« Si tu ne comprends vraiment pas pourquoi je refuse d’être ami avec toi, tu ne me connais pas aussi bien que tu ne le clames. » C’est un néphilim, un foutu néphilim, et t’as aucune envie de faire ami-ami avec lui, aucune envie de traîner avec ce genre de souillure qui se pense supérieure. Et peut-être que même s’il ne l’était pas, peut-être que même s’il était une créature de la nuit, tu ne voudrais toujours pas de lui. Parce qu’Ezeckiel est capable de t’atteindre comme personne, parce qu’Ezeckiel sait comment pousser les boutons qu’il ne faut pas, parce qu’Ezeckiel est partout alors que tu ne le veux nulle part, parce qu’Ezeckiel te bouffe l’esprit et que tu refuses de l’admettre. Alors tu le pousses, tu le repousses, tu n’en veux pas près de toi. C’est plus simple ainsi, tu t’en persuades, tu y crois, tu refuses n’importe quelle autre pensée. La situation t’aide à ne pas y penser, avoir des démons aux fesses permet d’avoir quelque chose de bien plus urgent sur lequel te concentrer. Et les bruits qui sont devant vous ne te rassurent pas sur votre situation. Néanmoins, tes sens perçoivent rapidement une jeune femme et tu suis en courant derrière Ezeckiel, celui-ci ayant également réalisé la menace. Alors qu’il se débarrasse du démon et s’occupe de la victime, tu restes debout, surveillant vos alentours. Tous tes sens sont à vif, tu détestes cette situation dans laquelle tu te retrouves, et bien que tu aies conscience que tu dois pouvoir faire confiance à Ezeckiel, étant la personne la plus à même de t’aider pour l’instant, tout ton être te hurle non. Pourtant, tu n’as pas le choix… bien que le voir avec son t-shirt à moitié déchiré te donne plus envie de te taper la tête contre un mur qu’autre chose. Tu lèves un sourcil face à sa réplique, un sourire sardonique aux lèvres. « Je ne vais pas te retenir si tu as une soudaine envie de faire un strip-tease dans les canalisations… peut-être que cela pourrait au moins servir à faire mourir de rire nos ennemis. Pas certain que cela ait une autre utilité néanmoins. »

Un bruit capte ton attention, et un juron siffle entre tes dents alors que tu réalises que d’autres démons ont rejoint ceux après qui vous étiez. Ou qui étaient après vous, selon le point de vue. « Gé-nial, trois de leurs amis se sont ajoutés à la fête. Il faut vraiment qu’on s’en débarrasse avant que cela ne devienne une vraie infestation. » Néanmoins, ils ne sont pas les seuls que tu entends. En effet, ce sont des bruits de pas qui te parviennent et des démons mineurs ne laissent pas ce genre de traces derrière eux. « Les égouts sont devenus le lieu in sans que l’on ne nous mette au courant ? » Tu ignores le fait que tu viennes de parler d’Ezeckiel et toi en tant que on et nous, et t’occupes plutôt de courir vers l’endroit où tu perçois distinctement une âme vivante. Sauf que lorsque tu tournes à l’angle du tunnel où vous vous trouviez, ce n’est pas à un humain que tu fais face… mais à un néphilim. Un néphilim que tu as déjà aperçu, bien conscient qu’il s’agit d’un membre de la faction rebelle, celle qui déteste les créatures dans ton genre. Ezeckiel est toujours à tes côtés et tu te demandes un quart de seconde si ce serait trop enfantin de te cacher derrière lui. L’idée est rapidement abandonnée, puisque tu sais que tu n’en entendrais jamais la fin. Tu lèves la main pour couper le néphilim qui semble mécontent – quel euphémisme – de tomber sur un vampire en plein milieu de sa chasse, pour couper court aux insultes que tu perçois déjà dans son regard. « S’occuper des démons avant de se soucier du vampire me semble une bonne idée. » Au milieu de ta phrase, un petit bruit te parvient vaguement aux oreilles, celui de tes notifications de messages, mais tu l’ignores promptement, la crise en face de vous étant bien plus urgente.

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« J’ai jamais dit te connaitre et tu ne m’en donnes pas la possibilité de le faire non plus. » Sourcil haussé, tu trouves la situation parfaite pour ajouter quelque chose d’assez irréfléchi. « A moins que tu n’as rêvé de ça … tu rêves de moi ? » Vraiment, Ezekiel, ce n’est ni le moment, ni l’endroit pour le taquiner de la sorte même si, techniquement c’est très difficile. Taquiner, embêter Adis est devenu un passe-temps fort agréable. Faut dire que tu aimes bien voir la lueur menaçante dans son regard. Tu préfères qu’il ressente une émotion négative à ton égard, qu’une profonde ignorance. Tu n’aimes pas qu’on t’ignore. Tu n’aimes pas cette finalité parce que tu es conscient de ne pas pouvoir la contrer. S’il advient à faire comme si tu n’existais pas, ce serait définitivement la fin du commencement. Les plaintes au loin t’interdissent de continuer sur ta lancée. Foutu sang angélique coulant dans tes veines. C’est lui qui t’oblige à aller secourir la jeune femme en tuant le démon. C’est lui qui te pousse à jouer les justiciers à deux balles. Et c’est à cause de lui que tu te retrouves dans une telle posture face à l’homme qui te plait. On peut pas dire que tu as toutes les cartes en main pour le séduire du moins, pas en ayant un t-shirt à moitié déchiré, ressemblant plus à un transgenre des années quatre vingt dix. Oh non, tu n’as rien contre les transgenres mais tu n’en es pas un. Tu es bien dans ta peau pour avoir recours à un quelconque changement de sexe. Heureusement que le vampire prend la parole. Ca t’empêche d’avoir des réflexions franchement à côté de la plaque. Et encore une fois, tu saisis la perche qu’il te tend gracieusement. « Tu peux pas savoir. Faut d’abord que tu expérimentes mon striptease pour savoir ... d’ailleurs je le fais quand tu veux Fernàndez. » Encore une fois, on te laisse pas la possibilité de savourer le moment présent voire même, à installer confortablement cette lueur de défi dans le regard. D’autres démons mais pas que. Tu lèves les yeux au ciel. Tu commences à en avoir ras le cul de cette situation. Tu veux juste rentrer chez toi … accessoirement rentrer avec Adis, ce serait top. Tu n’as pas le temps de fantasmer davantage, Adis recommence déjà à marcher. « Maudit vampire. » Tu exècres ses sens à cet instant. Il t’échappe à chaque fois et tu n’aimes pas ça Ezekiel. A cause de lui, tu doutes de tes pouvoirs de séduction et ce n’est pas du tout saint. Tu le suis quand même, n’ayant aucune envie de le perdre de vue. Sauf que lorsque vous vous retrouvez face à des individus de ton genre, tu fronces les sourcils. Ils sont certes des nephilims mais tu n’essaies jamais de jouer les copains-copains avec eux. A dire vrai, tu ne les portes pas réellement sur le coeur. Malgré les mots d’Adis, l’un d’eux, sûrement celui qui se prend pour le Caïd marmonne un fabuleux « On s’occupera de toi après, Vampire. »  « Dans tes rêves. » La pensée qui dépasse la parole. Même s’ils te regardent tous, toi, tu ne fléchis pas. Tu assumes ce que tu as dit et tu le répéteras s’il le faut ; Adis est à toi. S’il le faut le tuer, tu le feras de tes propres mains quand bien même l’idée est loin d’être sur le tapis, pour l’instant. Les créatures énervantes vous retrouvent et votre devoir commence. Malgré ta tenue et ton état de fatigue qui commence à se manifester, tu restes efficace. Ou pas trop. Tu arrives à peine à en tuer deux alors qu’une bataille des plus acharnée voit le jour. Pourtant, tu n’en comptes que quatre. Bordel de merde. Ce n’est pas le moment. Vraiment pas le moment de t’épuiser et pourtant, ça arrive au point de perdre l’équilibre alors qu’un nephilm rebelle te sauve les fesses en tuant le démon à tes trousses. Et quand tu perds l’équilibre, tu ne trouves rien de mieux que de ramener Adis dans ta chute. Malgré la situation peu glamour, tu la trouves fort agréable puisque tu es allongé sur lui. Ca te permet de contempler ses émeraudes de tes océaniques avant d’orienter ces dernières vers ses charnues. Elles sont attirantes ses pulpeuses et tu es même sur le point de faire une connerie en rapprochant ton visage du sien. « Ezekiel ? » Si seulement on te laissait tranquille pendant une minute. Une seule minute bordel. « Quoi pu … » Le juron meurt dans ta gorge. Ce visage, tu le connais si bien pour l’avoir regardé autrefois. Amoureusement. Le voir, ce fut comme une décharge électrique te poussant à te redresser. Tu es fatigué certes mais tes oreilles elles, restent intactes. Elles te permettent d’entendre ce que tu n’aurais pas aimé entendre ; ton ex t’a sauvé la peau il y a quelques minutes. Bien sûr, fallait qu’il te rende service ce fils de pute qui essaie d’ailleurs, de te tendre une main pour t’aider à te relever. Une main que tu chasses sans aucune délicatesse. « Dégages. » Ce qui est énervant, c’est l’expression de son visage. Choqué de tes agissements. Sérieusement ? Ce n’est pas lui peut-être qui t’a laissé tomber comme une merde ? « Viens, on s’en va. » À Adis, bien sûr, parce que l’autre n’existe plus et même si tu entreprends de l’ignorer, ses appels continuels te tapent sur le système. « Va te faire foutre. » Oui, tu as hurlé cette joyeuseté en t’éloignant du groupe qui, étonnement, n’essaie pas de poursuivre le vampire. Le vampire que tu ne regardes pas, ne lui parles pas de peur d’être agressif sans le vouloir alors qu’il ne fait de t’aider depuis le début. Douce illusion, quand même.

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T’ignores Ezeckiel, tu fais ça tout le temps de toute façon, ignorer Ezeckiel. Pourtant, tu peux pas empêcher un petit sourire de fleurir sur tes lèvres. Votre situation est tellement pourrie, coincés dans les canalisations de Rome pour la journée - enfin toi, t’es coincé, mais tu sais qu’Ezeckiel ne te lâchera pas, pas alors qu’il a la possibilité de te porter sur les nerfs pendant plusieurs heures. Et mine de rien, mine de rien, il t’amuse ce con. T’es épuisé, t’en as marre, tu sais que vous êtes loin d’en avoir fini, vous devez éclater tous ces démons, et son humour, aussi lourd et répétitif soit-il… t’amuses. Une distraction arrive rapidement heureusement et tu en profites pour lui glisser entre les doigts, pour t’éloigner de lui, pour faire disparaître ce sourire de tes lèvres. T’espères qu’il ne l’a pas vu, parce qu’il ne te laissera jamais vivre, il ne te laissera jamais l’oublier. Mais la distraction s’avère encore plus ennuyante qu’Ezeckiel, ce qui n’est pas peu dire. Ezeckiel, t’en as l’habitude, tu sais ce qu’il veut - plus ou moins - tu sais comment lui dire non, tu sais l’envoyer bouler. Ces Néphilims, persuadés que t’es la pire engeance de la terre, persuadés qu’ils sont au-dessus de tous - c’est tout ce que tu détestes. Putain, ta journée ne pouvait que s’empirer au final. T’as pas le temps de débattre, t’as pas envie de débattre, et les démons offrent une nouvelle distraction bienvenue. Cette ironie.

Tu gardes un oeil rivé sur Ezeckiel, tu sens sa fatigue, tu le vois s’épuiser à chaque nouveau démon qui vient vous faire face. Pour la première fois, tu réalises sa mortalité, tu vois l’homme derrière le masque du Néphilim, tu sens ton coeur battre un battement. Malgré tous tes mots, malgré ton agacement, t’as pas envie qu’il crève. Et tu ne sais pas ce que tu dois ressentir face à ça, ça te retourne l’estomac, ça te retourne le cerveau, et t’as pas le temps d’y penser de toute façon parce qu’un démon te tombe dessus et toute ta concentration est dirigée vers le fait de le tuer, de l’anéantir. T’en as marre, t’en as ras-le-bol, et tu ne sais même pas combien il en reste. Les démons sont détruits, t’as une seconde de répis, avant qu’Ezeckiel ne te choppe la main, ne t’entraîne avec lui, tout en gueulant sur les Néphilims derrière vous. Tu te fais balloter dans tous les sens dans les canalisations, et tu sens ta fatigue, ta colère, ta confusion, qui se battent en toi, qui se mélangeant dans un cocktail de plus en plus explosif.

Un couloir de plus traversé, Ezeckiel ne te jetant pas un regard, et tu sens le sang au bord de tes lèvres, tu sens ta rationalité et ton calme qui se font sévèrement la malle. Las de te faire balloter, et tu tires la main sur la main du Néphilim, tu le ramènes vers toi sans qu’il ne s’y attende, attrapant son haut avec tes deux mains, le collant pratiquement à toi. Tu irradies d’agacement, de colère, et t’as juste envie d’exploser. « Tu me gonfles putain, tu me gonfles. T’es incapable de prendre quoique ce soit au sérieux alors que c’est de ta faute si on est là, parce que t’es pas capable de ne pas te retrouver dans des situations aberrantes. Je suis coincé dans ces foutus égouts pour la journée, avec toi, avec des démons, et j’en ai marre. » Tu sens que tes mots t’échappent, tu sens que ton cerveau se fait la malle alors que tes mains tremblent et que tout ce que tu peux voir, ce sont les deux grands yeux bleu d’Ezeckiel. « On pourrait s’en débarrasser rapidement, mais non faut que tu plaisantes comme si c’était une simple balade, t’es obligé de t’agiter à moitié à poil alors que tu sais à quel point tu es une putain de distraction, t’es obligé de montrer ce sourire à chaque seconde comme si ça ne - » Ta bouche se ferme violemment, bien conscient que tu vas trop loin, bien conscient que ta fatigues te fait dire des choses que tu ne laisses même pas passer dans ton esprit. Tu lâches Ezeckiel, mais pointe un doigt sur lui, le touche à répétition pour ponctuer tes mots. Ta colère est toujours présente, mais ton calme revient par vague, tu respires profondément, essaye de reprendre pied. « Rien n’est simple, d’accord ? Rien. Il y a tellement de choses que tu ne sais pas et que tu ne réalises pas, et je ne doute pas que cela peut être dit de moi aussi. Mais ce n’est ni le moment, ni l’endroit pour en parler, et ne parlons même pas de flirter. » Tu te recules, bien conscient que tes pupilles tremblent, que tes mains tremblent. T’es épuisé, et tu veux en terminer. Rapidement. « On a encore quatre démons à tuer, bougeons. »

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La fatigue s’empare de toute ton enveloppe charnelle. Non sans ajouter les blessures occasionnées par le passage des démons. Arcade sourcilière sûrement écorchée, lèvre pétée, des plaies ouvertes ici et là. Non, tu n’as pas été épargné, le vampire non plus. Contrairement à toi, il a la capacité de guérir rapidement. Toi, tu dois non seulement actionner ta rune mais en plus, vu à quel point tu as tardé à faire éveiller tes pouvoirs, tes blessures mettent un certain temps à cicatriser. Si on ajoute à cela les maudits néphilims accompagnés de celui qui t’a envoyé balader à cause de ton nom de famille … On ne peut pas dire que tu es au summum de ta forme. L’épuisement physique et moral te monopolise en entier. Tu passes l’une des pires journées de toute ton existence. Pourtant, malgré toute cette noirceur, la simple présence d’Adis te réconforte. Ce n’est pas à cause de sa condition d’immortel capable de détecter le danger de loin. Encore moins pour son côté agile, juste, sa présence, juste le fait de pouvoir croiser son regard. Si on te demande de revivre cette aventure à ses côtés, tu accepteras sans aucune hésitation. Du moins, c’est ce que tu aurais dit bien avant qu’il ne t’attrappe par ton simulacre de t-shirt pour te crier dessus. Comme si tu n’étais qu’un gamin de six ans. Un gamin qu’on lui a balancé entre les pattes et qui ne représente qu’une profonde nuisance. Fier, oui, ses mots t’écorchent les oreilles et le myocarde avec. Sourcils fugacement froncés, tes bras restent ballants suite à ce flot de haine quittant ses charnues. Mais ses mêmes charnues se confessent en devançant sûrement ses réflexions. Une putain de distraction ? Tu aurais pu jubiler en entendant ces mots. Tu aurais arborer ce sourire énervant dont tu connais le secret. Tu aurais pu oui, mais tu ne fais rien de tout ça. Quand il te lâche, tu te contentes de replacer tes mèches rebelles à leur emplacement initial sans entrouvrir les lèvres. Il est au bord de la crise de nerfs et tu n’as pas forcément envie de mourir aujourd’hui. A peine as-tu eu le temps de bouger comme il te l’a si gentiment ordonné, un feulement derrière toi alerte tes sens. Un coup de dague et tu envoies ce maudit démon contre le mur contre lequel il explose. Là, et c’est seulement à cet instant là que tu perds pieds parce que « J’en.ai.marre ! » C’est ça. Tu en as marre de toute cette situation et les démons en sont pour quelque chose, oui, clairement, mais pas que. Ton ire est principalement tournée vers Adis.  « Tu me prends pour un écervelé depuis le DÉBUT putain, tu me parles comme une merde mais c’est quoi ton foutu problème au juste ? » Ce qui t’énerve le plus ? C’est sa petite confession. Avant, c’était facile. Avant, tu savais ce que tu réveillais en lui ; de l’indifférence. Mais là, ça change et là, ça te donne des espoirs sans doute vains. Parce que vous savez tous les deux ce qu’il y a entre vous. Un jeu malsain, purement taquin et face à ce changement, tu ignores comment réagir. Sans oublier la fatigue, sans oublier ce que tu as appris récemment. Et tu n’arrêtes pas de t’emporter. « Je t’interdis de me bercer de faux espoirs Fernàndez sachant que j’ai déjà compris toute tes manigances. Tu ne me supportes pas non pas pour les raisons que je pensais. C’est le cas parce que je me retrouve entre toi et celle que tu veux réellement. » Ta cousine. Après tout, à Halloween et malgré le fait que tu as été possédé, t’étais resté là, dans ton corps. Tu as pu observer en silence et tu les avais vu ensemble. Proches, beaucoup trop proches. Ca ne t’a pas empêché de le taquiner davantage certes mais ce n’est pas pour autant que tu apprécies cette proximité. « Quoi ?! Je t’ai vu avec Luna oui, c’est bon j’ai compris que je vais droit dans le mur avec toi. » Mais est-ce que ça t’a empêché de continuer sur ta lancée ? Non. L’espoir est traitre, ça tu le sais. Et tant que tu n’as pas eu confirmation, tu restes dans le brouillard le plus aveuglant. Tu passes à ses côtés non sans marmonner des mots intelligibles. « Il ne reste plus beaucoup de démos. Vas y souris, tu seras bientôt débarrasser de l’emmerdeur. » En l’occurrence toi, comme il te l’a soigneusement répété à plusieurs reprises. Tu passes devant Adis sans réellement savoir où tu vas. La colère, l’incompréhension y sont fatalement pour quelque chose, tu en es conscient.

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Tout va bien dans le meilleur des mondes. Tout. va. bien. dans. le. meilleur. des. mondes. Même l’ironie ne peut pas échapper tes pensées, alors que tu grinces des dents et te demandes si tu finiras par réussir à te sortir de cette situation. Parce qu’il ne suffisait pas que tu éclates de colère au pire moment du monde, non il faut qu’Ezeckiel se sente vexé par tes mots - ce qui est tout à fait normal, selon une petite voix au fond de ton esprit - et éclate à son tour. Vous êtes en plein melodrama au milieu des canalisations de Rome. T’as cent quarante ans Adis, tu devrais être la voix de sagesse, tu devrais être celui qui est raisonnable, tu devrais le plus calme de vous deux, et tu l’es en temps, mais c’est Ezeckiel et il sait comment pousser tous les mauvais boutons. T’as les mains qui tremblent, l’estomac qui se sert, tu ne sais même plus quoi dire tellement t’es en colère, tellement t’as juste envie d’hurler et de l’embrasser et d’hurler et de l’emb- tes pensées dérivent trop loin, tu en as conscience. Tu continues d’avancer, les dents serrées, alors qu’Ezeckiel te hurle toujours dessus et tu. n’en. peux. plus. Tu sais que c’est de ta faute, tu sais que t’es celui qui a commencé à crier, tu sais que t’aurais dû te taire. Tu te mords les lèvres tellement tu ne veux pas en rajouter, mais tes pieds s’emmêlent lorsque de nouveaux mots échappent des lèvres d’Ezeckiel. Comment ça, « celle que tu veux vraiment ? » Et les derniers mots du Néphilim te laissent comme un con, parce que. quoi ? Luna ? Quoi ? Luna ? L’interrogation passe en boucle dans ta tête, alors qu’Ezeckiel continue son monologue outré et te passe devant. Mais tu ne peux pas avancer. Tu restes bloqué au même endroit, les mots se répétant encore et encore dans ton esprit.

« Luna ? » Ta voix se casse en prononçant ce seul prénom, tu ne sais même plus le prononcer, tu ne sais même pas quoi dire. Ce simple mot doit probablement radicalement changer de ton ordinaire - et il y a intérêt bon sang - parce qu’Ezeckiel se tourne à nouveau vers toi, la colère dançant toujours dans son regard. T’espères que ton visage reflète toute l’horreur que cette idée représente, parce que Luna bon sang. Ezeckiel n’aurait pas pu sortir pire insulte. Tu cherches tes mots, tu sens ta colère et ta frustration et tant d’autres choses qui s’agitent dans ton esprit, et t’as envie de hurler, de le secouer, mais tout ce que tu réussis à dire c’est « Je- Luna ? Luna ?! Comment tu- Brianna encore, je peux comprendre- mais Luna ? Qu’est-ce que- » T’inspires profondément, te coupant toi-même, bien conscient que te remettre à hurler ne servira en rien ta cause. Cela faisait bien longtemps que t’avais pas senti autant d’émotions à la fois, que tu t’étais pas retrouvé dans une telle situation. T’as pas le temps de continuer, t’as pas le temps de dire plus, parce que tes sens perçoivent les démons, et que tu peux vous laisser être distraits là tout de suite. Mais tu peux pas laisser les choses ainsi, pas cette fois. Eris te tuerait, et tu te tuerais probablement toi-même.

Sans réfléchir une seconde de plus, tu choppes le poignet d’Ezeckiel, le traînes derrière toi. Tu te reposes entièrement sur tes sens vampiriques, tu te laisses guider jusqu’à trouver une porte en métal, bien trop rouillée pour être saine, mais tu t’en moques, tu la pousses et vous enfermes dans une petite salle technique qui n’a pas dû être utilisée depuis longtemps. Vous serez tranquille pendant un moment. « Oublie les démons trois secondes. Ce n'est pas ni l’endroit ni le moment, mais il est temps qu’on parle toi et moi. Je dirais même, tu te la fermes pour l’instant, parce que putain tu comprends vraiment rien. » Tu te passes les mains dans les cheveux, les laissant plus décoiffés que votre course poursuite n’a déjà fait, inspirant profondément. Tu vas te justifier devant Ezeckiel, ça te tue et pourtant tu peux pas t’imaginer faire autre chose. « Tu te souviens de quand tu nous as vu, Luna et moi ? Je vais te le dire : Halloween. T’étais possédé, tu sais ce qu’il s’est passé. Eh bien surprise, on l’était aussi. T’as pensé à ça au moins ? Ça me tue de penser que j’ai été agréable avec Luna Lightwood et tu pense que j’ai envie d’avoir une- une relation avec elle ? » Tu frissonnes rien qu’à cette pensée. Merci, mais non merci. Tu te retournes vers Ezeckiel, plantant ton regard droit dans le sien. « Tu veux savoir quel est mon problème avec toi Ezeckiel ? C’est pas ton humour douteux, c’est pas ta capacité à me pousser à bout, c’est pas ton envie de me poursuivre partout. T’es un Néphilim. T’es un foutu Néphilim bon sang. Toi et ta race, vous vous pensez tellement supérieurs, vous nous arrachez tout, tous ceux qui sont importants pour nous, et vous continuez comme si vous aviez tous les droits. Je hais les Néphilims, Ezeckiel, je hais ceux qui ont ton sang angélique, j’ai juré de ne jamais leur pardonner pour tout ce qu’ils m’ont pris. C’est ça mon problème avec toi. »

T’as pas besoin de respirer, mais ta respiration est saccadée, impossible à rattraper. « Et c’est même pas le pire, putain, t’aurais pu être un de ces rebelles, t’aurais être pu si facile à haïr. Mais non, il a fallu que ta famille s’allie aux créatures obscures, il a fallu que tu fasses partie de mon camps, il a fallu que tu sois toi-même, que tu ne me lâches pas une seconde. Je suis censé te haïr putain, je suis censé - » Et t’en as marre, t’en as tellement marre, t’en as marre de fuir, t’en as marre de rien assumer, mais c’est tellement compliqué, tellement une mauvaise idée. T’as déjà souffert, t’as déjà trop souffert, et tu ne peux plus. Mais il est là, il est là avec ses yeux bleus, et son visage parfait, et- Tes mains tremblent, ta respiration se saccade encore plus, t’es sûr de rien, mais tu sais ce que tu veux. Il te laissera jamais oublier, mais t’as pas envie de réfléchir. « Fuck. » Tes mains saisissent le visage d’Ezeckiel et tes lèvre s’écrasent contre les siennes. Si avec ça, il pense encore qu’il n’est pas celui qui te rend complètement fou...

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