18 février 1988
Une voiture de police et un véhicule des pompiers, aux gyrophares clignotants, bloquent l’accès à la ruelle. Des curieux tentent d’apercevoir l’intérieur du véhicule rouge, mais seuls quelques rares élus parviennent à apercevoir un tas de linge s’agitant faiblement autour duquel s’affaire un médecin. A l’extérieur un policier à l’air grave discute à mi-voix avec une femme au visage fatiguée. Si les badauds ne peuvent les entendre, il est pourtant évident que l’avenir de l’enfant abandonné est abordé. Et comme rien parmi les haillons que portent la petite n’aidera sans doute pas à retrouver la famille de l’enfant, qui de toute façon n’est pas voulue, la conversation est courte : l’enfant ira à l’hôpital pour faire des examens complets, puis direction l’orphelinat Sainte-Catherine de Rome.


7 mai-9 mai 1995
La religieuse secoue l’enfant d’un geste un peu brusque. « Clara ! ». La rousse émerge de sous les couvertures, l’air déconfit. « Désolée ma sœur, je me dépêche. ». La nonne repart avec un air réprobateur avant de la prévenir qu’elle sera privée de petit-déjeuner si elle ne descend pas rapidement. La fillette se lève donc rapidement, même si son esprit est encore assailli par l’étrange rêve qu’elle a fait. Il était question d’un accident de voiture et d’un enfant en pleurs. Finalement le petite hausse les épaules, et s’habille en vitesse avant de rejoindre son meilleur ami au réfectoire.
Le surlendemain, alors qu’elle joue avec Morgan dans la cour, elle voit arriver des assistantes sociales et un enfant qui lui semble familier. Les assistantes sociales, elle sait les reconnaitre depuis le temps. Elles avaient des tailleurs, et un air grave qui disaient qu’elles avaient vu toute la misère du monde. Mais l’enfant, Clara ne sait pas où elle l’a déjà vu. Elle se tourne vers son ami pour lui demander son avis, mais celui-ci a son attention tourné vers autre chose. Puis elle entend une des femmes en tailleur dire à la mère supérieure « accident de voiture. » et le rêve qu’elle a fait lui revient brutalement. Elle réalise que l’enfant qu’elle voit est celui de son rêve. Après ça Morgan attire son attire son attention, et elle oublie son rêve étrange.


21 novembre 1996
Même si elle sait qu’elle ne doit pas perdre de temps sous la douche, la fillette ne peut pas s’empêcher de rêvasser. Elle a encore eu un de ses rêves étranges. Cette fois elle a rêvé de son cadeau de Noël. Rien d’extravagant, juste un grand cahier de pages blanches et épaisses et des pastels de différentes couleurs. Pourtant elle a déjà hâte de les avoir. Elle ne doute même pas que ce sera ce qu’elle va recevoir. Soudain elle entend des bruits de pas, et elle sait qu’elle a pris trop de temps. Elle se précipite pour finir de se rincer puis file hors de la douche. « C’est bon ma sœur, j’ai fini ! » s’écrit-elle à la nonne qui vient d’entrer. Alors qu’elle se sèche, elle entend la voix de la religieuse lui demander : « Clara, qu’as-tu dans ton dos ? ». Après un moment de réflexion, la rousse sait de quoi il est question : une longue marque rouge, qui ressemble à des rangées d’écailles, qui descend le long de son dos. Elle se gratte inconsciemment la cuisse droite où la marque s’arrête avant de répondre : « Je ne sais pas ma sœur, mais ça ne fait pas mal, alors ça ne doit pas être grave. ». Et sur ces paroles, elle se dépêche de s’habiller et de quitter les lieux, sans savoir que le mystère de cette marque va changer sa vie.


13 août 1997
Ce n’est plus un secret pour le petite rousse, elle le sait depuis plusieurs semaines maintenant : elle va quitter l’orphelinat. Une nouvelle qui l’a excitée, car elle n’apprécie pas beaucoup la sécheresse des sœurs de l’Orphelinat Sainte-Catherine. Mais elle a aussi un peu peur, elle ne sait pas ce que c’est d’avoir une famille, elle s’inquiète de faire quelques choses de travers. Puis elle a encore eu d’étranges rêves, des rêves peu rassurants mais qu’elle ne sait pas comment interpréter. De toute façon elle n’a guère de choix, elle ne peut pas rester à l’orphelinat, même si elle le voulait. Elle aurait aimé pouvoir emmener Morgan avec elle. Elle sait que son meilleur ami va se mettre dans les ennuis et elle ne sera pas là pour l’aider, ce qui l’attriste. Mais elle sait aussi qu’ils sont destinés à se revoir : elle a vu dans ses rêves une version adultes d’eux-même, et ses rêves se réalisent, elle le sait maintenant. Enfin sauf les rêves où elle cueille des marshmallows dans les arbres. Elle sait aussi qu’ils vont faire des grandes choses, dans ses rêves ils ont l’air de parler de choses sérieuses. Ces choses, elle en parle à Morgan dans leur dernière conversation avant qu’elle ne quitte le lieu où elle a grandi. Pas de ses rêves, juste de ce qu’elle sait, pour qu’il sache lui aussi que ce n’est pas un adieu.


9 Septembre 1997
Etre adoptée n’est pas exactement ce à quoi elle s’attendait. Dans les films ou rares séries qu’elle a vu, les familles étaient l’image même du bonheur, les enfants riaient, les parents souriaient, tout allait bien en somme. Mais ce n’est pas le cas dans sa famille. Son « père » elle ne le voit qu’à peine, tout ce qu’elle sait de lui à part ce à quoi il ressemble, c’est ce qu’elle a deviné à travers les disputes qu’il a avec son épouse : c’est un joueur, avec beaucoup de dettes, et qui a mis le couple dans le pétrin, sans que Clara ne comprenne ben ce que veut dire le « c’est à cause de toi qu’on en est là ! ». Elle commence à suspecter quand même que ces dettes de jeu sont liées à son adoption, elle ne sait juste pas comment. Quant à sa « mère », elle se montre distante, froide, et la rousse commence presque à regretter l’orphelinat. Une seule fois elle a osé demander à voir Morgan qui lui manquait. La réponse cinglante ainsi que la baffe qui s’en est suivi l’a dissuadé de recommencer.
Ce jour-là il y a le « foyer » vibre de tension, et Clara sait que quelque chose de grave va arriver, grâce à ses rêves, mais aussi au comportement fuyant de ceux qui l’ont adoptée. Pourtant tout se passe normalement à l’école qu’elle fréquente depuis la rentrée, et où elle est parvenue à se faire une petite place malgré son statut d’ex-orpheline. La seule différence avec les jours d’avant c’est qu’à son arrivée à la maison après l’école, ses deux parents sont là – ainsi qu’un inconnu. Un homme de grande taille, avec une fine moustache, et un air jovial. Malgré son air débonnaire, la fillette sent qu’il ne faut pas se fier à lui. Sa voix d’un timbre agréable s’exclame : « Clara ! Ma petite ! J’ai tellement entendu parler de toi, et j’avais tellement hâte de te rencontrer. ». La petite a beau chercher du regard celui de ses parents, aucun des deux ne laissent rien transparaitre, aussi se contente-t-elle de répondre faiblement : « Ah bon ? ». « Oh oui ! » reçoit-elle comme réponse. L’homme se penche en se raccrochant à la cane que Clara fixe désormais des yeux avant d’ajouter : « Dis-moi, il parait que tu as une marque étrange sur le dos ? ». La rousse hésite, et comme pour l’encourager, des pics, semblables à celles d’un hérisson, apparaissent sur les avant-bras de son interlocuteur. Clara reste un moment bouche bée, avant d’hocher doucement la tête malgré elle. « Ah ma petite ! On a tellement en commun, tu ne le sais juste pas encore. Ne t’inquiète pas, je t’expliquerais tout ce que tu as besoin de savoir. ». L’adulte lui tend la main, et après un dernier regard à ses parents qui ne réagissent toujours pas, la fillette glisse sa propre main dans la sienne.  


18 février 1999
Perdue dans son monde, la rousse fait glisser le crayon sur le papier, ses traits dessinant peu à peu le visage d’un enfant, une tête blonde à qui elle aimerait tellement se confier. Mais elle sait qu’elle ne doit pas attirer l’attention sur Morgan, pour le protéger, elle ne peut que l’observer à distance, près de l’orphelinat. Et pour continuer de le protéger, elle devra détruire son dessin, elle le sait. Si son « mentor » le découvre, il voudra utiliser Morgan pour faire pression sur Clara. Et la rousse ne peut pas le permettre. Elle a déjà du mal à vivre dans la situation actuelle, elle ne fera rien qui pourrait empirer les choses. Plus d’un an déjà qu’elle est « entrainée », que son mentor la force à jeter des sorts, parfois sur des humains prisonniers. Elle a bien essayé de les libérer au début, mais elle a vite appris que le sorcier à qui elle « appartient » connait plus d’une façon de la torturer. Il ne se gêne d’ailleurs pas quand il considère qu’elle n’a pas d’assez bons résultats. Pourtant elle fait de son mieux pour avoir les visions tant espérés par son maitre et ses « associés ». Ils ont quelque chose en tête, quelque chose d’important, mais Clara n’en sait pas grand-chose. Elle sait juste qu’elle n’a aucun mot à dire sur ses actes, à part ses rares moments de libertés où elle peut dessiner. Un bruit la sort de sa torpeur, et sans même réfléchir, elle ouvre la fenêtre et utilise la magie pour faire brûler le dessin au dehors. Au moment où elle referme les vitres, la porte de sa chambre s’ouvre, et son mentor entre, suivi d’une gamine, un peu plus jeune que Clara, aux cheveux violets, et aux yeux verts avec des fentes verticales. Elle rappelle à la rousse un personnage de bande dessiné dont la fillette ne se rappelle plus le nom. Son mentor observe la rousse avec un regard méfiant, avant de finalement se relâcher : « Clara, ma petite, j’ai un cadeau d’anniversaire pour toi. Voici ta petite sœur, Pia. Soit gentille et explique lui ce qui est attendue d’elle, veux-tu ? Je dois parler à mes associés brièvement mais après ça nous irons nous entraîner tous les trois. ». Il quitte la pièce brutalement, et Clara hésite un moment avant de se rapprocher de l’autre fille, visiblement apeurée : « Hey Pia. Ne t’inquiète pas, si tu es sage, que tu lui obéis et que tu n’attires pas l’attention, tout ira bien. ». En tout cas c’est ce qu’espère la jeune rousse. En tout cas cette année son cadeau d’anniversaire semble un peu mieux que les coups de canne de l’année précédente.


2 mai 2003
La rousse tient sa petite sœur dans ses bras alors qu’elles écoutent à travers le panneau de bois. De l’autre côté leur mentor est au téléphone, en communication avec ses associés. Il se félicite de l’extermination de familles néphilims à Alicante et de la chute de l’Enclave. Clara, elle a envie de vomir : elle sait que tous ces êtres, qu’ils aient été bons ou mauvais sont mort en partie à cause des visions que le sorcier à la cane lui a extirpé de force, la laissant le plus souvent vidée de ses forces pendant des jours. Même si ni elle ni Pia n’ont directement combattu, elles y ont quand même participé, la rousse à travers ses prémonitions, la plus jeune par l’invocation de démons que leur maitre lui a forcé à faire. Il n’y a pas grand-chose qu’elles peuvent faire. Quand bien même elles ne sont pas prisonnières, et qu’elles vont à l’école pour ne pas attirer l’attention des autorités humaines, elles savent qu’elles ne peuvent ni s’échapper, ni désobéir. Pourtant elles rêvent toutes deux d’un jour où elles seraient libres, et toutes deux travaillent activement à apprendre sorts et potions qui pourraient leur permettre de réaliser ce rêve. En attendant, elles font profil bas, pour ne pas attirer l’attention du sorcier plus âgé.


19 juin 2005
Le bus qui affiche la direction de Milan est à moitié rempli et c’est à peine si quelques regards sont jetés aux deux jeunes filles qui montent. Elles présentent une autorisation parentale au chauffeur qui regardent à peine et leur fait signe d’y aller. Elles se dépêchent de s’asseoir tout à l’arrière avec leurs sacs de sports remplis. Il est tard et la plupart des passagers dorment. Lorsqu’elles sont sûres que personne ne les regarde une bonne demi-heure après le départ, la plus jeune s’accroupit et murmure quelques mots, sa voix couverte pas le bruit du moteur. Un portail s’ouvre, comme prévu par les deux sorcières. Si les portails étaient quelque chose que Clara ne maitrise pas, Pia elle a bien potassé le sujet, et pour cause, quand elle a découvert que la mutante des comics à laquelle elle ressemble avait le pouvoir d’ouvrir des portails, le plus jeune a décrété que c’était ce en quoi elle voulait se spécialiser. Clara n’hésite pas et elle passe à travers le passage, suivie de peu par sa cadette. Elles se retrouvent dans un quartier malfamé de Rome. Il ne faut que quelques minutes pour que des types balafrés s’approchent d’elles l’air menaçant. Il faut encore moins de temps à Clara pour faire apparaitre du feu dans sa main et pour qu’ils repartent se chercher d’autres victimes. Très vite les jeunes filles trouvent un squat délabré mais à l’abri de la pluie. Désormais les jeunes filles allaient devoir se cacher, cacher leur identité pour ne pas se faire rattraper. Mais elles ont un plan aussi : espionner leur ex-mentor, découvrir tout ce qu’elles peuvent sur lui et ses associés, et ainsi trouver un moyen d’être libres d’eux. Le seul regret que pourrait avoir Clara face à cette soudaine liberté, c’est qu’elle ne pourrait plus aller observer discrètement Morgan : sauf qu’à force de se mettre dans les ennuis, il a fini en maison de correction il y a deux ans, et de toute façon Clara n’aurait pas pu aller le voir là-bas.  


30 mars 2006
Avec son t-shirt au logo du magasin et son grand sourire, les clients de la superette devine tout de suite qu’elle est nouvelle. Mais Clara s’en fiche : elle a enfin un travail légal. Certes les papiers qu’elle a utilisés pour l’avoir sont illégaux, mais contrairement à Pia qui semble être faite pour faire affaire avec les mafieux, dealers et autres types peu recommandables qu’on trouve dans les bas-fonds, la rousse, elle, se réjouit d’avoir un travail normal, de pouvoir se fondre dans la masse. A défaut d’autre chose, ça leur fait une rentrée d’argent régulière et stable. Puis Clara est heureuse de cette distraction, de ces moments où elle n’est pas en train d’apprendre la magie pour pouvoir continuer à s’en sortir, et où elle n’est pas en train d’espionner leur ancien mentor et ses associés.


25 juillet 2008
Rome est sens dessus-dessous, avec les néphilims se réunissant dans la ville pour faire front aux créatures magiques. Pia et Clara doivent faire encore plus attention que d’habitude, pour ne pas finir sous les feux croisés. L’avantage toutefois c’est que cette histoire fait sortir leurs cibles de leur cachette, leur mentor et cie voulant faire couler le sang néphilim. Les deux jeunes femmes en apprennent donc beaucoup sur Erwan Foster, alias le sorcier à la cane ou encore leur ex-mentor, et certains de ses amis. La rousse, elle, s’inquiète pour Morgan qui a rejoint la mafia. Comme si ses activités de voleurs ne suffisent pas, il est désormais associé à d’autres malfaiteurs en tout genre qui risquent de l’envoyer en prison à tout moment. Mais il n’y a rien qu’elle puisse faire, elle n’ose pas approcher le jeune homme de peur d’attirer Foster à lui et de le mettre en danger.


11 avril 2011
La rousse est caché dans un recoin, cachée aussi bien par un sort que par les ténèbres de la nuit. De l’autre côté de la rue, elle observe le blond, en pleine discussion avec un autre homme, au moins aussi peu fréquentable. La jeune femme ne peut s’empêcher de regretter de ne pas avoir eu l’occasion de garder Morgan sur le droit chemin – si un jour elle a eu ce pouvoir, ce dont elle doute. Mais ce qui lui fait le plus mal au cœur, c’est la façon dont le jeune homme regarde les créatures obscures qu’ils croisent. Même s’il ne dit rien, il est évident qu’ils les détestent. Est-ce qu’il la détesterait elle aussi, s’il savait ? Elle préfère l’ignorer, une raison supplémentaire de ne pas l’aborder. Et pourtant la voilà qui l’espionne, comme une adolescente qui stalke son crush. Son excuse principale pour ne pas l’approcher reste toujours la même : elle craint qu’il ne devienne un dommage collatéral dans les plans qu’ont Foster et ses associés. Pia et elle continuent leurs recherches, continuent à améliorer leur magie, continuent à se cacher dans les quartiers malfamés en vendant leurs talents de sorcières et en faisant des petits boulots qu’elles dégotent grâce à des fausses identités. Toujours le même motto pour les deux jeunes femmes : faire profil bas.


29 août 2014
Si Clara a toujours pensé que les tensions étaient fortes à Rome, elle n’avait pas imaginé qu’elles puissent exploser de la sorte. Et pourtant on dirait que chaque recoin de la ville est sur le point de se transformer en champ de bataille. Que ce soit entre les créatures obscures et les néphilims, les créatures obscures et les humains, ou même les créatures obscures entre elles. Une situation qui arrange bien Erwan Foster et ses compagnons d’arme. Clara et Pia, elles essaient de ne pas se retrouver au milieu des rixes. Elles ont même temporairement arrêté leurs activités de sorcières pour ne pas attirer l’attention, se contentant d’utiliser leurs pouvoirs que pour espionner leur ancien mentor.  


14 juin 2016
Finalement la rousse a craqué : maintenant qu’elle et Pia connaissent très bien les allées et venues de Foster et des siens, Clara a décidé qu’elle pouvait se permettre de revoir Morgan, en face à face cette fois. Mais pas à Rome non, elle préfère demander à Pia de lui ouvrir un Portail pour Venise, ce devrait être assez éloigné. Elle s’est habillé de rouge, une couleur qu’elle affectionne mais qui attire encore plus l’attention sur elle – comme si sa chevelure ne suffisait pas. Mais pour une fois elle se l’est permis, parce que ces quelques heures sont une parenthèse dans sa vie a-t-elle décidé, et que même si ce n’est que qu’un court moment dans sa vie qui promet d’être longue – ou pas d’ailleurs, vu qu’elle a des ennemis puissants – elle veut le vivre de manière aussi insouciante que possible. Quand il s’est approché d’elle, près de la fontaine, elle a senti son cœur bondir. Pour une fois, il la voit comme elle-même le voit. Elle lui sourit donc, et partage leurs vies autant qu’ils le peuvent pendant les heures qui les réunissent. Tous deux cachent des choses, lui une partie de ses activités, même si elle est parfaitement au courant, et elle lui cache sa nature, une partie de son histoire. Elle ne lui cache pas qu’elle n’a pas eu une vie facile après l’orphelinat, sa famille ne l’ayant adopté que pour des raisons financières, et qu’elle s’est débrouillée jeune par ses propres moyens. Malgré tout ce qui les sépare, la rousse sent tout de même que leur connexion est encore là. Le contact prolongé de ses mains sur les avant-bras du blond lui permet aussi de voir des choses dans son avenir, des images flous, mais qui lui rappellent des rêves prémonitoires qu’elle a eu enfant. Voilà pourquoi elle aborde la dernière discussion qu’ils ont eu, sur le karma, et sur leur avenir. Une conversation qui rapproche Morgan trop dangereusement près de la vérité. Et même si elle rêve de tout lui dire, elle sait que pour le protéger, elle ne peut rien dire, alors elle le quitte en coupant court à ses interrogations, avec une bise pour lui faire comprendre que tout ira bien.


19 juillet 2018
Un charme la cache, bien plus que l’ombre de l’arbre sous lequel elle se trouve. C’est stupide de sa part de se trouver là en même temps que lui, alors que Morgan dépose un bouquet sur la tombe porte son nom à elle. Elle s’est longtemps demandé s’il viendrait. Il a loupé son enterrement ceci dit, mais le voilà, et ça lui réchauffe le cœur, un cœur bien abîmé par l’épidémie. Même si elle n’a pas été touchée, comme le laisse entendre son acte de décès. Mais Pia oui, sa petite sœur de cœur que la Malattia della morte a emporté. Elle est d’ailleurs enterrée dans une tombe toute proche de celle qui porte son nom. Clara n’a pas pu l’enterrer à Rome, par précaution, et Venise lui a semblé un bon endroit, c’est le seul où la rousse a de plutôt bons souvenirs après tout. Elle s’en veut de faire croire à Morgan qu’elle est morte, mais c’est plus sûr, pour elle, pour lui. Déjà qu’elle ne peut guère le protéger des ennuis dans lequel ses activités, que ce soit les vols, la mafia ou celles liées au Convenuti Della Luce. Et même si l’épidémie a également mis fin aux jours d’Erwan Foster et d’une partie de ses associés, Clara n’est pas sûre d’être en sécurité. En fait, sans Erwan pour la mener vers les autres membres de son groupe, il ne lui reste plus beaucoup de pistes pour retrouver les autres – et être sûre d’être libre. Peut-être que cela veut aussi dire que les associés de Foster se fiche bien de la retrouver. Peut-être qu’elle se fait des films. Mais c’est l’excès de prudence qui lui a permis de survivre, alors elle compte continuer ainsi jusqu’à ce qu’elle soit certaine d’être libéré de son passée.


29 octobre 2018
Un sourire sur les lèvres, la rousse s’installe derrière un bureau. De nouveaux papiers – faux papiers – indiquent qu’elle s’appelle Clara Giandova. Si le directeur de l’association se doute que c’est un faux nom, il ne dit rien. Clara joue suffisamment bien la comédie pour laisser entendre qu’elle a un ex-mari violent mais avec du pouvoir. Et comme il s’agit d’une association qui aide les femmes et enfants battus, il n’a pas fallu grand-chose de plus pour qu’elle y soit employée comme secrétaire tout en se faisant payer en liquide. Elle ne sait pas combien de temps elle pourra rester, mais à défaut d’autre chose, elle sait qu’elle va aimer son nouveau travail. Elle a toujours rêvé d’aider les autres, et elle espère aider tous les futurs petits Pia, Clara et Morgan que compte la ville. Pieux rêve, certes, mais le simple fait qu’elle s’en rapproche montre que l’influence de son passé commence à se défaire. Au moins en partie, même si pas assez pour qu’elle dévoile la supercherie à l’être auquel elle tient le plus, et qui la croit morte.