Donc vous voulez que je vous raconte ma vie. Pourquoi, vous n’avez pas ce qu’il faut dans votre joli dossier ? Ok, ok, je vais vous parlez.

Donc je suis né à Idris, ma famille avait un manoir dans la campagne, plutôt éloigné d’Alicante, vu l’enclave et les autres néphilims n’ont pas jamais vraiment pu nous flairer. Bref c’est pas important là tout de suite, on reparle après quand je vous expliquerez pourquoi les Cornaro ont rejoint le camp de la Nation obscure. Donc, ouais, plus tard. Là on parle de mon enfance qui est, et bien normal pour un chasseur d’ombre. On m’a entrainé durement à Idris ou à l’institut de Florence quand on y était. Peut-être encore plus durement que d’autres parce que mes parents avaient ce fol espoir, qu’ils m’ont fait partager, de pouvoir un jour retourner dans les bonnes grâces de l’Enclave. Voyez, essayez d’effacer le passé où un de mes ancêtres à péter un plomb. Et non ce n’est pas héréditaire, en tout cas pas que je sache. Enfin moi je suis sain d’esprit, c’est sûr.

Vous voulez que je parle d’elle ? Bien sûr que je peux prononcer son prénom bordel, j’ai juste pas envie de parler d’elle. Bon je suppose que je n’ai pas le choix. Donc Léonie Dearborn. Sa branche de sa famille s’est retrouvé je ne sais comment affecter à Florence, et c’est bien entendu à l’institut qu’on s’est rencontré. Elle avait un an de plus, toujours en mouvement, avec un tel vocabulaire que là je suis Beaudelaire en comparaison. On ne pouvait pas dire que ça plaisait à ses parents. Moi j’appréciais qu’elle soit toujours franche et qu’elle se fiche bien de mon nom de famille. Alors on est devenu proches amis, à tel point qu’à mes treize ans, on est devenu parabatai. Pour vous faire un petit topo à cause de cette histoire d’aïeul fou, ça faisait un moment qu’il n’y avait pas eu parabatai chez les Cornaro, ça a été un sacré évènement, et mes parents étaient tellement content qu’ils auraient pu adopter Léonie. Pas qu’ils aient besoin, ils en avaient déjà deux et un troisième en route. D’ailleurs ils ont un autre rejeton avant que je ne devienne majeur et que Léonie et moi soyons définitivement affecter à Florence. Jusque-là rien de folichon, je me suis peut-être entrainé plus que la moyenne, mais c’est pas comme si on m’avait félicité ou remercié pour ça. Nan franchement c’était la vie d’un néphilim lambda avec un soupçon d’amertume vis-à-vis de la façon dont ma famille était traité. Mais j’étais jeune, j’avais encore beaucoup d’espoir à l’époque.

Les choses ont commencé à vraiment changer quand le coup d’état des créatures obscures a commencé. Bien sûr entre ma famille qui voulait être dans les bonnes grâces de l’enclave et Léonie qui avait été élevé en bonne néphilim, aucun de nous d’eux n’avait eu l’idée de se mettre dans le camp des créatures obscures. Mais malgré nos efforts, on peut pas dire que les Cornaro aient retrouvé la gloire. Au contraire on a commencé à se faire pointer du doigt parce qu’on avait une branche de loup-garous dans la famille. Sans déconner ? On n’était pas au courant. Comme si d’ailleurs ça me plaisait l’idée de peut-être devoir les combattre. Mais j’ai pris sur moi pour être le bon néphilim modèle. Est-ce qu’on en a tenu compte ? Pas du tout. D’ailleurs je n’étais pas le seule à ne pas être vraiment content avec cette histoire. Léonie était tombée amoureuse d’une créature obscure, même si elle n’avait rien dit, à l’époque elle se serait faite lynchée. Mais je n’ai rien dit et elle m’a soutenu dans le l’espoir de moins en moins fort que l’enclave rendrait son honneur aux miens.

C’est là qu’Alicante est tombée. Léonie a perdu sa famille alors elle s’est réfugiée avec la mienne. On s’est d’abord caché le temps de réfléchir à la suite des évènements. Il y a eu pas mal de disputes, c’était assez animé fallait se le dire. Je crois bien qu’on s’accrocher encore aux lambeaux d’espoir de gloire retrouvé. Mais on a bien dû reconnaitre que même si on était retourné dans le rangs des néphilims fidèles à l’enclave, on n’aurait jamais été reconnu comme digne de confiance – encore moins comme une famille honorable. Alors on a tâté le terrain chez l’autre camp, notamment en demandant l’aide de nos cousins loup-garous. Je suppose que notre volonté de passer du côté obscur de la force – oh c’est bon je déconne, faut pas le prendre comme ça – a dû se savoir. Maintenant qu’on en parle, les néphilims et les jedis ont de sacrés points communs. Ce sont des guerriers qui font des vœux à la con en pensant tout mieux savoir que tout le monde. Ils ont peut-être pas totalement tort, matez comment les humains ont relégués les créatures obscures au rang de contes de fées – contes de fées ça m’a toujours fait marrer, si les terrestres savaient – OUI j’essaie de dévier la conversation, et alors ? C’est moi qui raconte non ?

Donc Léonie est morte. Faut que je détaille ? Vous êtes chiants. C’est des néphilims qui l’ont tué. En tout cas c’est ce que nous a rapporté des témoins humains qui n’ont pas pu l’aidé. Il parait qu’ils l’ont appelé traitresse avant de lui ôter la vie. Soit parce qu’ils savaient que les Cornaro allaient rejoindre le camp des créatures obscures, soit parce qu’ils avaient découvert qu’elle en fréquentait une de créatures obscures. Les deux étant liés, ça ne change pas grand-chose. Enfin je suppose que si, ça m’a poussé à me bourrer la gueule pour oublier la perte, pour ne plus voir la cicatrice laissée par notre rune de parabatai. J’ai passé trois ans dans le brouillard, à faire des métiers de chiotte pour payer l’alcool. Puis j’ai entendu des vampires un soir raconter comment ils avaient buté des néphilims en me regardant du coin du regard. Ces cons s’attendaient probablement à ce que je m’énerve. Sauf que ça faisait des années que j’étais en colère, et rien de ce qu’ils pouvaient ne pouvait changer quoi que ce soit à ma furie. Au contraire, ils m’ont fait comprendre comme faire passer ma colère : en la passant sur les responsables, les néphilims qui avaient toujours méprisé ma famille, qui avait tué Léonie parce qu’elle avait aimé les mauvaises personnes – et oui, je m’inclus dans le lot.

J’ai donc fait toutes les démarches pour faire partie de ceux qui traquaient les néphilims rebelles. Beaucoup se sont méfiés parmi les créatures obscures. Mais pas assez chez les chasseurs d’ombres. Ils n’étaient pas encore organisés comme aujourd’hui, alors il suffisait de mentir sur mon nom, prétendre être en fuite et vouloir aider la rébellion, et beaucoup trop d’entre eux m’ont filé des informations vitales, que moi-même je refilais au gouvernement en place. Les créatures obscures m’ont apprécié un poil plus après ça. Bon ça n’a pas duré, les néphilims ont commencé à se méfier, et surtout se sont offert un QG sécurisé. Mais c’était marrant tant que ça a duré. J’ai quand même aidé à la traque des rebelles parce que je n’avais rien d’autres à ficher quand je butais pas du démon et j’étais pas mauvais à ça. Tout ça a duré jusqu’à la création de la Brigade Nocturne. Enfin d’une certaine manière ça a continué après aussi mais vous me comprenez.

Donc quand j’ai su que le gouvernement créait la BN – je vous l’avoue je me suis marrer comme une hyène en entendant le diminutif la première fois, je me suis imaginé des biscuits souriants courant derrière des néphilims – j’ai voulu en être. Je vous passe les épreuves difficiles, les deux passés en environnement hostile et tout le toutim. C’était pas cool. C’était rien comparé au fait de faire défaut à sa parabatai et la perdre. Autant dire que j’ai fait partie de ceux qui sont revenu et ont reçu le tatouage. Sans doute aussi parce que les gens me sous-estiment. Ouais je déconne 90% du temps mais je suis sérieux encore plus souvent. Et je suis aussi doué pour apprendre sans en avoir l’air les petits secrets des autres du coup. Il faut reconnaitre que ça m’a bien aidé pour réussir à intégrer la Brigade Nocturne. Et du coup je me suis retrouver affecté à une division de recherche d’informations, j’ai même eu rapidement le poste de dirigeant de ma division, après tout j’avais déjà un passif dans le domaine de l’extraction d’informations – et de l’exécution de néphilims.

J’aime plutôt bien mon job, alors tout s’est bien passé jusqu’à l’année dernière quand l’épidémie a frappé. Bon j’ai eu de la chance, j’ai bien quelques connaissances qui sont morts, mais de personnes réellement proches. Si ça a quelque chose avoir avec le fait que je ne suis pas vraiment proche de grand monde ? Tout ce qui a de plus probable. Bref je m’en suis plutôt bien sorti. Par contre, avec la peur générée par l’épidémie les langues se sont déliées et des vieilles informations sont ressorti. Et je n’ai pas aimé ce que j’ai entendu, des rumeurs troubles, des incohérences qui laissent entendre que la version de la mort de Léonie qu’on m’a filé n’est pas complète. Je n’aime vraiment pas ça. Alors tout en continuant à faire mon job aussi excellemment que d’habitude, j’ouvre grand mes oreilles, je me renseigne. Parce que je compte bien savoir ce qui est vraiment arrivé à ma parabatai.