrir de l’amour à deux personnes si différentes? Cela restait un mystère contre lequel aucune solution ne me venait spontanément. Je préférais porter mon attention sur le paysage qui défilait tandis que j’approchais de la maison. Je me souviens encore du jour où on avait signé tous les trois, sous le regard ahuri du notaire. Ce n’était pas courant un tel amour fois trois. Surtout pas à Rome.

En pénétrant dans la maison, je fus frappée par l’odeur de fromage, avant que Wolf ne vienne me saluer. Je m’agenouillais afin de l’enlacer avant de le laisser vaquer à ses occupations. J’appréciais ce sentiment de confort et de bien-être qui m’accueillait toujours après une dure journée de travail. Mais il y avait toujours un sentiment en moi que cela n’était pas normal. Que cela ne pouvait pas être ma réalité. Je provenais d’une famille si éclatée que vivre en fusion avec deux êtres d’exception ne pouvait être possible pour mon âme. Et pourtant. Quand j’arrivais dans la cuisine je restais un instant dans l’ombre, silencieuse. Je t’observais toi Weylland. Fort et puissant au-delà de ton apparence. J’observais la minutie dont tu faisais preuve dans ce plat que tu nous préparais avec attention. Puis je t’observais toi Landon. J’adorai sentir ta douceur, ta finesse même à distance. J’adorai vous regarder évoluer dans ce ballet dans lequel j’allai bientôt prendre part.

Je fis un pas, la lumière de la cuisine m’accueillant pleinement. “Je suis curieuse aussi.” fis-je en écho aux paroles de Landon. “Même si le fromage semble être un élément essentiel à ta préparation, je me trompe?” Je réduisis la distance qui me séparait de Weylland afin de poser une main sur la sienne - caresse passagère- tandis que mes lèvres se posaient à la commissures des siennes. J’inspirai profondément, profitant de son odeur, avant de le délaisser au profit de Landon que je vins embrasser avec passion, mon corps se collant un instant au sien avant de reculer et de me saisir du verre à mon intention. “Aux deux hommes de ma vie!” lançais-je naturellement en vue de trinquer tous les trois.

À eux trois, ils ne faisaient pas un couple régulier. Au contraire, ils n’avaient rien de la normalité. C’était sans doute ce qui avait toujours plu à Weyland. Il n’avait pas envie d’un amour régulier, facile à obtenir. Il en avait eu, des relations sans intérêts, des coups d’un soir. Après tout, il préférait déguerpir rendu au matin que devoir s’expliquer devant un ou une inconnue. Il n’était pas doué avec les mots, quand il ne s’agissait pas des jeunes qu’il prenait comme ses protégés ou des loups de la meute. Même avec Rose, il n’arrivait pas à dévoiler tout ce qu’il ressentait. En même temps, c’était assez normal vu le tempérament semblable de chacun. Cette incapacité à communiquer, celle que Landon détenait dans ce couple. C’était grâce à lui que tout avait débuté, d’ailleurs. Car ce n’était sans doute pas ni le loup ni l’humaine qui aurait dit à l’autre qu’il l’intéressait. Il était le facilitateur dans l’histoire et Weyland l’adorait pour cela. Il était celui qui soutenait l’entièreté du couple, sans même en être au courant. Néanmoins, plus les jours passaient et plus il se demandait si le fée s’ouvrirait enfin à lui comme le loup l’avait fait pour sa part. Il n’avait jamais vu sa réelle forme comme Rose l’avait vu à maintes reprise, elle. Il espérait que ce jour arriverait et pas dans dix années, de préférence. Les aboiements de Wolf l’averti de l’arrivée d’un de ses amoureux et il lève ses yeux pour les poser dans ceux de Landon. Un sourire franc comme il ne se fait plus, et il continue de se concentrer sur les légumes qu’il coupe. « ah, ah! J’avais pas trop le choix, c’était le seul disponible et je n’avais pas envie d’avoir de la sauce partout. » Il a l’air réellement consterné, comme si c’était une justification valable. Passons, il l’observa le contourner et s’assoir sur l’ilot. Il faisait comme si la nourriture restait le plus important ce soir, mais ses yeux vrillaient inlassablement sur la fée qui l’observait. Sa question est coupée par les nouveaux jappements du chien, laissant apparaître une tête blonde de plus dans la cuisine. « Vous connaissez mes talents de cuisinier. » Qui n’étaient pas très intéressant, non ce n’était pas le genre du loup. Il préférait les amener au restaurant ou profiter de la cuisine des autres. « Mais je me suis dit que la râclette restait la meilleure solution. J’ai acheté de la viande marinée, je coupe tous les légumes et chacun pourra faire cuire ce qu’il a envie! » Ok. Il était vraiment vendu dans son idée. Tout cela était partie de la vendeuse qui présentait les fours à râclette à l’entrée du marché. C’était elle qui lui avait donné la facilité de ce souper. « Oui, à nous trois! » Qu’il répond à Rose, tout en trinquant avec ses deux personnes qu’il aimait tant. « Pour répondre à ta question, je n’avais pas grand-chose à faire aujourd’hui. Pas de Nephilims à torturer, quoi. » Il dit cela avec son accent qu’il raffirme un peu, comme pour mener le tout à la blague. « Bon, j’ai fini! On s’assoit?! » Il avait déposé les dernier morceaux de piments dans l’un des plats de service. « Faut qu’on parle de mon idée de tatoo. » Il amène quelques plats à la table et une fois à sa place, il rajoute, un sourire niais sur son visage. « Enfin, j’sais pas encore ce que ça sera. Mais je me disais qu’on pouvait tous se faire le même, non? » Si on avait demandé aux nephilims qu’il avait torturé de décrire la première qualité qui leur venait à l’esprit, ce n’était définitivement pas le romantisme. Et pourtant?

Retrouvant sa place sur le plan de travail, ses lèvres trempant dans le verre de vin, il savoura un instant les saveurs avant d’être dérangé dans sa contemplation par une superbe tête blonde aux courbes affolantes. Comme à son habitude, Rose attendait toujours son moment pour faire son entrée. Landon avait toujours été fasciné par cette capacité qu’elle avait de toujours apparaître ai bon moment, pour donner le ton. Il regarde ses deux amants, se demandant si la barrière de leurs esprits et de leurs cœurs s’était effacée. Il n’en était pas certains, mais Landon n’avait pas cette capacité à lire dans les sentiments. Mais il savait que pour l’un comme pour l’autre, se dévoiler de soi-même était une bataille de chaque instant. Et ces lèvres qui se saisissent des siennes, ses bras venant naturellement se glisser sur sa taille. Lorsqu’il avait rencontré Rose, il avait été intrigué par l’ensemble de sa personne et dans tout ce qu’il avait pu lire dans son regard. Il y avait vu cette détermination, cette indépendance et cela l’avait conquis dès le moment où elle avait passé le seuil de son salon de tatouage. Mais l’approcher était comme approche un animal sauvage. Heureusement, Landon avait de l’expérience avec ce type de danger. La Patience était maître des mots. L’enthousiasme de Weyland sur le dîner qu’il était entrain de préparer le fit se retourner vers le loup. Qui aurait cru que derrière cette carrure de boxeur et ce regard féroce se cachait un homme attentionné et maladroit. A vrai dire, Landon n’y avait pas vraiment cru tout d’abord mais, il avait bien fallu qu’il se rende à l’évidence devant les tentatives parfois maladroite d’exprimer son affection. Il le laisse tourner sa remarque sur les Nephilims en plaisanteries mais, la réalité était que Landon supposait que c’était une action qu’il lui arrivait de faire. Le fée ne lui en tiendrait pas rigueur, il détestait les Nephilims du plus profond de son être. Après avoir trinqué, il les suivit jusqu’à la table et s’assit. A vrai dire, Landon n’avait jamais mangé de raclette. En Faërie, le fromage n’était pas un aliment particulièrement consommé et depuis qu’il était à Rome, il n’avait jamais eux l’occasion d’en goûter. Il connaissait le principe bien heureusement, il n’avait donc pas besoin de demander une explication. Et finalement, le sujet du tatouage fut lancer sur la table. Il regardait l’enthousiasme briller dans ces prunelles bleues et tenta de supprimer l’angoisse qui venait de monter dans sa gorge. Il mis un morceau de fromage à fondre et des aliments. Il avait besoin de réfléchir. Etait-il prêt à endurer la souffrance que représenterait un tatouage pour lui. Il préféra retourner la question autrement.

-« Vous tatouer ne me dérange pas mais… lequel d’entre vous prendrait l’aiguille pour moi ? »

Cette aiguille qu’il ne touchait jamais à main nue, même chose pour son encre. Lorsqu’il avait appris, son maître lui avait enseigné avec des aiguilles en fer et des peintures dans lesquelles les éléments ferreux étaient présent. La douleur risquait d’être conséquente, probablement comme si on lui appliquait du métal chauffé à même la peau. Et il n’était pas sur du temps que la douleur mettrait à partir ou si elle partirait un jour. Il aurait pu demander à Hibiscus puisque ce dernier se baladait en permanence avec des tatouages mais, cela ne lui avait jamais traverser l’esprit pour la simple et bonne raison qu’il ne pensait pas que la question se poserait un jour. Puis, finalement, il préféra dire le fond de sa pensée.

-« Et puis… je ne suis pas sûre de quel effet cela aurait sur moi. Tout le matériel possède du fer, même les peintures. Disons que fée et fer n’est pas une combinaison qui fonctionne vraiment bien. Et l’unique fée que j’ai déjà tatouée et avec qui je suis en contact est Hibiscus mais… il est très particulier. »

Landon adorait Hibiscus, c’était grâce à lui qu’il était devenu tatoueur et il avait réalisé l’un de ses plus belles œuvres sur son corps simplement… il connaissait le tempérament de son ami et sa capacité d’abstraction. Il attrapa quelques condiments à rajouter dans son assiette sentant qu’il avait probablement fait retomber l’énergie du moment.

-« Avoir un rappel constant de vous sur mon corps ne me dérangerait pas, je préférais seulement que ce ne soit pas une brûlure constante. »

Landon se sentait affreusement gêné de devoir lui refuser un tel cadeau. Il l’aurait fait, rien que pour leur faire plaisir, mais… la douleur n’était pas un élément qu’il appréciait en dehors d’un certains cadre. Un cadre que tous les trois partageaient régulièrement!

C’était fascinant que de laisser l’amour dessiner ses courbes sur nos trois visages. Fascinant de constater que l’amour n’était pas égoïste, mais généreux, qu’il n’était pas unique, mais multiple. Je n’ai jamais su aimer avant que Landon ne me tende la main. Parce-que c’est ce qu’il a fait dans le fond. Il a su faire preuve de patience - et d’amour - tandis que je me débattais avec mes propres démons. Il a su parler le silence pour que ma langue se délie. Il a su approcher sa main sans avoir peur que je ne la morde. Il était un vrai miracle tant il était patient et attiré par moi. Encore aujourd’hui je n’arrivais pas à le comprendre. Pas totalement. Pas suffisamment. Je lui avais déjà demandé si c’était sa nature de fée qui le rendait si merveilleux. Si hors norme. Quelque part, je pense que c’est ton originalité qui m’a fait chaviré. Ça et ta douceur.

Il en allait tout autrement avec Weylland. C’était sa force et sa maladresse - la même que la mienne - qui m’avait appelé. Il a tout de suite capté mon attention quand il est devenu le second bras-droit de Giaccomo. Il était une évidence contre laquelle je ne pouvais lutter. Pourtant c’est ce que j’ai fait. J’ai tu mes émotions pour lui. J’ai nié dans mon regard ressentir la moindre chose. C’était plus facile. Plus facile de garder ce que je ressentais pour moi car j’ai toujours fait cela ainsi. Plus facile car j’aimais déjà Landon et que je ne croyais pas ce que nous vivons actuellement possible. Mais les choses ont changées. Elles ont évoluées. Et je suis sous le charme - et la surprise - de ce désir que Weylland nous exprime concernant ce tatouage qu’il souhaite nous voir porter tous les trois.

À l’image de Landon, je prépare de quoi tremper dans la fondue. Mais avant même que mon chaton - comme j’aime à l’appeler - ne prenne la parole, je sens que quelque chose ne va pas pour lui. Je m’installe en tailleur sur le canapé, mon regard passant de Weylland à Landon quand ce dernier nous questionne sur qui pourra le tatouer lui: “Peut-être pourras-tu te tatouer toi-même, en fonction de l’emplacement du tatouage.” commençais-je, avant qu’il n’aille jusqu’au fond de sa pensée. Le problème était le tatouage en lui-même. Il nous l’expliqua du mieux possible, et je sentais à quel point il ne voulait pas blesser Weylland en refusant son invitation. J’amenai mes pieds au sol, de façon à pouvoir venir saisir une de vos mains à chacun. Après un regard soutenu envers Weylland, c’est sur Landon que je portais mon attention tout en m’exprimant: “On comprend parfaitement mon chaton. Ta peau ne réagirait pas forcément comme la nôtre et je n’ai pas le goût de mon côté de te savoir en souffrance…” Mon regard revint à Weylland. “Peut-être pourrions-nous nous tatouer tous les deux, tandis que l’on trouverait un pendentif à offrir à Landon?” Après tout, cela orienterait la forme de notre tatouage...trouver quelque chose qui pourrait également se créer sous forme métallique.

Je serrai un peu plus fort la main de Weylland, tandis que je lâchai celle de Landon: “Je sais que cette idée te tenait à cœur, et tu n’as qu’à me le dire si tu n’as pas envie qu’il n’y ai que tous les deux qui ayons un tatouage en commun.” Je lâchais sa main et ramenais mes jambes sous moi comme précédemment. Mon regard revint flirter en direction de Landon afin d’ajouter: “On trouvera un moyen que tu aies un rappel constant de nous sur ton corps…” Taquine je l’étais, une façon comme une autre de détendre l’atmosphère. Je n’avais aucune idée de la réaction qu’aura Weylland...Il me restait tellement mystérieux, tellement surprenant, que je me demandais parfois si ce n’était pas cela qui me plaisait tant. Habituellement je restais insensible aux hommes, ou alors je ne voyais que trop clair en eux. Mais pas avec lui. Jamais avec lui.

Weyland avait souvent des idées qui ne faisaient pas de sens, du moins quand ça ne concernait pas une meute sous son ordre. Il avait été un leader incomparable en tant qu’Alpha, mais il n’avait jamais mêlé l’amour aux loups de sa meute puisqu’il les considérait plus comme de la famille. Il n’était pas très bon avec les mots et on le voyait encore aujourd’hui alors qu’il tentait de convaincre ses deux amoureux de se faire tatouer. Il n’avait pas envie d’apposer leur nom sur son torse, non il désirait quelque chose de bien plus significatif et original. Il tentait du mieux qu’il le pouvait d’avoir l’air cohérent devant Landon et Rose en continuant de faire à manger. Comment pouvait-il croire qu’il était autant à côté de la plaque? Pourtant, le corps de Landon était nu de marques, contrairement aux deux autres. Il s’était d’ailleurs toujours demandé pourquoi il n’en possédait pas. Cela expliquait une fois de plus comment il pouvait penser à des idées saugrenues, sans penser totalement à tous les revers. « Désolé, je ne savais pas que c’était pour ça que tu n’étais pas tatoué. » Il se referme comme une huitre, se concentrant davantage sur la nourriture et tentant d’oublier la gaffe qu’il vient de faire. T’es con. Il prouvait une fois de plus que Weyland n’en connaissait pas assez sur son amoureux, contrairement à Rose qui semblait lire en lui comme dans un livre ouvert. « J’imagine que de l’encre sans fer existe, donc. » Il ajoute ses mots en haussant les épaules, comme si cela ne continuait pas de le toucher, de miner sa confiance ou se chercher une excuse. Quand Rose se rapproche pour unir leur main, il parvient à se laisser aller un peu, parce que ses prunelles s’arquent dans les siennes. Mais, quand elle parle du fait qu’elle ne veut pas le sentir en douleur, il ne peut pas s’empêcher de se sentir visé. Il ne voulait pas lui faire du mal, non plus… Piqué au vif, il prétexte d’aller fouetter la sauce sur le feu pour ne pas qu’elle colle au fond. Elle ne se laisse pas abattre, la blonde, elle revient vers lui et lui reprend la main, le forçant à se retourner vers eux. « Non, ça n’aurait pas le même impact. Je… Il fronce les sourcils quand Rose semble comprendre son désarroi. « C’était une idée stupide, oubliez-ça. » Il ne sait pas comment s’exprimer sans froisser la situation, il est un bougre, le loup. Il finit enfin de couper les dernières pièces de viande marinée qu’il dépose sur la planche de bois. « Bon, c’est prêt, hein! » Il allume le petit four au centre de la table et amène tous les ingrédients, en évitant du plus possible le regard de Landon et Rose y compris. Il a évité le ton aguicheur de Rose, les invitations de celle-ci pour passer à autre chose ce qui n’est franchement pas son style. Il s’est déjà assis à table et se resserre un autre verre de vin blanc. Il prie pour qu’ils lâchent l’affaire, qu’ils oublient cette idée stupide qu’il venait de leur proposer, sans quoi il ne savait pas comment il prendrait le reste de la soirée. Pourquoi fallait-il qu’il fasse tout foiré alors qu’il ne souhaitait qu’avoir une belle soirée en compagnie de ses amours?